L’Algérie acteur de stabilité de la  région méditerranéenne et africaine , face aux tensions géostratégique,  a besoin de la cohésion sociale et  d’un large front national, facteur de la reconstruction nationale

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Dr Abderrahmane MEBTOUL, Professeur des universités, expert international

Les objectifs stratégiques sont  le renforcement et la modernisation de l’Etat à travers une réelle décentralisation autour de grands pôles économiques régionaux où la révision du code communal et de wilaya doit s’inscrire dans   une véritable décentralisation, fondement du développement et d’un espace équilibré et solidaire, condition de  la poursuite du développement économique, social et culturel à la mesure de nos ambitions nationales.( voir la revue du MDN -El Djeich- numéro 708 , juillet 2022, 60 ans  -1962/2022- de réalisations , l’ANP garante de  la souveraineté nationale). C’est que face  aux tensions  géostratégiques externes et aux tensions  internes, où le monde ne sera plus jamais comme avant, l’accélération des réformes politiques, économiques, culturelles  et sociales solidaires, facteur du développement durable ,  tenant compte de notre riche anthropologie culturelle,  impliquent une lutte contre la bureaucratie et la corruption  et  un large front national anti crise cimenté par  la nécessaire cohésion sociale fondement de la reconstruction nationale .Cette présente contribution est une synthèse de mes différentes contributions parues au niveau national et international entre 1974 et 2022, synthétisé dans le programme de l’Association Nationale de Développement  de l’Économie  de Marché ADEM   dont je fus le  président de 1992 à 2016  (agrément ministère intérieur 63/92) et ayant réuni des centaines  d’intellectuels , de cadres ,  d’opérateurs publics et privés de toutes les régions du pays, programme en arabe, anglais, français largement diffusé au niveau national   et international.

1.- Réconcilier les Algériens  dans le cadre de la reconstruction nationale  ne saurait concerner, des crimes abjectes ,  des faits  graves de corruption  et  des actes d‘atteinte à la souveraineté nationale,  ce qui démobiliserait les citoyens et renforcerait le sentiment d’ injustice,  mais c’est œuvrer pour éteindre tous les feux allumés par ceux qui travaillent contre l’unité nationale, et dans le dessein de déchirer les liens qui lient les Algériens entre eux et qui veulent les mener vers l’aventure. L’objectif est  de réconcilier les Algériens avec leur histoire et leur culture millénaire, nourries à nos racines amazighes et à notre fond arabo- musulman ; c’est bâtir un Etat fort, fondé sur la justice et le respect des droits humains ; c’est réunir dans un même projet moderniste toutes les sensibilités en n‘oubliant  jamais la diaspora , qui ont en commun l’amour de la patrie et le souci de l’avenir de nos enfants afin de faire de l’Algérie un partenaire majeur sur la scène régionale  et un pays écouté et respecté dans les arènes internationales où se décide le sort du monde. Face aux tensions géostratégiques externes et aux tensions internes  où le monde en général traverse  une crise économique et une crise morale, l’Algérie sans chauvinisme en a les potentialités, devant rétablir la vertu du travail créateur, loin  des logiques rentières populistes dévastatrices, cimenté par un  large  front national solide. Le Contrat social qui constitue justement un pacte pour la réussite de la transition  concerne  l’ensemble des segments de la société.  L’aspect sécuritaire s’étant nettement amélioré  grâce  aux efforts de l’ANP et des forces de sécurité, la société algérienne se trouve naturellement confrontée à deux tendances lourdes, avec au milieu une majorité «le marais», qui ne comprend pas les enjeux qui seront entre 2022/2028/2030 essentiellement économiques et culturels, les acteurs défavorables et les acteurs favorables aux réformes.  D’où l’importance des dossiers éminemment politiques comme celui des hydrocarbures, lieu de la production de la rente, du système financier, lieu de distribution de la rente, et celui du partenariat-public/privé , couplé avec celui d’un système socio-éducatif performant, lieu de la production de la plus-value, qui en dynamique engendrera de nouvelles forces sociales, soit rétrogrades , soit porteuses de progrès si l’on instaure une totale transparence pour une économie de marché véritablement concurrentielle productive, loin de tout monopole qu’il soit public ou privé . Car la contrainte du financement interne et externe reste posée malgré la baisse du stock et du principal de la dette et de l’importance des réserves de change. Des dysfonctionnements ralentissent l’attrait de l’investissement national et direct étranger, incontournable pour bouleverser les comportements bureaucratiques rentiers, combler le déficit d’épargne et permettre la relance économique.

