Téhéran a menacé dimanche de s’affranchir d’autres obligations en matière nucléaire dans « 60 jours » à moins qu’une « solution » soit trouvée avec ses partenaires au sein de l’accord sur le nucléaire iranien pour répondre à ses demandes.
« Nous espérons que nous pourrons trouver une solution, sinon, dans 60 jours, nous entamerons la troisième étape » du plan de réduction des engagements pris par l’Iran en vertu de cet accord conclu à Vienne en 2015, a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, cité par des médias locaux.
Une réunion extraordinaire de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) se tiendra le 10 juillet sur demande des Etats-Unis pour faire le point sur les dérogations à l’accord nucléaire de 2015 annoncées par l’Iran, a indiqué vendredi un porte-parole de l’agence onusienne. Les Etats-Unis, qui se sont désengagés de l’accord de 2015, avaient demandé cette séance spéciale alors que l’Iran a annoncé récemment qu’il mettrait à exécution dès dimanche sa menace d’enrichir l’uranium à un degré prohibé.
Depuis leur retrait en mai 2018, les Etats-Unis ont durci les sanctions économiques contre Téhéran et ses dirigeants afin d’imposer une nouvelle révision de ce texte critiqué par l’administration de Trump le qualifiant du « pire accord jamais négocié ». Ces mesures ont provoqué de fortes tensions dans la région du Golfe faisant craindre un embrasement, alors que la communauté internationale ne cesse d’appeler à la retenue et au calme exhortant les deux pays à privilégier la voie diplomatique pour le règlement de cette crise.
L’Iran juge « insuffisant » l’instrument Instex pour des échanges commerciaux avec l’Europe
Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a affirmé dimanche que les efforts de l’Europe pour aider l’Iran à contrecarrer les sanctions américaines sont utiles, soulignant toutefois qu’ils demeurent insuffisants. « Comme une étape préliminaire et un moyen de commerce entre l’Iran et l’Europe, l’instrument de soutien aux échanges commerciaux (Instex) est une bonne initiative », a déclaré M. Araghchi, cité par l’agence Irna. Toutefois, la mise en œuvre de cette initiative que les signataires européens de l’accord nucléaire se sont engagés à fournir à l’Iran a tardé pour être concrétisée, a ajouté le vice-ministre iranien s’exprimant lors d’une conférence de presse conjointe avec le porte-parole du gouvernement et de directeur général de l’Organisation de l’énergie atomique iranienne.
« L’Instex n’apportera aucun revenu à moins que les pays européens achètent le pétrole iranien ou allouent des crédits à l’Iran », a clarifié, M. Araghchi, soulignant qu' »aucune mesure de ce type n’avait encore été prise à ce jour ». L’instrument Instex a été mis en service en janvier 2019 par les deux parties pour contrer les sanctions américaines contre Téhéran. Le dispositif permet de mettre en place des transactions non monétaires avec l’Iran sans tomber sous le coup des sanctions imposées par Washington au secteur bancaire. « Quelques échanges pilotes mineurs avaient eu lieu. Nous pensons que ce ne sera pas bon si les transactions continuent à se faire sans crédits », a déclaré le diplomate iranien, se félicitant des efforts déployés par l’Europe pour éviter les sanctions américaines.
« Nous continuons à communiquer avec les pays européens et nous espérons que cela aboutira à une solution », a fait savoir, encore, M. Araghchi. Jeudi dernier, le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, a déclaré espérer que la première transaction dans le cadre du système Instex sera effective dans quelques jours. « Cette première transaction sera modeste, mais c’est un point de départ et nous nous attendons à ce qu’Instex soit un outil efficace. Comme c’est une première, il nous faut du temps pour réaliser des opérations plus importantes », a souligné M. Le Maire.