Deux jeunes adolescents roulent en moto et ont dû certainement doubler ou faire une entourloupe à un adulte. Celui-ci sans doute touché dans son amour-propre, les poursuit, les plaque contre un mur et les écrase du poids de son 4X4. L’un des garçons meurt sur le coup, l’autre est dans le coma à l’hôpital de Bab El Oued. Cette horreur s’est passée le vendredi soir dans la ville de Zéralda. Elle pourrait se passer n’importe où tant la violence est en passe de devenir le seul moyen de «dialogue» et entre des Algériens de plus en plus prompts à sortir la lame pour n’importe quel prétexte anodin. Cela va de la place au souk que se disputent deux jeunes revendeurs en passant par le regard ou la parole de trop, la beuverie qui tourne mal, ou tout simplement une agressivité banale. Les crimes pour des raisons «bêtes et méchantes» sont légion et chaque jour la presse nationale rapporte le meurtre gratuit d’une personne dans n’importe quelle contrée du pays. Pourquoi cette recrudescence de la violence dans un pays où la religion musulmane est fortement ancrée et recommande clairement d’emprunter les voies les plus pacifiques pour régler les différends ? Comment expliquer ces foules qui se dirigent vers la mosquée pour la grande prière et les prêches porteurs de paix, et qui retombent aussitôt dans l’agressivité ambiante dès la sortie ? En réalité la violence commence dans la cellule familiale où beaucoup de parents y recourent, convaincus que c’est le seul moyen d’éduquer leurs enfants, et se «parfait» à l’école où de plus en plus de pères Fouettard déguisés en enseignants se baladent avec des tuyaux en caoutchouc dans leur cartable pour corriger sévèrement l’élève qui n’a pas appris sa leçon ou qui répond mal à la question. Parce que, vous-diront-ils, ils ont reçu le même traitement dans leur scolarité. Voilà donc comment on forme des monstres prêts à ôter la vie pour un oui ou pour un non.