 2.- Car tout processus de développement étant forcément porté par des forces sociales, l’objectif stratégique est  le développement afin d’atténuer la pauvreté et le chômage.  D’où l’importance de l’émergence de forces sociales réformistes pour favoriser le développement  conciliant l’efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale,  impliquant l’ensemble des acteurs économiques, politiques et sociaux avec un rôle important à   l’Etat régulateur.  Les réformes, au-delà des résistances naturelles des tenants de la rente, reposant sur la concertation sociale et le dialogue en réhabilitant le capital humain, en cette ère du XXIe siècle, ère du savoir basée sur les nouvelles technologies, sont la base du développement.. Au diktat doit se  substituer la concertation et le dialogue permanent entre les différents acteurs concernés par les opérations des réformes, en évitant à tout prix la segmentation et la centralisation des décisions, produit de toute démarche bureaucratique autoritaire néfaste.  Il s’ensuit l’urgence d’avoir des objectifs politiques précis et une cohérence dans les actions pilotées par des structures politiques, techniques mais aussi sociales, comme la société civile et les organisations non gouvernementales, tissant ainsi des réseaux décentralisés. Ces structures, souples dans leur organisation et efficaces dans leurs actions, ont pour objectif des réalisations concrètes,  s’inscrivant dans le cadre d’une libéralisation à vocation sociale. Ces actions seraient un signe fort de la volonté politique de l’instauration de l’économie de marché et, par là, de l’adhésion tant des citoyens que de la communauté nationale et internationale à l’esprit des réformes. L’objectif essentiel est  la dynamisation de l’investissement productif qu’il soit public ou privé  et l’intégration de la sphère informelle marchande et productive,  avec la généralisation des titres de propriété. Cette dernière draine avec des données officielles contradictoires, reflet de l’effritement du système d’information,  entre 6000  et  10.000 milliards de dinars soit entre 33  et 45% de la masse monétaire en circulation et presque autant en termes d’occupation de la population active. Comme le note avec pertinence l’expert de renommée mondiale le docteur Hernando de Soto dans une contribution au sein d’un  ouvrage collectif sous ma direction ( Dhar El Gharb  2004), Il faut intégrer toutes les procédures, y compris celles du droit coutumier, existant et on   peut émettre l’hypothèse que c’est l’Etat qui est en retard par rapport à la société qui enfante des règles qui lui permettent de fonctionner. Car, quand l’Etat intègre cette sphère au moyen d’actions concrètes sécurisantes, sans actions coercitives, il commence à redonner confiance. C’est ce passage du droit spontané en l’adaptant que l’efficacité de l’Etat lui-même se trouve renforcée, permettant une économie plus citoyenne puisque ces milliers d’entrepreneurs dans la sphère informelle seront redevables de l’impôt et sont concernés par le devenir de la société ( voir étude sous la direction du professeur abderrahmane Mebtoul réalisée pour l’Institut Français des Relations Internationales IFRI Paris décembre 2013 les enjeux géostratégiques de la sphère informelle reproduit en octobre 2019 dans LA  revue Stratégie IMPED Ministère de la défense nationale) .

3.- . Le monde entre 2022/2030 étant à l’aube d’un profond bouleversement géostratégique, où le culturel sera dominant ce XXIème siècle modelant de  nouveaux comportements,  il  y a lieu de combattre et de démystifier cette vision de sinistrose que certains veulent propager vis-à-vis de l’Algérie , dans des buts d’intérêts personnels étroits, en voulant perpétuer la crise. Car , les  conditions de la réussite des réformes en Algérie sont contenues dans son environnement juridique, économique et politique. La démystification culturelle est importante et doit continuer, les rumeurs dévastatrices au sein de l’opinion n’étant que la traduction de la faiblesse du système de communication, surtout en Algérie où la voie orale est prédominante. Ainsi, il  y  urgence d’une collaboration étroite des partis politiques, des associations et, d’une manière générale, de toute la société civile, l’administration, dont les Ministères , les  walis, des entreprises publiques et privées, les collectifs des travailleurs, des syndicats, en aplanissant par le dialogue et la concertation pour aplanir les divergences.  Il  s’agira de concilier l’objectif stratégique au moyen de tactiques précises par une symbiose des intérêts individuels et l’intérêt collectif, en montrant que les gagnants des réformes à moyen terme seront plus nombreux que les perdants à court terme. Une communication intelligente et active est fondamentale pour faire aboutir les réformes. De ce fait,  dans le monde des affaires  n’existant pas de sentiments mais que des intérêts,  seules les réformes permettront la croissance économique et la réduction du lancinant problème du chômage et de la pauvreté. Tout obstacle à ces réformes ne fera  que diminuer le taux de croissance, accroissant l’insécurité du pays et, par-là, contribue à la déstabilisation sociale et politique , existant un lien dialectique entre sécurité et développement. ( voir l’ouvrage sous ma direction réunissant anthropologues, sociologues, économistes , politologues Edition Dar Gharb 2004 en arabe, anglais- français , les défis de l’Algérie, démocratie,  réformes  et économie de marché ainsi que l’ouvrage collectif Casbah Edition 2006) .

