En dépit d’une grande contestation populaire: Bensalah appelle le gouvernement à veiller sur la prise en charge des besoins des citoyens

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La 8e manifestation du vendredi à Alger.

 Le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, a appelé, jeudi dernier le gouvernement à veiller au bon fonctionnement de l’administration et des services publics et ce, en dépit d’une grande contestation populaire qui rejette tout le processus électoral enclenché par le système en place.

Lors de l’audience qu’il accordée au Premier ministre, Noureddine Bedoui, le chef de l’Etat a donné ses orientations relatives à l’action gouvernementale, comme il a insisté pour que le gouvernement veille au bon fonctionnement de l’administration et des services publics.  Il a également instruit le Premier ministre à l’effet d’accorder une attention particulière à la prise en charge des besoins des citoyennes et des citoyens. La transition politique, conséquence des revendications des Algériens exprimées dans le mouvement populaire, doit se faire dans la douceur et de manière progressive et pacifique, estiment ces mêmes observateurs, pour qui la démission du président Bouteflika, est une page importante dans l’histoire de l’Algérie après que le peuple algérien eut montré, ces dernières semaines, par une mobilisation continue, digne et pacifique, qu’il était déterminé à faire entendre sa voix, exprimant sa confiance dans la poursuite de la transition démocratique. Dans ce sens, la classe politique a proposé plusieurs feuilles de route, les unes attachées au respect du cadre constitutionnel, d’autres appelant à la mise en place d’une instance chargée de gérer une courte phase de transition. Ainsi, le Mouvement de la société de la paix (MSP) a estimé dans ce cadre que l’application de l’article 102 de la Constitution, enclenchant la procédure de déclaration de l’état d’empêchement du président de la République, est une issue à la crise, relevant, toutefois, qu’elle « ne permet pas à elle seule la concrétisation des réformes, la transition démocratique et l’organisation d’élections crédibles et transparentes ». Situant le rôle de l’armée dans cette conjoncture, il a indiqué qu’il lui revient « d’accompagner » l’aboutissement d’un règlement politique de consensus à la crise politique et la préservation du caractère civil de l’Etat algérien, réitérant son appel pour la création d’une instance indépendante d’organisation des élections. Abondant dans le même sens, le parti Talaie El-Hourriyate de l’ancien chef du gouvernement Ali Benflis, a considéré que l’appel du général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), portant sur l’application de l’article 102 de la Constitution, « illustre la volonté de l’ANP à contribuer à trouver une issue rapide à la crise actuelle à même d’éviter que la situation ne se complique davantage ». Néanmoins, l’application de l’article 102 à elle seule « ne suffit pas comme base de règlement de la crise politique », selon ce parti qui juge nécessaire d’assurer les « conditions de transparence » pour permettre au peuple algérien d’exprimer son choix « librement et sans aucune tutelle ». Le Rassemblement national démocratique (RND), l’un des principaux partis de l’alliance présidentielle, a préconisé de former « rapidement » un gouvernement afin d’éviter tout vide constitutionnel. Son secrétaire général, Ahmed Ouyahia, a salué la proposition du général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, relative à l’application de l’article 102 de la Constitution, estimant que cela « évitera au pays une situation de blocage », rendant hommage à l’ANP qui « veille à la sécurité de l’Algérie et au respect de la Constitution ».  Ouyahia a indiqué avoir exhorté, il y a quelques jours, le pouvoir à consentir « davantage de concessions » en vue d’appliquer la politique annoncée dans les messages du président de la République en date du 3 et 11 mars. Cependant, a-t-il ajouté, les évènements enregistrés au quotidien démontrent que cette démarche politique se confronte à une impasse ». Il a invité, dans le même temps, M. Bouteflika à « présenter sa démission conformément à l’article 102 de la Constitution ». A l’opposé de cette vision, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), qui considère que l’application de l’article 102 de la Constitution intervient « tard », propose une mise à plat de l’édifice institutionnel. Pour ce faire, il a préconisé la démission du chef de l’Etat et la dissolution des deux chambres du Parlement et du Conseil constitutionnel. Le premier pas consiste ensuite à créer une « haute instance de transition, dotée de tous les moyens » pour piloter une phase de transition « la plus courte possible ». Dans la foulée, le parti, présidé par Mohcine Belabbas, se prononce en faveur de l’élaboration d’un projet de la nouvelle Constitution et de nouvelle loi électorale. Il a proposé également la création d’une instance nationale indépendante pour l’organisation des élections, dans le cadre de ce processus devant aboutir l’élection du président de la République « avant fin octobre 2019 ». Le Front des forces socialistes (FFS), qui a toujours revendiqué l’élection d’une assemblée constituante, a adopté une position tranchée, estimant que l’application de l’article 102 « ne répond pas