Pour relancer l’économie nationale 2024/2030 s’impose pour l’Algérie une planification stratégique de profondes réformes, notamment la réforme de l’organisation des capitaux marchands de l’Etat avec pour objectif une libéralisation maîtrisée, un rôle stratégique de l’État régulateur conciliant efficacité économique et justice sociale.
1.- L’économie algérienne a connu différentes formes d’organisation des entreprises publiques entre 1963 à janvier 2014.. Avant 1965, la forme d’autogestion était privilégiée ; de 1965 à 1980, nous avons eu de grandes sociétés nationales et, de 1980 à 1988, il y a eu la restructuration des grandes sociétés nationales. Comme conséquence de la crise de 1986 qui a vu le cours du pétrole s’effondrer, des réformes timides sont entamées en 1988 : l’État crée 8 fonds de participation chargés de gérer les portefeuilles de l’État. En 1996, l’État crée 11 holdings en plus des 5 régionaux avec un Conseil national des privatisations ; en 2000, nous assistons à leur fusion en 5 méga-holdings et la suppression du Conseil national des privatisations ; en 2001, nouvelle organisation et l’on crée 28 Sociétés de gestion des participations de l’Etat (SGP) en plus des grandes entreprises considérées comme stratégiques ; en 2004, ces SGP sont regroupées en 11 et 4 régionales. En 2007, une nouvelle organisation est proposée par le ministère de l’Industrie et de la Promotion des investissements, articulée autour de quatre grands segments : de sociétés de développement économique qui relèvent de la gestion exclusive de l’État gestionnaire ; des sociétés de promotion et de développement en favorisant le partenariat avec le secteur privé international et national ; des sociétés de participation de l’État appelées à être privatisées à terme et, enfin, une société chargée de la liquidation des entreprises structurellement déficitaires. Cependant, en 2008, cette proposition d’organisation est abandonnée et a alors été émise l’idée de groupes industriels en 2009. Depuis 2018/2024, on semble revenir aux tutelles ministérielles, laissant peu d’autonomie aux entreprises bien qu’est prévue une loi prochainement pour dépénaliser l’acte de gestion et donner plus d’autonomie aux entreprises publiques, condition de la libération des énergies créatrices car le rôle d’un Ministre n’est pas de gérer mais de réguler son secteur.. Ces changements d’organisation périodiques démobilisent les cadres du secteur économique public et même les investisseurs locaux et étrangers, montrant clairement la dominance de la démarche administrative et bureaucratique au détriment de la démarche opérationnelle économique. La règle des 49/51% instaurée depuis 2009, dont j’avais demandé l’abrogation (www.goolgle-mebtoul 2010) que le gouvernement depuis 2021 a décidé d’assouplir, n’a pas encore permis un important attrait de l’investissement étranger hormis les hydrocarbures, l’objectif en n’oubliant jamais que dans la pratique des affaires n’ existent pas de sentiments mais que des intérêts, étant de favoriser dans le cadre d’un partenariat gagnant -gagnant , une balance devises positive, le transfert technologique et managérial. Car l’expérience de l’évolution des relations économiques internationales montre que ce qui était stratégique hier peut ne pas l’être aujourd’hui et demain (exemple les télécommunications). Pour les segments non stratégiques mais à valeur ajoutée importante, il serait souhaitable d’appliquer la minorité de blocage de 30% afin d’éviter les délocalisations sauvages. L’observation des grands espaces mondiaux montre clairement que seules quelques grandes firmes contrôlent les circuits du commerce mondial, dont il est impossible aux opérateurs algériens de pénétrer le marché sans un partenariat gagnant/gagnant.
2.-Le frein à la mise en œuvre d’affaires saines est le terrorisme. bureaucratique qui enfante la sphère informelle et la corruption, représentant à lui seul plus de 50% des freins à l’investissement. La réforme du système financier, cœur des réformes, est essentiel pour attirer l’investisseur léthargique avec la marginalisation du secteur privé, puisque les banques publiques continuent à accaparer 90% des crédits octroyés ; elles ont carrément été saignées par les entreprises publiques avec un assainissement qui a coûté au Trésor public, selon des données récentes (2021) du Premier ministère, ces trente dernières années environ 250 milliards de dollars, sans compter les réévaluations répétées ces dix dernières années de plus de 65 milliards de dollars, entraînant des recapitalisations répétées des banques, malades de leurs clients. Enfin comme frein à l’investissement hors hydrocarbures, l’absence d’un marché foncier où la majorité des wilayas livrent des terrains à des prix exorbitants, souvent sans commodités (routes, téléphone, électricité/gaz, assainissement) et l’inadaptation du marché du travail à la demande, renvoyant à la réforme du système éducatif et de la formation professionnelle, des usines fabricant de futurs chômeurs. Dans ce cadre, attention aux utopies ! Les données officielles de la douane pour 2022 de 6, 9 milliards de dollars d’exportation hors hydrocarbures qui devrait connaître une baisse en 2023, (environ 5 milliards de dollars) où selon les données du gouvernement ( source APS) au cours du premier semestre de l’année 2023, le volume des exportations hors produits pétroliers s’est élevé à 2,5 milliards de dollars (9,4 % du total des exportations), contre 3,2 milliards de dollars au premier semestre de l’année 2022, enregistrant ainsi une baisse de 22%. Selon les statistiques officielles douanières par exemple pour 2022, les dérivées d’hydrocarbures représentent 67% donnant hydrocarbures brut et dérivées environ 97/98 des recettes en devises, structure semblable pour 2023.. Si on analyse dans le détail les rubriques en ajoutant les semi-produits à faible valeur ajoutée (exportations conjoncturelles) il reste moins de deux milliards de dollars hors hydrocarbures pour les produits concurrentiels. Car le chiffre d’affaires en valeur a une signification limitée devant donner le volume exporté, certains produits (comme les engrais et autres) ont vu leurs prix augmenter sur le marché international de 30 à 50%. Par ailleurs pour calculer le gain net pour l’Algérie, l’on devra soustraire les matières premières importées en devises, les subventions accordées comme le prix du gaz entre 10/20% du marché international et les exonérations fiscales..