4.-Consciente des enjeux tant économiques que sécuritaires, supposant une communication intelligente de la part des responsables, ni autosatisfaction, ni sinistrose, la population algérienne peut dépasser   ses clivages, permettant une nouvelle dynamique de reconstruction nationale.  Par une solidarité sans faille, devant tenir compte des différentes sensibilités, l’unanimisme étant source de décadence, l’Algérie, qui en termes géostratégiques est un élément indispensable à la stabilité euro-méditerranéenne et  africaine  qui constitue son espace naturel, par une politique plus clairement affichée se traduisant par des actes, peut faire aboutir le processus des réformes inséparables d’une profonde démocratisation de la société. C’est que l’épidémie du coronavirus et les tensions en Ukraine préfigurent un bouleversement mondial, où le monde ne sera plus jamais comme avant, situation complexe et en perpétuelle mutation. La stratégie diplomatique et militaire de l’Algérie est guidée par des principes fondamentaux hérités de sa longue histoire de libération nationale : la mise en place d’un dispositif de sécurité aux frontières et la restructuration des forces armées et de sécurité ; l’amorce de processus bilatéraux de coopération avec les pays voisins ; le développement d’un processus multilatéral à travers l’initiative des pays de Champ ; la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats. Pour l’Algérie, l’objectif stratégique est de traduire en termes concrets ses potentialités économiques , pour être en mesure de relever avec succès les défis innombrables qui nous sont lancés par le monde moderne, étant à l’aube de la quatrième révolution économique mondiale fondée sur les nouvelles technologies et les défis de la transition numérique et énergétique. L’Algérie a toujours été au carrefour des échanges en Méditerranée et en Afrique. De Saint-Augustin à l’Émir Abdelkader, les apports de l’Algérie à la spiritualité, à la tolérance et à la culture universelle ne peuvent que nous prédisposer à être attentifs aux récentes fractures contemporaines. C’est pourquoi, je tiens à considérer que la stabilité de l’Algérie et la reconquête de notre cohésion nationale passe par la construction d’un front intérieur solide et durable en faveur des réformes. Il s’agit là de l’unique voie que doivent emprunter les Algériens afin de transcender leurs différends, à vaincre la haine et les peurs qui les habitent, et à trouver les raisons de vivre harmonieusement ensemble et de construire, toujours ensemble, le destin exceptionnel que de glorieux aînés de la génération du 1er Novembre 1954 ont voulu désespérément pour eux. ademmebtoul@gmail.com

BIOGRAPHIE  DU PROFESSEUR  ABDERRAHMANE MEBTOUL 

 Dr Abderrahmane MEBTOUL , ancien émigré ayant effectué ses études primaires, secondaires, et une fraction du supérieur à Lille ( France),    expert comptable de l’Institut supérieur de gestion de Lille France est   Docteur d’Etat en sciences économiques (1974) soutenu  à l’Université d’Alger  à l’âge de 26 ans avec mention très bien et félicitations du jury.  Auteur de 20 ouvrages et  plus de  500 contributions locales et internationales notamment sur les mutations énergétiques mondiales,  les relations internationales (plusieurs contributions internationales  sur  les relations Europe/Maghreb ,  les enjeux stratégiques  en  Afrique et en Méditerranée) baccalauréat obtenu à 17 ans  –  Expert international en management stratégique Dans le cadre du service national officier d’administration de la route de l’unité africaine   1972/1973 axe Ghardaïa El Golea/ In Salah

  Directeur d’Etudes au Ministère de l’ Energie/Sonatrach 1974/1979 – 1990/1995 – 2000/2008- 2013/2015  ( ayant dirigé plusieurs audits sur Sonatrach)  -contrôle de Sonatrach 1974/1976-  -bilan de l’industrialisation 1976/1978 – le dossier de la relance économique de ‘l’Algérie face  aux nouvelles mutations mondiales   horizon 2030 et le dossier du pétrole/gaz du schiste  et de la transition énergétique  2013/2015 pour le premier ministère . A dirigé pour le compte du comité central du FLN   en 1979 le dossier du secteur privé qui a permis  par  la suite l’élaboration de différentes lois . Ancien magistrat – Premier conseiller- haut magistrat, Directeur général  des Études Économiques à la Cour des comptes (1980/1983).