aux revendications du peuple algérien qui demande le changement du système et non un changement dans le système ». Pour le plus vieux parti d’opposition, le changement « doit être l’émanation de la volonté populaire par l’élection d’une assemblée constituante souveraine et l’avènement de la 2ème république, c’est-à-dire la consécration de l’Etat de droit, l’alternative démocratique et sociale ». Le Parti des travailleurs (PT) a noté, de son côté, que l’application de cet article implique le « maintien » du gouvernement actuel et les deux chambres du Parlement, dont « le départ est réclamé par l’écrasante majorité du peuple ». Pour cette formation, la seule issue réside dans une « assemblée constituante nationale souveraine », par le biais de laquelle le peuple définira la nature du régime et des institutions à mettre en place pour « la satisfaction de toutes ses aspirations démocratiques, économiques, sociales, et culturelles ». Avant que le chef d’état-major ne rende publique, le 26 mars, sa proposition d’application de l’article 102 de la Constitution, le parti du Front de libération nationale (FLN) avait appelé l’ensemble des forces politiques à adhérer à la feuille de route (Conférence nationale inclusive) à laquelle avait appelé le président Bouteflika, affirmant que toutes les propositions qui « tentent de créer des cas de vacance au sein des institutions de l’Etat peuvent conduire à l’anarchie ». Cette formation a rejeté la proposition de mise en place d’une « instance présidentielle », estimant qu’elle va « recréer le scénario de 1992 à travers les tentations d’implication de l’armée dans le processus ». Des partis d’opposition, des représentants de syndicats autonomes et des personnalités nationales, réunies le 23 mars au siège du Front algérien pour le développement, la liberté et la justice (FADLJ), avaient proposé « une feuille de route pour une solution politique dans le cadre de la légitimité populaire, à mettre en œuvre au terme de l’actuel mandat présidentiel ». Cette feuille de route prévoit « l’institution d’une courte période de transition au cours de laquelle les prérogatives du président sortant seront transférées à une instance présidentielle composée de personnalités nationales connues pour leur crédibilité, probité et compétence. L’Instance aura pour mission de prendre en charge les revendications du peuple et ses membres s’abstiendront de toute candidature ou proposition de candidature lors des prochaines échéances électorales ». Pour rappel, le Général de Corps d’Armée Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, Chef d’Etat-Major de l’Armée nationale populaire (ANP) avait affirmé, jeudi dernier à Oran, que « l’Algérie mérite, de tous ses enfants là où ils se trouvent, d’être son rempart inébranlable notamment à l’ombre de cette étape décisive ». « Autant nous sommes satisfaits à chaque inspection des Régions et des Forces, autant nous demeurons toujours plus exigeants, car les défis se multiplient et s’accélèrent, et l’Algérie mérite, de tous ses enfants là où ils se trouvent, d’être son rempart inébranlable notamment à l’ombre de cette étape décisive », a-t-il souligné dans une allocution prononcée lors d’une réunion de travail regroupant le commandement, les états-majors, les responsables des différents services de sécurité, les commandants d’unités et les directeurs régionaux, tenue au 4e et dernier jour de sa visite à la 2e Région militaire. Le Général de Corps d’Armée a insisté dans son allocution sur « la nécessité de n’épargner aucun effort avec dévouement, persévérance et loyauté », soulignant qu’ « il s’agit de la réputation de notre pays et de l’image de marque de son Armée ». Il s’est dit intimement convaincu » qu’ »il n’y a aucune crainte pour une patrie dont les personnels de son Armée sont imprégnés des valeurs de leur glorieuse histoire nationale, et considèrent la valorisation de ses leçons et ses enseignements comme la lumière qui éclaire leur chemin, pour détenir davantage de puissance, à même de garantir l’omnipotence de l’Algérie et de préserver sa souveraineté nationale et son unité territoriale et populaire ». Le Chef d’Etat-Major de l’ANP a mis l’accent, lors de cette réunion, sur la nécessité de persévérer à consentir davantage d’efforts laborieux afin de maintenir la disponibilité opérationnelle des personnels et des unités à son plus haut niveau et de veiller à la parfaite préparation et le bon entrainement des personnels de ces unités pour qu’elles soient constamment dotées de capacités leur permettant d’accomplir leurs missions. Il a rappelé, dans ce contexte, que « tous les facteurs de réussite ont été réunis grâce à l’intérêt particulier qu’accorde le Haut commandement de l’ANP pour hisser le corps de bataille de l’Armée au niveau escompté, comme il a été mis à disposition tous les moyens de développement professionnel en termes d’équipement, de formation, de préparation et de sensibilisation ». Gaïd Salah a souligné avec « une grande satisfaction » que « tous ces efforts consentis, sur plus d’un plan, ont permis d’atteindre un haut degré de professionnalisme et une expérience combative et opérationnelle avérée, comme ils ont induit, essentiellement, une prise de conscience quant à la sensibilité des missions confiées et l’impératif de leur accomplissement de la façon la plus judicieuse ».