L’Afrique, continent à fortes potentialités doit améliorer son indice du développement humain et maîtriser l’intelligence artificielle

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Professeur des universités, expert international  Dr Abderrahmane  MEBTOUL

Si aucun pays du continent ne rejoint encore les rangs des nations dites  développées, selon le rapport du PNUD 2025, l’Afrique présente un tableau contrasté en matière de développement n’existant  pas une Afrique mais des Afriques.

1.-. L’indice de développement humain  plus fiable que l’indicateur précédent utilisé, le PIB par habitant, qui ne donne pas d’information sur le bien-être individuel ou collectif quantifiant que la production économique  est   un indice composite, compris entre 0 (exécrable) et 1 (excellent), calculé par la moyenne de trois indices. Le premier aspect (A) quantifie la santé/longévité (mesurées par l’espérance de vie à la naissance), qui permet de mesurer indirectement la satisfaction des besoins matériels essentiels tels que l’accès à une alimentation saine, à l’eau potable, à un logement décent, à une bonne hygiène et aux soins médicaux. Le deuxième aspect (B) est le savoir ou niveau d’éducation mesuré par le taux d’alphabétisation des adultes (pourcentage des 15 ans et plus sachant écrire et comprendre aisément un texte court et simple traitant de la vie quotidienne) et le taux brut de scolarisation (mesure combinée des taux pour le primaire, le secondaire et le supérieur). Il traduit la satisfaction des besoins immatériels tels que la capacité à participer aux prises de décision sur le lieu de travail ou dans la société. Le troisième aspect ( C) est le niveau de vie (logarithme du produit intérieur brut par habitant en parité de pouvoir d’achat), afin d’englober les éléments de la qualité de vie qui ne sont pas décrits par les deux premiers indices tels que la mobilité ou l’accès à la culture donnant ainsi IDH = A D E/divisé par trois.  En fonction de l’IDH, le PNUD classe les pays en quatre (4) catégories : les pays avec un développement humain respectivement ’’très élevé’’, ’’élevé’’, ’’moyen’’ et ’’faible’’. L’indice du développement humain du PNUD constitue une percée importante dans le domaine de l’utilisation d’indicateurs plus crédibles que le produit intérieur brut (PIB). Mais, selon de nombreux experts internationaux ces indicateurs comportent des lacunes importantes dont principalement : le choix et la pondération des indicateurs retenus ; la qualité et la fiabilité des données servant à les calculer qui sont très variables d’un pays à l’autre ; l’utilisation des moyennes, sans tenir compte des inégalités tant socio professionnelles que spatiales, voilant donc la concentration du revenu national au profit d’une minorité rentière ; le niveau tant de la scolarisation que de la santé, varient considérablement, selon les pays et enfin certains indicateurs sociaux sont difficilement quantifiables faussant les comparaisons d’un pays à l’autre. Aussi, l’analyse qualitative doit suppléer nécessairement à la déficience quantitative. Il est  souhaitable , de compléter cet indice par de nouveaux indicateurs qui prennent en compte la bonne gouvernance dont, notamment les indices de corruption, la participation, le genre, la jouissance des droits de l’homme, les libertés économiques et publiques, l’intégration sociale et la durabilité environnementale et devant tenir compte pour bon nombre de pays d’Afrique du poids de la dette  et de la sphère informelle, tout cela supposant un appareil statistique performant et adapté aux situations sociales  et ce, à travers ses trois composantes A, B, C

2..- Pour le rapport 2O24/2O25 sur 193 pays , l’Algérie est classée  à la 3e place du continent  et au 96e rang mondial avec un IDH 0,763, la première en Afrique du Nord , ce qui représente une hausse comparativement à 2022 où il avait  atteint 0,745.  Avec les Seychelles, l’île Maurice,  l’Égypte et la Tunisie, ils sont  les cinq pays africains qui affichent les niveaux de développement humain les plus élevés en 2025.  Sur les 193 pays et avec un Indice de Développement Humain (IDH) de 0,848, les Seychelles occupent la première place du classement en Afrique, 54eme  du classement mondial, l’île Maurice se hisse à la deuxième place avec un IDH 0,806, 73eme mondial  , l’Égypte (100 rang mondial), et la Tunisie  (105 rang mondial), ont également connu une nette amélioration de l’indice de développement passant de 0,728 en 2022 à 0,754 pour l’Egypte et  0,732 en 2022 à 0,746 pour la Tunisie. Le Maroc est classé  en 2025  à la  120e position sur 193 pays avec une note de  O, 7OO  intégrant  la pour la première fois la catégorie des pays à développement humain élevé alors que  trois  poids lourds en population en Afrique,  s’étaient classés dans le rapport  2O23/2O24 , l’Afrique du Sud- 63 millions  habitants-   à la 11O place  avec une note  de O,717, le Nigeria-228 millions habitants    à la 161eme place avec une note de O,548 et l’Ethiopie 176eme position avec une note de O,492 -129 millions habitants. Le Niger se trouve en queue du classement à la 188e place, suivi du Tchad en 190e position et l’Afrique centrale occupe le 191 e rang. La Somalie, confrontée à des défis structurels majeurs, se positionne à la 192 e place, tandis que le Soudan du Sud complète ce peloton à la 193 e position.  -Malgré des efforts louables, l’Afrique  doit améliorer l’indice du développement humain par une analyse qualitative en termes d’investissement les dépenses ne sont pas proportionnelles aux impacts,  un ratio global ayant une signification limitée. C’est que  nous assistons à des  effets négatifs sur l’Afrique dont  les impacts du  réchauffement climatique  des tensions géostratégiques mondiales et des interférences extérieures facteur de déstabilisation  , de la crise économique  mondiale, mais également du fait d’une  gouvernance mitigée et de confits interne  à   l’accentuation des inégalités  sociales . Aussi, l’Afrique doit impérativement axer ses efforts autour  de CINQ axes stratégiques  afin d’éviter cette migration croissante, encore  qu’il faille dénoncer un mythe , selon les rapports de l’ONU  , les flux migratoires internes à l’Afrique  représentent plus de 8O% , les flux externes  vers  d’autres continents  2O% :

