Face à l’instabilité régionale au niveau du Sahel: L’Algérie défend comme tout pays ses intérêts

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1 – L’instabilité du Niger risque d’avoir une répercussion sur toute la stabilité régionale, pays situé en Afrique occidentale se classe à l’échelle a une position stratégique au Sahel étant un carrefour d’échanges entre l’Afrique du Nord et l’Afrique du Sud au Sahara. Le Niger s’étend sur 1 267 000 km2  et se classe 6e à l’échelle continentale (après le Soudan, l’Algérie, le Congo, la Libye et le Tchad étant limité par le Burkina Faso, et le Mali à l’ouest, et la Libye au nord, le Tchad et le Bénin au Sud. Face à la situation au Niger, le sommet de la Cédéao qui a gelé toute coopération économique bien que privilégiant le dialogue, avant toute intervention miliaire a donné un ultimatum d’une semaine aux putschistes nigériens pour rétablir à son poste le Président Mohamed Bazoum, encore que cela ne fait pas l’unanimité du fait de relations complexes tribales entre une fraction de miliaires du Niger et certains pays de la Cédéao, l’Algérie ayant mis en garde contre toute intervention miliaire qui pourrait conduire à une escalade incontrôlée dans l’ensemble de la région. Dans un communiqué commun le Burkina Faso, le Mali et la Guinée ont affirmé qu’une intervention militaire au Niger, serait considérée «comme une déclaration de guerre à leurs pays. Dans ce contexte, selon la sous-secrétaire général adjointe de l’ONU aux affaires humanitaires, 2,9 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire en 2020, une augmentation de 26% par rapport à 2019, la situation sociale restant précaire avec un taux de pauvreté extrême d’environ 42 % en 2021, soit plus de 10 millions d’habitants. Entre 1991 et 2021, le budget de la dette du Niger a varié entre 478,0 millions et 5,5 milliards d’euros et en 2021, dernière année évaluée, le montant a été de 5,46 milliards d’euros le plus élevé des 30 dernières années et rapporté au nombre d’habitants, cela correspond au Niger à un endettement de 216 euros par personne. En réaction, la France principal pourvoyeur de fonds a décidé de suspendre son aide au développement et pour le chef de la diplomatie de l’Union Européenne toutes les actions de coopération sont suspendues. Paradoxe le Niger recèle d’importantes richesses. Les quatre principales provinces métallogéniques sont : AIR (or, étain, coltan, le cuivre, le vanadium, le titane et les pierres précieuses, l’uranium), Liptako (Or, argent, le platine, le nickel, le lithium, le plomb, le zinc, le cuivre, le molybdène, le manganèse, le vanadium, chrome), Sud Maradi et Damagaram- Monio (or, argent, cuivre, plomb, zinc) et les bassins de lllumenden (uranium, charbon, le gypse, le calcaire, le sel, les phosphates, fer, cuivre, argent). Or, c’est un des pays avec 10 autres les plus pauvres du monde. avec un produit intérieure brut PIB de 14,91 milliards de dollars en 2021 pour une population de 25,25 millions d’habitants et selon le rapport du PNUD de 2022, en 2021, le Niger est à la dernière place mondiale selon l’Indice de développement humain (IDH), le PIB à parité de pouvoir d’achat (PPA) par habitant étant de 761 de dollars. Cependant, l’instabilité du Niger est à replacer dans le contexte géostratégique turbulent de la région. Dans une note du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest de l’OCDE, il est mis en relief que l’arc sahélien, sans compter le reste du continent, est riche en ressources, sel, or, pétrole, gaz, fer, phosphate, cuivre, étain et uranium autant de richesses nourrissant les convoitises de puissances. Ce qui explique les sommets réguliers, USA/Afrique, Chine/ Afrique, Europe/Afrique, Japon/Afrique Turquie/Afrique. C’est que les relations entre les deux rives du Sahara et les dynamiques de la conflictualité saharienne actuelle interpellent la communauté internationale qui doit être attentive aux tensions en Afrique subsaharienne qui connaît une misère inégalée où seulement en trois ans, 2020/2022, le nombre de personnes qui se rapprochent de la famine est passé de 3,6 millions à 10,5 millions dans cinq pays – le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, la Mauritanie et le Niger avec un flux migratoire selon le PAM de 400%. Nous avons assisté dans la région à de profondes mutations de la géopolitique saharienne après l’effondrement du régime libyen avec des conséquences pour la région. De plus en plus nombreux, des migrants subsahariens s’installent désormais dans les pays du Maghreb avec l’intensification de la contrebande. Bien avant et surtout depuis la chute du régime de Kadhafi, le Sahel est l’un de ces espaces échappant à toute autorité centrale, où se sont installés groupes armés et contrebandiers. Kadhafi disparu, des centaines de milliers d’armes, dont 15 000 missiles sol-air qui étaient dans les entrepôts de l’armée libyenne, ont équipé les rebelles au fur et à mesure de leur avancée et dont une partie a été accaparée par différents groupes qui opèrent au Sahel.

