La grève déclenchée le 19 mai 1956 par les étudiants algériens, en pleine guerre de libération nationale, a eu un « impact important » sur la Révolution qui a mené à l’indépendance du pays, ont relevé mercredi à Alger des conférenciers.
« La grève des étudiants a été un élan du cœur dont nous sommes fiers. Elle a eu un impact très important sur la Révolution algérienne au moment où la France véhiculait l’idée que l’élie intellectuelle n’y était pas engagée », a soutenu le moudjahid Laid Lacheguar, lors d’une conférence organisée au forum du journal El-Moudjahid à l’occasion de la commémoration de la journée nationale de l’étudiant. Ce jour-là, des milliers d’étudiants algériens ont déserté les bancs des universités en soutien à la lutte de libération nationale. Après avoir rappelé que l’implication des filles était « tout aussi considérable » que celle des garçons, l’intervenant a précisé que l’appel à la grève, qui devait concerner au départ les universitaires, a été élargi aux lycéens, « plus nombreux », qui ont donné « plus d’impact » à cette action. Il a, à ce propos, relevé que l’appel à la grève lancé par l’Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA) a été largement suivie par l’ensemble des lycéens aux côtés des étudiants qui étaient dans des universités égyptiennes, tunisiennes et françaises. « La Révolution algérienne est l’unique dans l’histoire de l’humanité à s’être prolongée sur le sol même de son ennemi », a soutenu le conférencier, conviant la jeune génération à « bien connaître son histoire pour construire son avenir », tout en dénonçant « les affabulations distillées dans certains ouvrages historiques ». De son côté, Mohamed Lahcene Zeghidi, universitaire et chercheur en histoire, a qualifié la grève des étudiants en 1956 de « tournant décisif » dans l’évolution de la guerre de libération nationale, ajoutant que les lycéens qui avaient renoncé aux examens du baccalauréat, ont constitué la « pépinière » du Mouvement de libération nationale. Rappelant le contexte général ayant précédé le soulèvement des étudiants, le conférencier a évoqué « la politique d’exclusion de la population indigène par divers aspects » menée par la France coloniale, citant celui consistant en l’interdiction du savoir ayant entrainé l’exil de l’élite algérienne pendant plus d’un siècle. Intervenant sur le même thème, Mahmoud El-Bey, moudjahid et témoin des faits, a tenu à rendre hommage aux Chouyoukhs (enseignants) et élèves ayant abandonné les bancs des zaouïas pour rejoindre activement la Révolution avant 1956, citant, entre autres, les membres du commando dirigé par Ali Khodja.