3.- D’où l’importance pour toute démarche opérationnelle d’ aller du général au particulier. La planification stratégique doit tenir compte à la fois des mutations mondiales, de la morphologie interne de la société, de son histoire, de sa situation présente et de son évolution. Tout projet de société étant porté forcément par des forces politiques, sociales et économiques, les réformes étant fonction des rapports de force au niveau de la société et non au sein de laboratoires de bureaucrates déconnectés de la société. Pour relancer l’économie nationale, au niveau interne, il faut une stratégie articulée autour d’une autre organisation institutionnelle centrale, harmonisation des objectifs des ministères et des nombreuses institutions de l’Etat afin d’éviter le télescopage et donc les incohérences et locale avec une réelle décentralisation autour de grands pôles économiques régionaux afin de renforcer l’efficacité économique, la cohésion régionale et une société participative . L’on devra éviter tant l’illusion des années 1970/1990 de l’ère mécanique, étant à l’ère de l’immatérialité où les firmes éclatent en réseaux comme une toile d’araignée. Le retour à la confiance, sans laquelle aucun développement n’est possible, passe par la mise en place d‘un grand ministère relativement autonome de la planification stratégique afin d‘éviter de naviguer à vue, pour reprendre le langage miliaire les tactiques devant s’insérer au sein de la fonction stratégique. L’on doit définir clairement les actions opérationnelles datées auxquelles afin d’établir un bilan des réalisations et des insuffisances de chaque département ministériel qui s’articulent autour de cinq axes : premièrement, comment se pose le problème ; deuxièmement quelles sont les contraintes externes (engagements internationaux de l’Algérie); troisièmement , quels sont les contraintes sociales, financières et techniques internes; quatrièmement, quels sont les choix techniquement possibles et les ensembles de choix cohérents et quelles sont les conséquences probables de ces choix ; cinquièmement, quelles méthodes de travail choisir qui permettent de déterminer les paramètres (moyen et long terme) et les variables (court terme) dont dépend un système complexe. Après avoir décomposé la difficulté en éléments simples, il convient de se poser des questions et apporter des réponses opérationnelles, loin des théories abstraites, réalisations physiques et plan de financement sur chacun des éléments : Quoi ? Qui ? Où? Quand ? Comment ? Combien ? Pourquoi ? Comment faire ? L’on devra distinguer dans la hiérarchisation les projets capitalistiques , si le projet est lancé en 2024, ne sera rentables qu’à l’ horizon 2028/2030 des projets hautement capitalistique et pour les projets faiblement capitalistiques (PMI/PME) au bout de 2/3 années- Afin de s’adapter aux mutations mondiales, il s ‘agira d’encourager les industries de l’avenir d’avenir: la santé, l’alimentation, l’écologie, l’hygiène, l’éducation, la recherche, l’innovation, la sécurité, le commerce, l’information, la culture; et bien d’autres, ces segments étant capables d’augmenter leur productivité, et d’améliorer sans cesse leur capacité de satisfaire la demande sociale . Au niveau micro économique, les entreprises doivent améliorer leur management stratégique et se doter une cellule d’observation des fluctuations des prix des produits sur le marché international disparate par zone géographique amplifié par le cout du transport comme actuellement avec les tensions en Mer rouge, dont certains sont cotés en bourse. Car plus de 85% des matières premières sont importées, le taux d’intégration moins de 15/20%, p tant pour les entreprises publiques que privées, devant tenir compte également de la dépréciation du dinar officiel qui se répercute sur le cout de fabrication des produits locaux, donc sur le consommateur final dont la taxe s’applique à la douane sur un dinar dévalué, posant le problème de la stabilité juridique et monétaire afin que l’investisseur ait une visibilité dans le temps..
En conclusion un des axes futurs de la réforme globale est de revoir la politique des subventions qui ne doivent plus être supportées par les entreprises comme Sonelgaz mais par le trésor budgétarisées au niveau des lois des finances. Les subventions implicites, constituées notamment de subventions aux produits énergétiques et de subventions de nature fiscale, représentent environ 80% du total des subventions et les subventions explicites représentant un cinquième du total des subventions, étant dominées par le soutien aux prix des produits alimentaires et au logement, C’est un dossier très complexe impliquant la maîtrise du système d’information permettant la quantification de la sphère informelle, produit de la bureaucratie favorisant les délits d’initié (corruption) dont l’extension décourage tout investisseur .
A.M