Près de 600 universitaires et membres de la société civile accusent le gouvernement français de « dérive autoritaire », appelant les Français à « se joindre au mouvement social » pour faire cesser la « violence d’Etat ».
Dans une pétition intitulée « Nous accusons ! », publiée par Médiapart, les signataires s’insurgent contre la « criminalisation » du gouvernement d’Edouard Philippe de toute personne s’opposant « à ses lois et à ses politiques funestes » et contre une « violence d’Etat » servie par l’usage d’armes de guerre. « Depuis le 17 novembre 2018, plusieurs centaines de milliers de citoyens et citoyennes expriment leur inquiétude face à un pouvoir sourd à leurs revendications. Ils trouvent la force et le courage de prendre la parole en disant haut et clair qu’ils en ont assez et ne subiront plus les effets des politiques néfastes qui depuis plusieurs décennies pillent impunément leur travail et les biens communs », ont-ils noté, soulignant que les voix des « gilets jaunes » ont permis de « mettre à nu les mensonges et les pseudo-justifications +scientifiques+ données par le pouvoir et la meute de ses courtisans pour couvrir l’ampleur et l’importance de la prédation ».
Pour le large collectif, le soulèvement des « gilets jaunes » a montré « le vrai sens d’une politique qui a sciemment organisé le transfert des biens laborieusement accumulés par 95 % de la population vers les 5 % des couches les plus aisées », faisant remarquer que les demandes et les attentes de changement, nées avec ce soulèvement populaire, « sont aussitôt heurtées à un pouvoir qui n’a cessé d’en ignorer le contenu pour en affadir la portée déstabilisante ». « Tout a été fait pour réduire au silence les manifestants. Dès les premiers actes, le pouvoir a choisi la violence en demandant aux forces de l’ordre de dégager les péages d’autoroutes, les ronds-points, de bloquer l’accès aux points de convergence des manifestations et, surtout, d’intervenir avec +fermeté », ont-ils rappelé, relevant « les filtrages et les arrestations arbitraires aux entrées des villes, empêchant les manifestations de se dérouler et la parole de s’exprimer ».
Pour les signataires de la pétition, le choix de la répression « violente » contre les manifestants « n’est certes pas nouveau », rappelant qu’il a notamment été mis en pratique dans les quartiers populaires et contre des groupes vulnérables comme les migrants et les roms ou encore contre les mouvements sociaux.
« Nous accusons le ministère de l’Intérieur de provoquer sciemment les réactions de violence dans nos villes, sur les ronds-points et les lieux de discussions publiques, afin de criminaliser toute personne qui s’oppose à ses lois et à ses politiques funestes », ont-ils déclaré, accusant également le gouvernement « d’employer contre des civils des armes de guerre bannies dans l’ensemble des pays occidentaux en ignorant les mises en garde répétées de plusieurs organismes internationaux ».
Comme ils accusent aussi la hiérarchie de la magistrature « d’avoir accepté de couvrir cette politique néfaste en appliquant aveuglément et servilement les ordres donnés par le pouvoir exécutif », ainsi que l’Inspection générale de la police nationale « d’avoir diligenté des enquêtes de façade et qui n’ont débouché sur l’interpellation d’aucun membre des forces de « maintien de l’ordre ».
Ils pointent le doigt accusateur sur la presse et les médias télévisuels qui « ont accepté de se transformer en porte-voix du ministère de l’Intérieur et de la préfecture sans accomplir aucun contrôle sur leurs sources ».
A.S