A voir cette longue chaîne de jeunes Algériens devant l’Institut français, désireux tous de faire des études en France, c’est à se demander à quoi a donc servi notre système éducatif maintes fois réformé. La photo montrant cette immense foule poireautant devant le portail de l’institution française, crée quelque part un malaise surtout qu’il s’agit de l’ancienne puissance coloniale. Certes, il y a indéniablement la langue, ce «butin de guerre» qui est restée, toujours pratiquée, mais cette foule désireuse de partir, c’est aussi l’échec de notre université qui n’a pas su offrir de sérieuses perspectives aux bacheliers. Au lieu de débats, de séminaires, de colloques portant sur des thèmes du moment. Compte tenu des nombreuses préoccupations de la société, des problèmes qui se posent, telles l’inflation, la planche à billets, la fin des hydrocarbures, la violence sociale, la drogue… L’université aurait pu largement s’impliquer et proposer même des pistes de solutions. Au lieu de cela, on s’attelle à s’occuper de la longueur des jupes et de la tenue vestimentaire des étudiantes qui doit être conforme aux préceptes de l’islam! Même le ministère en charge du culte n’a pas émis de tels oukases, lui qui a décidé d’assainir un peu le domaine cultuel en en extirpant toute forme et toute expression d’extrémisme. Or, c’est de l’extrémisme que de voir un agent de sécurité empêcher une enseignante d’entrer dans l’enceinte sous prétexte que sa jupe est trop courte. Passons sur les nombreux exemples d’atteinte à la liberté individuelle. C’est dire le profond malaise qui habite la société et particulièrement une jeunesse assoiffée de vivre son temps, confrontée aux nouveaux gardiens du temple. C’est dire aussi la nécessité impérative de réformer profondément notre système éducatif à tous les paliers. Quant à la société, il faut espérer qu’elle devienne un peu plus tolérante et facile à vivre. La fuite des cerveaux que subit l’Algérie est significative du malaise social : il y a 10 000 médecins qui exercent en France. Méditons…
