Voilà qu’on s’en prend de nouveau à notre islam séculaire, paisible et rassembleur. C’est un imam officiant dans une mosquée de la ville d’Oran qui a reçu des menaces de mort de la part de salafistes prônant une conception pure et dure de la religion. Parallèlement, un leader de cette mouvance, connu pour ses positions extrêmes, exhorte tous les croyants à tuer les non-musulmans ! Des observateurs parlent ingénument de «retour à l’intolérance» alors que celle-ci a toujours été solidement ancrée dans notre société et qu’elle ne l’a jamais quitté pour prétendre faire un retour. Il n’y a qu’à voir les comportements quotidiens des citoyens dans les lieux publics pour se rendre compte de l’instauration d’une religiosité affichée partout de façon ostentatoire. Au magasin qui passe en boucle les sourates du Coran tout en continuant à mener son commerce, au fonctionnaire de l’institution publique qui met bien en évidence le tapis de prière au bureau en passant par cette multitude de véhicules où sont imprimées sur les pare-brises des formules telles que «Macha Allah», «Hada min fadhl Rabbi» (ceci est de la grâce du Seigneur) sans oublier les incantations du genre «N’oublie pas Bismi Allah»…Ces pratiques sont nouvellement entrées dans nos mœurs et, franchement, a-t-on besoin de l’écrire ou de l’étaler pour prouver aux autres qu’on est croyants ? Ce besoin d’étaler sa foi, n’est-il pas en définitive une manière d’exorciser ses propres incertitudes ? S’il y a une religion qui est exclusivement basée sur la relation directe entre le Créateur et Sa créature, c’est bien l’Islam qui se passe de clergé et d’apparats. Il est recommandé d’être discret, de vivre sa foi dans l’humilité et surtout de ne rien imposer aux autres, «Rappelle, tu n’es que celui qui fait entendre le rappel, et non celui qui impose…» (Sourate El Ghachia). C’est ce que devraient méditer tous ceux qui appellent au meurtre.