Le Sahara occidental: «Actualités d’une question ancienne» 27 mai en France

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Un colloque international sur le Sahara occidental à Amiens le 27 mai prochain en FranceIntitulé « Le Sahara occidental : Actualités d’une question ancienne », fait l’objet d’un colloque pluridisciplinaire qui sera organisé par l’Université Picardie Jules-Verne avec la participation  des universitaires de renommée internationale, spécialistes en droit, relations internationales, histoire, politique et anthropologie.

Selon un programme provisoire dont la presse a obtenu une copie des organisateurs, plusieurs table-rondes sont prévues. La première sera consacré à la notion du territoire au cours de laquelle les participants examineront l’approche coloniale du territoire, l’approche marocaine du territoire en tant que puissance occupante, l’approche juridique de la notion du territoire et l’intérêt économique du territoire du Sahara Occidental.

Les participants auront à analyser la question de « Quel gouvernement pour le Sahara Occidental ? » en examinant notamment  l’approche juridique croisée internationale et constitutionnelle de la notion de gouvernement, le Sahara Occidental dans le contexte maghrébin et l’effet en France des actes et décisions de la République arabe sahraouie démocratique (RASD).

Le deuxième jour du colloque sera consacré à la population du Sahara Occidental sous les aspects de l’histoire de la notion de la nationalité et les changements sociaux affectant une partie de la population qui est refugiée.

Les universitaires participants à ce colloque se pencheront également sur le rôle de la diaspora  sahraouie et ses soutiens et l’action de la société civile auprès des institutions européennes.

Les prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik n’ont pas été omis puisque l’avocate Olfa Ouled fera le point sur leur situation et leur défense.

En dernière instance, la question du Sahara Occidental sera examinée au plan des institutions internationales pour se pencher sur leur rôle dans la solution du conflit. Ainsi, le colloque propose de la revisiter auprès des Nations unies, à l’Union africaine et à l’Union européenne.

Ce dernier point fera l’objet d’une table-ronde pour étudier l’avenir de la question du Sahara Occidental au sein de cette institution qui accorde au Maroc des contrats commerciaux concernant les territoires occupés du Sahara Occidental, alors que la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a clairement souligné dans deux arrêtés que le Maroc et le Sahara Occidental sont deux territoires distincts et que toute transaction commerciale concernant le territoire du Sahara occidental doit être négocier avec le Front Polisario.

C’est ainsi que le colloque a prévu de faire le point sur la position de la Commission européenne dans le contentieux de la CJUE et d’étudier les rapports de force et enjeux au Parlement européen.

Plusieurs professeurs de grandes universités interviendront à ce colloque, dont on peut citer l’historien Pierre Vermeren (Université Paris I – Panthéon Sorbonne), l’Algérien Yahia Zoubir (Kedge Business School), la conseillère scientifique du colloque Marjorie Beulay (Université Picardie Jules Verne) et Francesco Bastagli (ancien Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Sahara Occidental et Chef de la MINURSO).

Pedro Sanchez saisi sur la question du Sahara occidental

Le Comité de coordination des associations  espagnoles de solidarité avec le Sahara occidental (CEAS-Sahara) a adressé une lettre au futur gouvernement espagnol dans laquelle il invite le chef du prochain exécutif, Pedro Sanchez, à s’engager davantage en faveur de la décolonisation du Sahara occidental, soulignant que « l’Etat espagnol est responsable historiquement et juridiquement du conflit sahraoui ».

Dans cette lettre ouverte publiée mardi sur les colonnes de la presse espagnole, le CEAS-Sahara a appelé le prochain gouvernement de travailler activement dans le cadre des résolutions des Nations unies en faveur de la décolonisation du Sahara occidental dans le cadre de l’organisation d’un référendum prévoyant le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.

La lettre ouverte adressée à Pedro Sanchez intervient après les résultats des élections législatives anticipées organisées les 28 avril en Espagne et remportées par son Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), avec 28,7 % des voix et 123 sièges au Congrès des députés (chambre basse).

Dans le programme électoral du PSOE, publié le 15 avril, le parti a affirmé à travers la section consacrée à la Méditerranée et au Moyen-Orient, qu’il va promouvoir la solution du conflit du Sahara occidental à travers la mise en œuvre des résolutions des Nations unies, qui garantissent le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.

Le PSOE s’est engagé également à travailler pour parvenir à une « résolution de conflit juste, définitive, mutuellement acceptable et respectueuse du principe d’autodétermination du peuple sahraoui, ainsi que pour promouvoir le contrôle des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés ».

Les associations espagnoles d’amitié et de solidarité avec le peuple sahraoui, regroupées au sein du Comité, ont insisté à l’occasion, à ce que « le gouvernement espagnol précise clairement sa responsabilité politique, juridique et historique dans le conflit sahraoui », ajoutant que les engagements exprimés par le PSOE dans son programme électoral doivent être « respectés et concrétisés ».

