Le service public malmené

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Les commerces étaient  fermés et il fallait galérer pour avoir une baguette de pain ou le moindre service chez une épicerie. Très difficile de trouver un commerce de proximité ouvert et les cités et quartiers avaient l’air bien morne en cet Aïd caniculaire où trouver de l’eau minérale relevait d’une gageaure. Pourtant à lire les nombreux communiqués de presse, les commerçants ont été clairement instruits de l’ouverture de leurs échoppes. Et très peu d’entre eux ont respecté la règle. Parce que c’est la mentalité générale qui l’exige, la culture ambiante qui veut que la notion de service public soit bafouée à tous les niveaux, toutes les strates de la société. N’importe quel prestataire de service affiche de l’indifférence voire un mépris manifeste à l’endroit de l’usager et du consommateur. Cela va de l’administration où de nombreux fonctionnaires du service public ne cachent pas le peu de considération qu’ils manifestent à l’égard du citoyen, au taxi qui fait la loi et choisit sa direction (unique dans les annales), en passant par les commerçants qui fonctionnent comme ils veulent. A l’instar de cet épicier ouvert et qui a refusé de vendre de l’eau à un client assoiffé parce que c’était l’heure de la prière du vendredi et que tout négoce était formellement interdit ! Voilà où nous en sommes arrivés, à ce bigotisme de bas étage prôné par des incultes qui croient accomplir une bonne action en laissant un homme assoiffé attendre la fin de la prière. Tout esprit critique a disparu et cet Ijtihad propre à la religion musulmane a cédé la place à une conception moutonnière, suiviste et rébarbative de la foi. Pourtant l’islam recommande vivement cet esprit de sacrifice pour ses coreligionnaires en ouvrant boutique le jour de l’Aïd et en étant disponibles. Mais qui s’en soucie par ces temps paradoxaux à forte teneur en religiosité marqués par un individualisme manifeste.