L’ARAV met en garde contre le discours religieux alimentant la haine et l’intolérance : Les chaînes privées rappelées à l’ordre

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Les chaînes de télévision privées ont été, encore une fois, rappelées à l’ordre par  l’Autorité de régulation de l’Audiovisuel (ARAV) qui leur a fait savoir hier qu’elles étaient tenues de respecter la loi et le cahier des charges régulant ce secteur.

L’ARAV a mis en garde, dans un communiqué, les chaînes de télévision, publiques et privées, contre la diffusion de programmes, de contenu religieux notamment, de nature à semer et alimenter toute forme de radicalisme, appelant ces médias à la vigilance pour bannir l’intolérance et la haine. Après avoir observé que le paysage audiovisuel dans le domaine religieux «donne à voir des dérives obscurantistes, à entendre des discours dont la violence incite à l’instabilité, à la discorde et à la fracture sociales, ce qui représente un réel danger pour notre pays», l’ARAV note qu’il arrive trop souvent que ce discours «s’accompagne de fatwas décrétées par des prédicateurs autoproclamés, sans formation adaptée à leur action et à leur responsabilité, souvent mal intentionnés, parfois instrumentalisés». L’Autorité relève, à cet égard, que conformément à ses missions, elle a jugé utile d’initier, ces dernières semaines, des rencontres avec les responsables des plus hautes institutions du pays, ayant une autorité incontestable dans le domaine de la spiritualité et de la religion, en l’occurrence le président du Haut Conseil islamique et le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, ainsi que d’autres personnalités religieuses. Au terme de ces rencontres, l’ARAV a mis en place à son niveau une plateforme de réflexion qui lui a permis de dégager un ensemble de principes directeurs, à même de faire valoir cette volonté commune de défense d’un islam en harmonie avec notre histoire et notre culture, au nom de la cohésion sociale et de l’unité nationale. Ce sont ces principes, note-t-elle, qui animeront les actions de l’ARAV dans le cadre de la loi, en accord avec ses missions légitimes en matière de régulation du secteur de l’audiovisuel, et dans le respect du droit imprescriptible à la liberté d’expression. L’ARAV avait tenu en septembre dernier sa première réunion présidée par son président Zouaoui Benhamadi et consacrée à l’examen de son plan d’action. L’ARAV prévue par la loi relative à l’activité audiovisuelle adoptée par le Parlement en 2014 pour réguler le champ audiovisuel en Algérie et consolider la mission du service public, a été installée le 20 juin dernier par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Cette autorité indépendante assumera ses prérogatives à la fois en tant que garant et gardien de la liberté d’exercice de la profession.

L’ARAV est composée de 9 membres nommés par décret présidentiel : cinq membres dont le président sont désignés par le président de la République, deux membres non parlementaires proposés par le président du Conseil de la nation et deux membres non-parlementaires proposés par le président de l’Assemblée populaire nationale. Lors de l’installation de cette instance, le Premier ministre avait affirmé qu’elle constituait une «étape importante» dans l’organisation et le développement du paysage médiatique national. Relevant que l’Algérie «bouge et change de façon constante et dans tous les domaines sous la direction du président de la République, Abdelaziz Bouteflika», le Premier ministre a estimé que «cette évolution positive est accompagnée d’une volonté politique forte et sincère d’ouverture des champs médiatique et audiovisuel». A l’adresse des membres de l’ARAV, il leur a indiqué qu’en «vous confiant vos nouvelles missions, le chef de l’Etat marque sa confiance en vos qualités humaines et professionnelles», exhortant ainsi ces membres à «être à la hauteur de cette lourde responsabilité et de ce formidable challenge». A. Sellal a noté que l’Autorité de régulation de l’audiovisuel est un organe indépendant dont l’action n’est encadrée que par les seules dispositions de la loi.  Il a ajouté que le gouvernement attendait des membres de l’ARAV «une action volontariste pour veiller au libre exercice de l’activité audiovisuelle, à l’impartialité, à l’objectivité, à la transparence, à la promotion des langues nationales et au respect des valeurs et des principes de la société algérienne, car c’est bien de cela qu’il s’agit. Notre pays s’appelle l’Algérie. Il a une histoire, une religion, des langues nationales et des valeurs morales», a relevé Sellal, précisant que «les télévisions et les radios qui se disent algériennes ont la responsabilité morale plus que légale d’œuvrer pour la consolidation et la promotion de l’unité de la nation, de la cohésion de la société et des composantes de l’identité nationale». Il a promis également que le gouvernement et l’Autorité de régulation, chacun dans un champ de compétences, «soutiendront et seront aux côtés des médias qui s’inscriront dans cette démarche vertueuse, dans le respect de la loi et de la liberté d’information et d’expression».  Sellal a précisé que «cette même loi sera strictement appliquée pour protéger les droits des journalistes et des artistes qui travaillent ou travailleront dans ce domaine, veiller au respect de la législation et de la réglementation en vigueur et sévir en cas d’atteinte à la mémoire collective, au référent religieux, à l’identité nationale ou à la cohésion de la société algérienne». Il a averti, à ce propos, que les actes de diffamation, de chantage et d’appel à la violence et à la fitna « seront fermement combattus et sanctionnés».

T.B.