Khenchela: La bataille de Djebel Asfour, une éclatante action de l’ALN

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La bataille de Djebel Asfour ou Khneg lekhal (le Col noir), près du village de Zaouïa, dans la commune de Chechar (Khenchela),  est considérée comme une éclatante action de l’Armée de Libération nationale (ALN), durant la Guerre de Libération nationale,  qui affronta héroïquement le 14 février 1956, des forces coloniales puissamment armées.

La bataille dont on célèbre, mardi, le 67e anniversaire, compte parmi les grands engagements de l’ALN contre l’armée d’occupation qui employa des moyens considérables pour tenter d’étouffer l’insurrection dans les Aurès, sans hésiter à utiliser les avions, y compris contre les civils, comme ce fut le cas pour les habitants de Zaouia, dont les maisons furent bombardées. Djebel Asfour demeurera également dans les annales, comme le théâtre de combat qui fut parmi les plus meurtriers pour l’armée française, en hommes et en matériel, face à l’ALN qui gagna en confiance et en combativité, en dépit de son armement sommaire, le plus souvent pris sur l’ennemi. Le chahid Khaldi Mamoun fut l’un des artisans de la bataille de Djebel Asfour. Au mois de mai 1956, il rédigea une lettre destinée à ses parents en Tunisie. Une copie de ce document est conservée par le secrétariat de wilaya de l’Organisation nationale des moudjahidine de Khenchela. Le document apporte de précieux renseignements sur le déroulement de la bataille qui dura deux jours, sous le commandement d’Abbas Laghrour. «C’était le matin du mardi 14 février 1956. Nous avons pris le café et nous nous préparions à affronter un groupe de soldats français dont le passage près de Zaouia nous a été annoncé comme imminent. Bientôt, la sentinelle nous avertit que des soldats français approchaient dans notre direction. Notre nombre ne dépassait pas 70 moudjahidine portant des armes modernes. J’avais une mitraillette et 400 cartouches, ainsi qu’un revolver. Nous avons pris position pour leur tendre une embuscade, plus de 100 soldats français furent éliminés, nous avions récupéré des armes», est-il écrit dans le même doucument. On y lit ensuite : «Au moment où nous nous apprêtions à nous retirer, nous étions déjà encerclés par les troupes ennemis, appuyés par les avions qui nous survolaient. Il nous fallait nous abriter sous les rochers pour échanger des tirs avec les soldats français, jusqu’à une heure avancée de la nuit».  Le récit apporté par cette lettre continue ainsi : «La bataille reprit de plus belle au matin du jour suivant, les soldats ennemis étaient visiblement moins nombreux au milieu de la journée, beaucoup d’entre eux sont tombés sous nos balles, ce qui nous a permis de décrocher progressivement».

Plus de 300 soldats français mis hors de combat,  l’ALN dénombra 22 chahid

Evoquant le bilan final de cette bataille, des témoignages de moudjahidine ont indiqué que l’armée coloniale perdit plus de 300 soldats dont un officier d’élite, un avion de guerre a été abattu. L’ALN perdit, de son côté, 22 moudjahidine tombés au champ d’honneur et eu de nombreux blessés dont Abbas Laghrour, qui a été retiré par les combattants, de peur que l’ennemi ne le fasse prisonnier. Pour l’historien Salah Guelil, professeur à l’université Abbas-Laghrour de Khenchela, la bataille de Djebel Asfour fut suivie directement par le gouverneur général et ministre de l’Algérie de l’époque, Robert Lacoste. Cette bataille marqua un cuisant échec des forces coloniales surarmées et illustra l’héroïsme de l’ALN, sa bravoure au combat, sa détermination ainsi que la discipline et l’organisation sur le champ de bataille, souligne le même historien.

  1. Saâd / Ag.