2 – Dès lors, la sécurité de l’Algérie est posée à ses frontières où elle partage des frontières terrestres avec la Libye 982 km, le Mali 1329, la Mauritanie, 461, le Maroc 1739, le Niger 961 et la Tunisie 1010, le Sahara occidental 39 ( dossier au niveau de l’ONU pour sa résolution), soit un total de 6511 km (source Wikipédia). Les tensions dans la région imposent à l’Algérie de lutter contre l’insécurité régionale qui menace sa sécurité, étant souhaitable à l’avenir une mutualisation des dépenses et une large coopération internationale car cette insécurité menace également l’Europe. Privilégiant en premier lieu ses intérêts stratégiques propres, l’Algérie agit en fonction d’un certain nombre de principes et à partir d’une volonté avérée de contribuer à la promotion de la sécurité et de la stabilité dans la région. Entre la lointaine et très présente Amérique et la proche et bien lointaine Europe, entre une stratégie globale et hégémonique, qui possède tous les moyens de sa mise en œuvre et de sa projection et une stratégie à vocation globale qui se construit laborieusement et peine à s’autonomiser et à se projeter dans son environnement géopolitique immédiat, quelle attitude adopter et quels choix faire pour l’Algérie ? Sollicitée, l’Algérie qui a adopté une position de neutralité dans les conflits, privilégiant le dialogue productif, s’interroge légitimement sur le rôle, la place ou l’intérêt que telle option ou que tel cadre lui réserve ou lui offre, qu’il s’agisse du Dialogue méditerranéen de l’Otan, du partenariat euro-méditerranéen, des traités stratégiques qui la lient à la Russie et à la Chine où les nouveaux défis dépassent en importance et en ampleur les défis qu’elle a eu à relever jusqu’à présent. L’Algérie défend comme tout pays ses intérêts. Elle entretient dans le cadre du respect mutuel, d’excellentes relations avec les USA, la majorité des pays européens, comme en témoigne la récente visite de la première ministre de l’Italie, de la Grande Bretagne en Algérie l’Air Marshal Martin Elliott Sampson, haut conseiller de la Défense pour la région MENA, du ministère de la Défense britannique, la Chine et la Russie pour ne parler que de certains acteurs. Comme l’a souligné la première ministre de l’Italie et la secrétaire d’État adjointe américaine en charge des organisations internationales, Michele Sison lors leurs visites à Alger, l’Algérie est un pays leader dans le règlement des conflits au niveau régional, par son rôle central dans la consécration de la stabilité, particulièrement dans la région du Sahel et un acteur déterminant de la sécurité énergétique pour l’Europe, et cela est partagé par l’ensemble de la communauté internationale. Et pour consolider sa position au niveau régional, le grand défi sera pour 2023 sera la relance économique. L’Algérie est une puissance militaire régionale et un pays incontournable dans la problématique de la sécurité au Sahel, a toujours privilégié au lieu des conflits le respect du droit international, l’esprit de paix et de tolérance, nécessitant, en ce XXIe siècle, le dialogue des cultures, fondement du dialogue des civilisations, source d’enrichissement mutuel, où chaque nation devra concilier la modernité et ses traditions. D’une manière générale, l’on devra différencier tactiques à court terme et stratégie à moyen et long terme qui doit la stratégie viser à attirer graduellement les utilisateurs du système informel vers le réseau formel et ainsi isoler les éléments criminels pour mieux les cibler tout en diminuant les dommages collatéraux pour les utilisateurs légitimes. Les défis sont nouveaux et aujourd’hui, les menaces sur la sécurité ont pour noms terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, cyberattaque et maitrise des technologies, crises régionales et délitement de certains États. Or, les défis collectifs nouveaux sont une autre source de menace : ils concernent les ressources hydriques, la pauvreté, les épidémies, l’environnement. Ils sont d’ordre local, régional et global. La lutte contre le terrorisme implique de mettre fin à cette inégalité tant planétaire qu’au sein des États, où une minorité accapare une fraction croissante du revenu national, enfantant la misère et donc le terrorisme, renvoyant à la moralité de ceux qui dirigent la cité. Car le tout-sécuritaire pour le sécuritaire a des limites. Cela implique de s’attaquer à l’essence (un co-développement) et non aux apparences. Le fossé entre les riches et les pauvres se creuse davantage, tandis que l’écart des revenus renforce les inégalités en matière de richesse, l’éducation, la santé et la mobilité sociale sont menacées avec des conséquences pernicieuses du chômage. En ce mois d’août 2023 étant à l’orée d’une période d’incertitude croissante, aux racines ancrées dans la polarisation des sociétés, avec l’ampleur de la récession mondiale et des gouvernances mitigées, nous assistons à des cicatrices profondes, spécialement parmi la jeunesse totalement désorientée surtout en Afrique. En conclusion, face à un monde en crise en perpétuel mouvement, avec le danger du réchauffement climatique qui menace l’humanité, s’impose une gouvernance rénovée et une coordination mondiale tant en matière de politique étrangère, économique que sécuritaire, le terrorisme étant une menace planétaire, actions liées, afin d’agir sur les événements majeurs et faire du Bassin méditerranéen et de l’Afrique un lac de paix et de prospérité partagée.

A. M.