«Laissez l’école tranquille» 

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La ministre de l’Education nationale assume pleinement ses décisions et en déclarant à la Chaine III : «Laissez l’école tranquille», elle s’adresse en premier lieu à tous ceux qui ont fait de l’enseignement le réceptacle de leurs convictions religieuses et Dieu seul sait qu’ils sont nombreux. Ainsi, en supprimant la Basmalla, formule que prononce le musulman avant d’entreprendre toute chose, la dame a tout simplement voulu signifier le caractère de laïcité de l’école.

Or, même le terme de laïcité est sournoisement fourvoyé et perçu comme mécréance alors qu’il signifie la séparation du religieux du politique. En idéologisant à l’extrême l’école, des grappes d’enseignants ont imprimé à quasiment toutes les matières un caractère de sacralité qui véhicule tous les interdits et qui s’éloigne de plus en plus de la pédagogie. De la torture de la tombe à la toilette des morts en passant par tous les aspects rébarbatifs de la religion, les leçons dispensées à nos élèves sont de plus en plus destinées à former des croyants et non des citoyens, ceci en contradiction totale avec la Constitution. Ainsi, en supprimant cette formule, la ministre ne s’attaque pas à la religion comme le déclarent tous les gardiens des valeurs dont l’association des Oulémas, qui elle, est montée au créneau pour s’en prendre directement à la responsable du secteur. Il ne nous souvient pas avoir entendu cette association s’élever contre le trafic effarant de drogue qui sévit dans le pays ni contre la corruption qui a gangrené tous les segments de la société. Quant à l’école, elle nécessite d’autres défis à relever afin de la mettre au même niveau que les meilleurs cursus du monde et de l’inscrire dans cette modernité inévitable du XXIe siècle. A l’heure de la mondialisation de la connaissance, de l’accès de plus en plus facile et libre à l’information par le biais de la Toile et des réseaux sociaux, nous en sommes encore à discuter du licite et de l’illicite et des enfants de sept ans énumèrent avec aisance les interdits en religion plutôt les variétés d’oiseaux et les dix mille espèces de fleurs qui poussent en Algérie.