Premièrement, améliorer sa gouvernance interne par une lutte contre la corruption, favoriser des sous intégrations régionales , n’existant pas une Afrique, mais des Afriques,  .

Deuxièmement, lié au facteur précédent, –  l’éducation étant le pilier du développement, diminuer cette hémorragie des exodes de cerveaux ,  améliorer la qualité, tant de l’école que des universités, une inadaptation de la formation professionnelle aux nouvelles mutations, une importante déperdition du primaire au secondaire, puis du secondaire aux universités : c’est le constat en Algérie  en fonction de mon expérience en tant que professeur des universités et des hautes fonctions stratégiques  et en tant qu’expert indépendant que j’ai eu à exercer au sein des différents appareils de l’Etat algérien

Troisièmement,  diversifier  son  économie étant fortement dépendante des exportations de matières premières brut ou semi brut pour ses ressources en devises  qui lui procurent peu de valeur ajoutée interne, son grand défi étant sa sécurité alimentaire  renvoyant au problème épineux de  la  pénurie d’eau douce et à la désertification croissante

Quatrièmement,  améliorer  la gestion de son  système de santé, les compétences existantes  devant tisser  des co-partenariats avec l’étranger dont son importante

Cinquièmement, et le rapport du PNUD lui consacré de larges développement , enjeu majeur du XXIème siècle, l’Afrique doit développer et maîtriser  l’intelligence artificielle , si elle ne veut  ne veut pas être marginalisée , dont le fondement  est le développement de l’IA   ouvrant de nouvelles voies et  offrant de nouvelles possibilités de développement.. Ainsi pour le classement au niveau international de l’intelligence artificielle pour 2025, The Global AI Index (GAII) » classe 93 pays pour lesquels les données sont disponibles en fonction de leur niveau d’investissement, d’innovation et de mise en œuvre de l’intelligence artificielle. Il s’appuie sur 108 indicateurs couvrant la période 2020-2025 qui proviennent de 23 sources de données différentes, notamment des rapports gouvernementaux, des bases de données publiques réalisées par des organisations internationales, de think tanks et des entreprises privées. Pour l’Afrique, selon un classement publié le 4 décembre 2025 par l’hebdomadaire britannique The Observer. nous avons par ordre de classement et en référence à la position mondiale pour les 15  premiers pays  1-Egypte (47e)  -2-Afrique du Sud (54e)- 3-Ghana (61e)- 4-Algérie (65e)- 5-Maroc (68e)- Nigeria (69e)- 7-Maurice (70e)- 8-Kenya (74e)- 9-Sénégal (75e)- 10-Côte d’Ivoire (84e)- 11-Tunisie (85e)- 12-Rwanda (86e)- 13-Bénin (88e)- 14-Zambie (89e) -15-Éthiopie (91e).

En conclusion,  les médias en Afrique , pour assurer leur crédibilité et ne pas induire en erreur l’opinion  locale , doivent faire attention  aux discours politiques  qui ont leur propres logiques mais se référer à des sources crédibles  se basant sur des données  scientifiques, la rumeur dévastatrice et les mauvais choix dans les politiques socio-économiques  étant les effets d’un système d’information déficient  et  du manque de transparence  . La  situation nuancée pour l’Afrique du rapport du PNUD ne touche pas seulement l’Afrique puisque le rapport sur le développement humain 2025 – publié le 6 mai 2025 intitulé une affaire de choix : individus et perspectives à l’ère de l’IA , montre une stagnation de la progression de l’IDH dans toutes les régions du monde, un ralentissement alarmant du développement mondial, une aggravation des inégalités entre les pays riches et les pays pauvres. Le rapport montre clairement que les tensions commerciales croissantes, l’aggravation de la crise de la dette surtout en Afrique et l’essor d’une industrie qui ne crée pas d’emplois sont autant de problèmes qui nuisent au développement. Selon l’administrateur du PNUD, Achim Steinerje  si  la lenteur des progrès enregistrés devient la nouvelle norme, cela rendrait notre monde moins sûr, plus divisé et plus vulnérable aux chocs économiques et écologiques.

AM

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