Hallucinantes, inouïes les révélations faites, dimanche soir, par le président de l’USM Annaba, Abdelbasset Zaïm sur le plateau d’une émission de télévision privée. Passer ainsi aux aveux spontanément et publiquement en admettant avoir payé des sommes colossales en corruption (7 milliards de centimes selon lui), pour faire accéder, la saison dernière, son équipe en Ligue 2, témoigne d’une grande détresse morale et psychologique.
Des confessions qui résument on ne peut mieux la déliquescence et le pourrissement dans lesquelles se morfond la pratique du football en état de métastase chez nous. Il n’y a en effet plus rien à sauver, lorsqu’un président d’un club aussi populaire reconnait des faits aussi graves non pas sous la contrainte, ou rattrapé par les faits, mais simplement dans un élan de contrition rare, aux conséquences fâcheuses. « En Division Amateur, c’est impossible d’accéder sans acheter des matches. J’ai acheté des matches. Aucun président de club ne peut dire aujourd’hui qu’il est propre, qu’il n’ait pas acheté et vendu des matches », a-t-il affirmé. A vrai dire, ce n’est pas la première fois qu’un dirigeant avoue des faits similaires. Il y a quelque temps, son homologue de Biskra, le député, Brahim Saou, a déclaré en pleine session de l’assemblée générale de la FAF : «Nous avons tous acheté et vendu des matches ». Des propos nullement contestés par l’assistance, confirmant la gabegie générale qui prévaut dans le milieu. Une pratique ancrée que nul n’ignore, même le moins initié parmi nous. C’est devenu par les temps qui courent, une seconde nature au point que tout le monde l’accepte y compris les pouvoirs publics plus soucieux, pour leur part, à maintenir la fragile paix sociale. Ce qui explique l’impunité dont bénéficient ces dirigeants corrompus qui en profitent pour dilapider les deniers publics. Car il ne faut perdre de vue que l’argent qui sert de transaction dans ces affaires frauduleuses provient généralement des subventions et autres mannes de l’Etat qui devient de facto un complice. Aujourd’hui, l’on devrait profiter de la révolution populaire et le réveil du peuple pour ce genre d’aveux ne reste plus impunis et sans suite. Le Procureur de la République devrait s’autosaisir pour convoquer le président de l’USM Annaba pour l’entendre et le cas échéant l’inculper pour corruption. Abdelbasset Zaïm doit aussi dénoncer tous les acteurs ayant été impliqués dans ces affaires scabreuses. Pour des faits beaucoup moins graves que ça, sous d’autres cieux, des clubs aussi prestigieux que la Juventus et l’O Marseille ont été rétrogradés, des célèbres dirigeants et hommes politiques emprisonnés. Il est temps chez nous d’agir en secouant le cocotier pour faire tomber cette bande de malfrats qui a pris le football en otage. Une opération nettoyage au karcher s’impose plus que jamais, avant que les institutions internationales comme la Fifa ne s’immiscent à son tour dans ce bourbier.Ces révélations tombent à pic pour traiter ce fléau une bonne fois pour toutes. Les gens ne peuvent plus tolérer la complaisance et le mutisme des gouvernants. Jusqu’à quand peut-on encore fermer les yeux sur ces pratiques mafieuses aujourd’hui étalées sur la place publique qui n’honorent ni le pays, ni le sport ?
Ali Nezlioui