Gabon :  La diffusion de France 2 suspendue un an

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La chaîne française est visée pour avoir rediffusé un documentaire critique envers le président gabonais. Un journal d’opposition est lui suspendu deux mois.

Le Gabon a suspendu pour un an la diffusion de la chaîne publique française France 2, accusée d’avoir rediffusé un documentaire critique sur son président Ali Bongo. Les autorités gabonaises ont également suspendu pour deux mois la publication d’un journal d’opposition. Dans un communiqué, Reporter sans frontières (RSF) y voit un « signal inquiétant ». « En suspendant des médias qui enquêtent sur des sujets d’intérêt général, la Haute Autorité Gabonaise de la communication (HAC), se pose en défenseur des intérêts du régime au lieu de défendre la liberté de la presse garantie par la constitution », poursuit l’organisation. Mercredi, la HAC a décidé de suspendre pour 12 mois les programmes de la chaîne publique française, « s’interrogeant sur l’opportunité » pour France 2 de rediffuser la veille du 17 août, fête de l’indépendance gabonaise, un documentaire subversif sur le Gabon, selon un communiqué lu à la télévision publique.

Un portrait peu flatteur du président

Lors de sa première diffusion en juillet 2017, le documentaire « Le clan Bongo, une histoire française » avait créé une polémique dans le pays. Il dressait un portrait peu flatteur de l’actuel président Ali Bongo, fils d’Omar Bongo, chef de l’Etat gabonais de 1967 à sa mort en 2009, et ancien pilier de la Françafrique. Le reportage donnait en particulier la parole à l’ancien PDG de la compagnie pétrolière française Elf Aquitaine, Loïk Le Floch-Prigent, qui affirmait qu’un accord secret réservait 18 % des actions d’Elf Gabon à Omar Bongo, en plus de bonus. La Haute autorité a jugé que la rediffusion du reportage était « répréhensible » et qu’elle portait « atteinte aux institutions de la République, à la dignité d’autrui de nature à troubler l’ordre public ».La HAC, dirigée par Raphaël Ntoutoume Nkoghe, ancien directeur de la communication d’Ali Bongo, a en outre suspendu pour un mois le journal Echos du Nord, l’un des principaux médias d’opposition du Gabon. Une décision qui intervient à quelques semaines des élections législatives, prévues le 6 octobre après plusieurs reports. Le régulateur des médias avait été saisi par le vice-président gabonais, Pierre Claver Maganga Moussavou, pour « atteinte à sa personne et défaut de preuves » après la publication dans ce journal d’articles révélant des achats de véhicules de luxe par le vice-président.