Lorsqu’on pense aux animaux les plus redoutables pour l’homme, on imagine souvent des prédateurs comme les requins ou les tigres. Pourtant, une nouvelle étude bouleverse ces idées reçues en établissant un classement scientifique basé sur des critères quantifiables. L’échelle de Crespo, du nom de son créateur David Duarte Crespo, propose une hiérarchie des espèces les plus dangereuses en fonction de leur probabilité de rencontre et de leur taux de mortalité.
Contrairement aux classements traditionnels, souvent fondés sur des notions subjectives telles que l’agressivité ou la force physique d’un animal, l’échelle de Crespo adopte une approche plus rigoureuse. Deux critères principaux sont pris en compte : la taille de la population de l’espèce dans une région donnée, qui influe sur la probabilité de rencontre, ainsi que le taux de mortalité, calculé en divisant la population mondiale par le nombre maximal de décès causés chaque année. Ce système permet ensuite d’attribuer un degré de danger à chaque espèce, allant de 1 (« Très peu probable ») à 5 (« Très probable »). Grâce à cette méthodologie, l’étude, publiée dans l’Asian Journal of Research in Zoology, révèle un classement qui réserve bien des surprises. Contre toute attente, ni les requins, ni les lions, ni les araignées venimeuses ne figurent parmi les espèces les plus dangereuses. Les résultats mettent en évidence un top 4 aussi surprenant que mortel. En première place, le moustique (Anopheles gambiae), principal vecteur du paludisme, est classé en catégorie 5 dans des pays comme le Nigeria et en catégorie 4 au Mozambique. Cet insecte cause chaque année entre 725 000 et 1 million de décès, faisant de lui l’animal le plus meurtrier pour l’homme. En seconde position se trouve la vipère de Russell (Daboia russelii), l’un des rares animaux non parasites à figurer en catégorie élevée. Très répandu en Asie du Sud, ce serpent venimeux est responsable d’un grand nombre de décès chaque année. En troisième place viennent les douves du sang (Schistosoma), parasites responsables de la bilharziose, une maladie touchant des millions de personnes dans les régions tropicales et subtropicales, provoquant de graves complications de santé et parfois la mort. Enfin, en quatrième position, on retrouve les chiens errants, classés parmi les animaux les plus dangereux en raison de leur rôle dans la transmission de la rage. Dans de nombreux pays en développement, ils constituent une menace sanitaire majeure. Ce classement remet en question l’image des animaux que l’on considère habituellement comme les plus dangereux. En effet, ce ne sont pas les fauves ou les grands prédateurs qui représentent le plus grand risque, mais bien des espèces discrètes et souvent sous-estimées. Le moustique, en particulier, surpasse même l’homme en termes de dangerosité, puisque les homicides humains font environ 431 000 victimes par an, un chiffre bien inférieur aux décès causés par cet insecte. En changeant notre perception du danger animalier, cette nouvelle classification met en lumière la nécessité de repenser les mesures de prévention face aux véritables menaces pesant sur l’humanité.






