286 migrants algériens ont été secourus par les garde-côtes au large de la Méditerranée. Au-delà de cet acte salutaire, il convient de se poser la question de savoir pourquoi autant de personnes partent-ils à l’aventure au risque de perdre la vie ? Car ce sont ni les premiers ni les derniers hélas à s’embarquer sur des felouques de fortune dans le but de trouver une vie meilleure. Mais alors qu’a-t-elle de si rebutant la vie d’ici pour pousser autant de jeunes -et de moins jeunes puisqu’il y a même des sexagénaires parmi les partants- à s’exiler ? Ce n’est sûrement pas la recherche d’emploi car en Algérie, on arrive bon gré mal gré à se débrouiller que ce soit dans le secteur formel ou informel et on ne meurt pas de faim dans notre pays. Mais alors pourquoi bravent-ils les vagues et la noyade ? Pour une qualité de vie meilleure, disent-ils. Ce qui signifie qu’ici la vie est morne et ne présente aucun attrait ? Il faut dire que la jeunesse manque terriblement de loisirs et à l’âge où l’on vit sa vie à plein régime, aucune perspective ne pointe à l’horizon. C’est que la société subit comme une chape de plomb agrémentée de morale qui invite voire oblige le jeune à faire abstinence de ces choses tout à fait normales que sont la musique et le reste. La politique des loisirs totalement absente a fait que les autorités se sont attelées à régler le problème épineux du logement et s’il faut reconnaître l’effort gigantesque consenti dans le domaine, il faut aussi noter l’impasse faite sur ce qu’on appelle «les espaces-vie». Nous avons, à travers le territoire national, construit de nombreux ensembles immobiliers, appelés «nouvelles villes», mais en réalité des cités-dortoirs où, hormis les commerces de proximité, il n’existe aucun espace culturel ni sportif pour une population majoritairement jeune. Effectivement dans une société gagnée par une religiosité ostentatoire où l’on doit étaler sa foi, une société marquée par les interdits, le jeune ne demande qu’à vivre, convaincu que de l’autre côté de la mer, il y a beaucoup plus de libertés.