Journée mondiale de la lutte contre la désertification / Un phénomène qui devient de plus en plus pesant en Algerie

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L’Algérie célèbre, aujourd’hui, et la sécheresse. Un phénomène qui devient de plus en plus pesant. Et contrairement à une opinion répandue, la désertification n’est pas uniquement l’avancée du sable vers le Nord ou la transformation de terres en désert.

Celle-ci se produit du fait de «l’extrême vulnérabilité des écosystèmes des zones sèches à la surexploitation et à l’utilisation inappropriée des terres», selon des experts. Les terres les plus fertiles ayant tendance à s’appauvrir, la menace est partout. Il y a d’abord les zones de montagne (4% du territoire), confrontées au problème de l’érosion hydrique et à une surexploitation des ressources naturelles. Ensuite, la steppe et le présaharien, zones arides et semi-arides très sensibles aux processus de désertification à cause notamment d’un pâturage excessif. Enfin, l’espace saharien (87% du territoire) est dominé par des  cordons dunaires vastes et mobiles où les infrastructures socio-économiques sont constamment soumises à un ensablement important. Il en est de même pour les nombreuses oasis menacées de disparition. La carte de sensibilité à la désertification réalisée en 1996 et actualisée en 2010 a démontré que plus de 16 millions d’hectares sont sensibles à la désertification. Face à cette situation, des spécialistes estiment qu’il faut agir vite.  Sous-directrice de la lutte contre la désertification, Saliha Fortas, affirme que la menace est bien réelle. «58% des terres steppiques sont menacées», s’alarme-t-elle, même si elle relève les efforts consentis dans la lutte contre ce phénomène dans les zones steppiques et présahariennes et l’extension du champ d’action au-delà du modèle du barrage vert en zone steppique à travers des opérations de reboisement. Toutefois, elle a estimé que malgré la longue expérience de la direction générale des forêts (DGF) et les efforts déployés, le problème ne peut se résoudre que dans le cadre d’une approche multisectorielle, intégrée, active et solidaire. «Chacun d’entre nous a un rôle à jouer. Les agriculteurs peuvent investir   dans une agriculture intelligente qui mène à des rendements plus élevés malgré une réduction des intrants comme les pesticides. Les décideurs et les gestionnaires des terres peuvent soutenir la bioéconomie en investissant dans de nouvelles technologies et processus de GDT. Les consommateurs peuvent dépenser leur argent en produits biologiques pour éviter la dégradation des terres. Il y  a beaucoup plus de façons d’investir judicieusement dans la terre», soutient-elle. Ahmed Moussa est responsable au Haut-commissariat au développement de la steppe (HCDS), note, de son côté, que 70% des zones steppiques sont en danger. « Ces parcours naturels, qui jouent un rôle fondamental dans l’économie agricole, subissent un processus de dégradation continu du fait du surpâturage et du défrichement des parcours, l’aridité climatique et l’avancée du béton», explique-t-il. Selon lui, les zones steppiques ont toujours été l’espace privilégié de l’élevage ovin extensif, représentant près de 18 millions de têtes. Toutefois, fait-il remarquer, le cheptel dépasse largement  l’offre fourragère. Comment y remédier?  Il plaide la mise en repos des parcours et l’interdiction de toute action humaine pour une période déterminée. Il préconise des mises en repos permanentes de 30 à 50 ans, ainsi que celle alternées tous les 3 ans. A l’en croire, les efforts de l’Algérie en matière de lutte contre la désertification ont donné leurs fruits. Il cite l’exemple de la wilaya d’El-Bayadh, «un véritable modèle de la mise en œuvre et de rentabilité de toutes les mesures prises jusque-là». «70% du parcours de la wilaya est totalement rétabli après une dégradation avancée durant les années 80 et 90», se réjouit-il. Il regrette, toutefois, que notre pays n’ait pas su garder la même dynamique de lutte. «À partir de 2008, plusieurs programmes ont été sacrifiés», déplore-t-il.

A.A