Équilibres macro financiers et macro économiques ?: Quels impacts, la détérioration de la balance commerciale de l’Algérie durant le premier trimestre 2025 ?

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 Le  rapport officiel de l’Organisme National de la Statistique ONS du 09 aout  2025, organe officiel du gouvernement, démentant certains pronostics de certains soi-disant experts organiques algériens  pour reprendre l’expression du grand philosophe italien  Gramsci  , induisant en erreur tant le président de la république que  l’opinion publique, montre un déséquilibre croissant de la balance commerciale  entre 2O23/2024  et le premier trimestre 2025, une baisse drastique des exportations hors hydrocarbures, reflet d’une économie fortement dépendante du cours des hydrocarbures et interpelle à plus d’un titre le gouvernement pour remédier à cette situation, car relevant de la sécurité nationale  impliquant une nouvelle gouvernance.

1.-En valeur, en 2O24, les importations ont atteint, au cours de 132 dinars un dollar  1 787,2 milliards de dinars,(13,53 milliards de dollars )  contre 1 496,3 milliards de dinars en 2023 (11,33 milliards de dollars ) , soit une hausse de 19,4%, cette hausse touchant en valeur  les boissons et tabacs , +54,1% ; les combustibles minéraux, lubrifiants , +47,4% ; les huiles/  graisses , +18% ; les articles manufacturés divers ,  +15,9% et les produits   alimentaires et animaux vivants : +1,9%. SI cette tendance se poursuit  nous aurons fin 2025 54,12 milliards de dollars de biens   ce qui nous donnerait plus de 61 milliards de dollars fin 2025 , ce montant montrant  la disproportion sans compter les  dépenses en dinars, entre les dépenses et les impacts économiques et sociaux   Mais le document le plus significatif  n’est pas la balance commerciale mais la balance des paiements qui inclut les services et les mouvements  de capitaux  (pour cela la dette extérieure algérienne es très faible moins de 3% du PIB) et les importations de services, environ  7 milliards de dollars de services, ayant assisté à une réduction drastique puisque le montant  vers les  années 2018/2019 dépassant les 11/12 milliards de dollars. Ce qui donnerait un montant  d’importation de biens et services dépassant les  61 milliards de dollars 

2 ;-Quant aux    exportations, elles  ont atteint en 2O24 , 48,82 milliards de dollars, contre 54,95 milliards de dollars, en 2O23  soit une baisse de 12,4 %..Pour le premier trimestre 2025, les exportations algériennes ont accusé une baisse de 5,8% en valeur, passant de 1 610,6 milliards de dinars au T1 2024(12,2O milliards de dollars   à 1 517,9 milliards au T1 2025 (11,49 milliards de dollars, ce  recul s’expliquant  par une  baisse des volumes exportés (-4%) et un repli des prix (-1,8%) , les volumes exportés ayant baissé   de 2,9% et les  exportations hors hydrocarbures  de 16%, malgré une hausse des prix de 5,8%. Si cette tendance se poursuit au cours de ‘l’année 2025 ,  le montant des exportations  fin 2025  serait  45,96 milliards de dollars  s’expliquant par  une baisse combinée des volumes exportés et des prix sur les marchés internationaux, le volume global des exportations ayant  diminué de 4 %, avec une chute de 2,9 % pour les hydrocarbures et de 16 % pour les produits hors-hydrocarbures. Les exportations hors-hydrocarbures  ont connu une évolution marquée depuis 2019. En 2020, leur valeur a reculé  de 1,95 milliard de dollars, taux de change officiel moyen était de 1 dollar = 126,5 dinars), contre 2,09 milliards, taux de change officiel moyen de 1 dollar = 119 dinars) en 2019, en raison de la crise sanitaire liée à la Covid-19. En 2021, elles ont progressé pour atteindre 4,5 milliards de dollars, taux de change officiel moyen de 1 dollar = 135 dinars), avant d’atteindre un sommet en 2022 avec 5,81 milliards de dollars, taux de change officiel moyen de 1 dollar = 142 dinars). Cette hausse est intervenue dans un contexte de flambée des prix du pétrole, liée à la guerre en Ukraine. En  2023, la valeur des exportations hors-hydrocarbures a chuté à  4,77 milliards de dollars, taux de change officiel moyen 1 dollar = 135,9 dinars) et  en 2024 la baisse a continué  avec 3,56 milliards de dollars d’exportations, taux de change officiel moyen l’année dernière de 1 dollar = 134 dinars en raison  du  recul des prix du pétrole, donc baisse des prix à l’exportation. Au cours du premier trimestre 2025, les exportations hors-hydrocarbures ont atteint  885 millions de dollars (au taux de change officiel moyen de 1 dollar = 132 dinars) représentant  une baisse par rapport à la même période en 2024, où elles s’élevaient à 982 millions de dollars) soit en tendance annuelle  3,5 milliards de dollars