« L’Etat espagnol a abandonné le peuple sahraoui sans conclure le processus de décolonisation que nous avions engagé et sans respecter son droit à l’autodétermination en raison du chantage qu’implique le Maroc à travers sa « Marche verte ». Cependant, notre responsabilité persiste dans la situation actuelle et, conformément au droit international, après 43 ans, nous continuons d’être le pouvoir administrateur de jure », a dénoncé le Comité des associations espagnoles dans sa missive.

Le CEAS-Sahara a souligné, en outre, qu’il est « temps de changer la politique espagnole vis-à-vis du Sahara occidental, d’abandonner une fausse neutralité et de travailler de manière active et unie pour une politique digne ».

Dans ce contexte, il a invité le nouveau gouvernement à « s’engager activement dans le cadre de l’ONU et de l’Union européenne en faveur de la réalisation d’un référendum d’autodétermination garantissant l’expression libre et authentique de la volonté du peuple sahraoui ». (SPS)

 

La répression marocaine contre les militants Sahraouis dans les  territoires occupés

Les autorités marocaines se servent d’une loi visant à prévenir l’usurpation de fonction pour attaquer pénalement ceux qui tentent de dénoncer des violations des droits humains, a dénoncé jeudi Human Rights Watch (HRW).

Dans la dernière affaire en date, Nezha Khalidi, affiliée au groupe d’activistes Equipe Media à Laayoune au Sahara occidental, sera jugée le 20 mai, après avoir été accusée de ne pas remplir les conditions requises pour affirmer être journaliste.

La police l’a arrêtée le 4 décembre 2018, alors qu’elle diffusait, en direct sur Facebook, une scène de rue au Sahara occidental occupé tout en dénonçant la « répression marocaine ». Elle risque deux ans de prison, selon l’ONG américaine.

Nezha Khalidi a été libérée après quatre heures de détention, mais la police lui a confisqué le smartphone sur lequel elle avait filmé et enregistré une scène de rue, qui s’est terminée par un policier la pourchassant.

Khalidi avait également été arrêtée en 2016, alors qu’elle couvrait une manifestation de femmes à Laayoune, dans les territoires occupés, pour le compte d’Equipe Media, un collectif de militants qui adhèrent ouvertement à la cause de l’autodétermination du Sahara occidental.

« Rabat considère le territoire comme ‘marocain’ et refuse tout référendum d’autodétermination qui offrirait l’indépendance pour option. La communauté internationale ne reconnaît pas l’annexion de facto du Sahara occidental par le Maroc », rappelle à ce titre l’ONG.

Eric Goldstein, Directeur adjoint Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch soutient que  » ceux qui s’expriment pacifiquement ne devraient jamais craindre la prison pour avoir (prétendu) être des journalistes ».

L’article 381 du code pénal marocain interdit à quiconque, sans remplir les conditions exigées pour le porter, de faire usage ou de se réclamer « d’un titre attaché à une profession légalement réglementée (…) ou d’une qualité dont les conditions d’attribution sont fixées par l’autorité publique » et punit les contrevenants d’une peine d’emprisonnement de trois mois à deux ans.

« Cet article quand il est invoqué pour restreindre le journalisme, est incompatible avec l’obligation du Maroc de respecter le droit garanti par le droit international relatif aux droits humains de rechercher, recevoir et communiquer informations et idées », affirme HRW.

L’ONG appelle le parlement marocain à amender cet article pour exclure le journalisme de son champ d’application et garantir le droit de communiquer librement.

Dans une autre affaire, en avril 2019, la Cour d’appel de Casablanca a confirmé la condamnation d’au moins deux journalistes pour usurpation du titre de journaliste (entre autres chefs d’accusation).

La condamnation est intervenue après qu’ils aient diffusé des vidéos de manifestations dans la région du Rif, dans le nord du Maroc, a déclaré leur avocate Bouchra Rouissi à l’ONG américaine.

Le tribunal a condamné Mohamed El Asrihi, le directeur du site web d’informations Rif 24, et Fouad Essaidi, l’administrateur de la page Facebook Awar TV, respectivement à cinq ans et trois ans de prison.

El Asrihi et Essaidi n’avaient pas d’accréditations officielles en tant que journalistes ou une carte de presse et leurs plateformes n’étaient pas officiellement enregistrées.

Selon un document judiciaire consulté par HRW, El Asrihi était en train de demander une carte de presse et d’enregistrer son site Web lorsqu’il a été arrêté.Rouissi a déclaré que son arrestation était intervenue peu après avoir filmé une tentative d’arrestation de Nasser Zefzafi, leader du mouvement protestataire, en mai 2017.

 

                                                                                      Ahsene Saaid/ SPS