Hirak du 22 février : Appel aux sociologues de travailler sur le terrain 

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Hirak - الحراك - Mouvement du 22 Février 2019 - Algérie

Des conférenciers universitaires animant un débat  sur le mouvement populaire contestant pacifiquement le pouvoir politique  depuis le 22 février dernier, ont appelé lundi à Oran les sociologues à  accompagner cette dynamique populaire à travers des travaux de terrain.

S’exprimant lors d’une rencontre-débat, initiée par le centre de  recherches en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) au tour du thème  « Hirak du 22 février 2019: premiers enseignements », le professeur en  sociologie à l’université d’Oran 2, Mohamed Mebtoul a estimé que « ce  soulèvement populaire pacifique nécessite une contribution scientifique par  les sociologues, appelés à descendre sur le terrain et investir leur savoir  sur cette importante période nationale décisive ». « Divers valeurs et enseignements dans ce mouvement social nécessitent  d’être décryptés à travers, notamment, des lectures et analyses  sociologiques mettant en valeur cette richesse d’expression populaire  collective », a-t-il soutenu. L’émergence de nouveaux discours populaires, à l’instar de celui exprimé  par la jeunesse, les slogans, l’humour, le pacifisme du mouvement ainsi que  la levée du drapeau national interpellent les sociologues, à plus d’un  titre, à se pencher davantage dans la recherche et l’analyse académique de  ce mouvement historique, a-t-il ajouté. De son côté, Belkacem Benzenine, chercheur en sciences politique au CRASC  à Oran a souligné l’importance du caractère pacifique de cette mobilisation  populaire, devant laquelle les spécialistes devront fournir une réflexion  et une analyse pour expliquer ses dimensions. Pour lui, ces manifestations populaires reflètent le recours à l’exercice  de nouveaux modèles de pratique de la citoyenneté collective, pour laquelle  il est important de s’intéresser à travers la recherche et l’analyse. « La jeunesse algérienne ne se contente pas de dénoncer et d’exprimer son  désarroi contre la mauvaise gestion et la corruption, mais elle suggère  également des éléments pour l’édification d’une société moderne et d’un  Etat de droit », a-t-il déclaré. Pour sa part, Walid Laggoune, professeur en droit constitutionnel à  l’université d’Alger 2 a souligné, à travers une lecture juridique du Hirak  du 22 février, notamment les marches et les sit-in pacifiques de chaque  vendredi après-midi, la dimension de l’imaginaire et de la vision de  l’expression populaire collective de la structure de l’Etat de droit auquel  les citoyens aspirent. Pour lui, le caractère pacifique de ce mouvement, à savoir le slogan  « Silmiya », a réussi à le doter d’une structure et d’une régulation. Cette rencontre a été marquée par un débat ouvert aux participants dont  des universitaires, des journalistes et des représentants de la société  civile d’Oran et d’autres wilayas.

Lehouari K