3.- Comme résultante des écarts en valeur entre  les importations en croissance et les exportations en diminution,   la balance commerciale, affiche un déficit de 269,3 milliards de dinars soit au même cours de 132 dinars un dollar, 2,O4 milliards de dollars contre un excédent de plus de 88O milliards de dollars pour 2023 . Le taux de couverture,  passant de 107,6% à 84,9%. Si la même tendance se poursuit,  incluant les services environ 7 milliards de dollars pour les servies,  nous aurons plus de  15 milliards de dollars   de déficit de  la balance de piment  fin 2025. Aussi,  face à cette détérioration tant de la balance commerciale que de la  balance des paiements, cette situation  est inquiétante et influe  sur le  niveau des réserves de change.  En  m’en tenant aux données officielles  du FMI lors de sa mission à Alger en juillet 2025 qui avait donné un montant provisoire  de 67 milliards de dollars fin 2024 contre 7O  fin 2O23, selon les données  de l’ONS  les réserves de change clôturaient fin 2025 à moins de   5O milliards de dollars . Toutes ces données doivent prendre en compte pour 2O25 à la fois des taxes douanières américaines de plus de 3O% sur les produits sidérurgiques  et l’interdiction du dumping  pour ce segment  qui constitue une grande fraction des exportations hors hydrocarbures.  Comme il faudra être attentif aux impacts de  la décision de l’arbitrage  entre l’Algérie et l’Union européenne  fin septembre 2025. Comme le   PIB de 268  milliards de dollars  étant  irrigué  par la dépense publique via la  rente de Sonatrach pour plus de 8O%.il conviendra d’analyser les impacts des accords USA/Union européenne d’acheter du pétrole et du gaz pour un montant annuel de 25O milliards de dollars  représentant plus de 5O% des besoins énergétiques de l’Europe sur les exportations en direction de ‘l’Europe   qui influeront sur  les recettes  de Sonatrach  confrontée à la forte consommation  intérieure ( environ 45/5O% de sa production) .

En conclusion  à moins d’un attrait massif des IDE , d’un accroissement des recettes de Sonatrach, les tensions budgétaires risquent de s’accentuer où le déficit budgétaire prévu par la loi de finances 2025 dépasse les  61 milliards de dollars, avec un impact sur le taux de croissance, de  l‘emploi et de l’inflation et bien entendu sur le niveau des réserves de change et donc sur les équilibres  macro- financiers et macro-économiques, voir sur le poids de ‘l’Algérie dans les  relations internationales .  Je   voudrai attirer l’attention des pouvoirs publics  que le le tissu économique  algérien  pour 2O24 et certainement pour  2025 a peu évolué  , que 85% des matières premières  et équipements tant des entreprises publiques ,  privées  et  de l’administrations sont importés et que  le taux d‘intégration ne dépasse pas 15% et que la PART du secteur industriel ne dépasse pas 5% du PIB . Aussi , il serait suicidaire  une restriction aveugle  des importations sans ciblage paralysant tout l’appareil économique , le commerce  extérieur , indissociable du commère intérieur devant   relever ‘une planification stratégique   Car , force est de constater la forte dépendance de l’économie algérienne aux hydrocarbures  face aux  prix volatils  qui échappent à la décision interne, .ayant assisté  selon l’ONS  durant le premier trimestre 2O25 à une diminution simultanée des volumes et des prix à l’exportation  Les exportations hors hydrocarbures ne se décrètent par  voie administrative  mais relèvent    d’entreprises publiques et privées  concurrentielles en termes de coûts et  de qualité  face à la  concurrence internationale. Le défi principal de ‘l’Algérie pour asseoir  une économie diversifiée et attirer les IDE créateur de valeur ajoutée  implique de profondes réformes structurelles renvoyant à la bonne gouvernance et la valorisation du savoir.

Professeur des universités, expert international docteur d’Etat 1974  Abderrahmane MEBTOUL

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