En se penchant sur les raisons pour lesquelles les habitants de cette île située au sud du Japon vivent plus longtemps que nulle part ailleurs dans le monde, on est en droit de penser que, au-delà de leur régime alimentaire, l’une des clés est l’ikigai qui dirige leur vie. L’ikigai est l’art de vieillir en restant jeune, grâce à une raison d’être qui nous porte, contre vents et marées, tempêtes de la vie et autres difficultés, vers un optimisme et, surtout, un besoin viscéral de vivre par et pour cet objectif. Les êtres passionnés le savent, il n’y a pas d’âge pour écrire, peindre, marcher, jardiner… lorsque, dès le réveil, on se réjouit de pouvoir profiter de chaque journée de vie pour s’adonner à ce qui nous remplit de joie. Vous pensez n’avoir aucune passion, et donc point d’ikigai ? Détrompez-vous. Selon les Japonais, tout le monde en possède un. Certains l’ont trouvé et en ont conscience, d’autres le portent en eux et le cherchent encore, c’est tout. Sur le diagramme de Marc Winn, on comprend mieux où situer son ikigai. Au Japon, les gens restent très actifs bien après avoir pris leur retraite, continuant à faire ce qu’ils aiment tant que leur santé leur permet. Les recherches faites sur les centenaires d’Okinawa montrent qu’au-delà de posséder un ikigai clair, le fait de vivre en communauté et non dans la solitude augmente par ailleurs considérablement les chances de vivre vieux et en bonne santé, le devoir d’entraide constituant pour beaucoup un ikigai suffisamment puissant pour continuer à vivre. Autre règle de vie et non des moindres suivie par nos ikigaïstes en pleine forme : ne remplir leur estomac qu’à 80% quoi qu’il arrive (une expression est même consacrée à la chose tant elle constitue « la base » : « Hara hachi Bu », qui signifie peu ou prou « le ventre rempli à 80% »).
Avoir un ikigai, c’est aussi s’exposer au changement, quel que soit son âge est bon, et des études ont prouvé que lorsque le cerveau développe des habitudes trop puissantes, il n’a plus besoin de penser et perd donc en fonctionnement. Les supercentenaires d’Okinawa, mais aussi les autres « vieux heureux » interrogés par les auteurs ont tous ce point commun : une envie d’apprendre qui ne décline pas avec l’âge.
Trouver le sens de sa vie
Trouver son ikigai, c’est trouver le sens de sa vie, ce pour quoi on a envie de se lever le matin, son combustible existentiel. Lorsqu’on l’a trouvé, on effectue alors cette « tâche » dans un état de flux (appelé « flow »), avec un enthousiasme qui ne comporte aucune sensation de pénibilité, bien au contraire. Cette même tâche peut par ailleurs sembler abominablement boring à autrui. Ca n’est pas son ikigai, voilà tout. Par ailleurs, les auteurs insistent sur l’unicité des tâches que nous devons effectuer pour les apprécier, et faire fonctionner notre cerveau et notre organisme de la meilleure façon qui soit.