Économie: L’année 2023 sera-t-elle l’année de la relance économique pour l’Algérie ?

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Devant avoir un langage de vérité, afin d’éviter les erreurs du passé, force est de constater que le dynamisme, au niveau international, contraste malheureusement, et c’est l’avis objectif de la majorité des expert internationaux, non les organiques soucieux surtout d’une rente, avec la situation économique entre 2022/ 2023 où la relance économique, promise déjà en 2022 par le Premier ministre, peine à démarrer en 2023 alors qu’à terme (voir la Chine) la force d’une Nation dans les relations internationales repose sur l’économique. On constate que certains responsables face au blocage, mentalités bureaucratiques, sont tentés par l’élaboration de nouvelles lois (en Algérie existe trop de lois rarement appliquées) alors qu’il faut s’attaquer à l’écosystème. Gouverner, c’est prévoir, cela nécessite, pour l’Algérie, des prévisions à moyen et à long terme et donc une planification stratégique qui ne soit pas conjoncturelle.

1 – Dans ce cadre où en est le bilan des projets réalisés suite aux orientations du président de la République lors de différents Conseils de ministres, et des différentes réunions gouvernement / walis au niveau de chaque ministère et wilaya ? Rappelons-nous les différentes déclarations de dizaines de milliers de projets entre 2000/2020 dont plus de 80% n’ont jamais vu le jour, d’autres abandonnés après avoir bénéficié des avantages financiers et fiscaux de complaisance des anciennes structures ANSEJ et ANDI et qu’en est-il du nouveau code d’investissement comme moyen d’attrait des IDE. Citons quelques cas récents relatés par la presse nationale, certains s’aventurant à parler d’exploitation alors qu’une lettre d’intention avec un partenaire étranger n’est pas un contrat définitif et le dépôt d’un dossier n’est pas nécessairement la concrétisation d’un projet.

– le projet pétrochimique d’Arzew, abandonné par Total et récemment attribué à Petrofac HQC pour un coût de 1,5 milliard de dollars, avec un retard de 5 années, la mise en exploitation étant prévue dans 42 mois soit fin 2027;

-le projet du gazoduc Nigeria-Algérie toujours en gestation, devant avoir l’accord de l’Europe principal client qui ne s’est pas encore prononcé évalué par l’Union européenne et qui selon nos informations n’est pas la priorité, axant la stratégie sur les énergies renouvelables et hydrogène vert dont le coût est estimé par l’UE à environ 20 milliards de dollars en 2020 contre 10 en 2012, étant plus rentable que celui passant par le Maroc plus de 30 milliards de dollars sans compter les délais de réalisation supérieur de 5 ans;

-le projet Galsi, via la Sardaigne abandonné par l’Italie en 2012 où le coût à cette date pour 8 milliards de mètres cubes gazeux était de plus de 3 milliards de dollars (tracé complexe) dont le coût de réalisation a certainement augmenté;

-l’exploitation du fer de Gara Djebilet devant ramener le taux d’oxydation de 0,8% à moins de 0,1% et d’importants infrastructures pour sa commercialisation où le 9 mai 2022, le ministre des Mines (source APS), annonce officiellement que la réalisation du projet de Gara Djebilet, nécessitera la réalisation de plusieurs installations, aurait un coût variant entre 1 et 1,5 milliard de dollars par an sur une période allant de 8 à 10 ans, soit entre 10 et 15 milliards de dollars;

– les projets de réalisation de 2 usines d’engrais phosphatés à Skikda et Tébessa, pour un investissement de 6 Mds US, toujours en négociation avec la Chine pour le financement;

-le projet gisement de zinc et plomb à Oued Amizour, qui vient seulement d’être réactivé en mai 2023, sans préciser le coût de réalisation, d’un potentiel minier exploitable estimé à 34 millions de tonnes pour une production annuelle de 170 000 tonnes de concentré de zinc, devrait entrer en production en 2026;

-le port de Cherchell d’un coût estimé entre 4 et 5 milliards de dollars, l’Algérie n’étant même pas classée au niveau international parmi les 200 ports les plus performants dans le monde dans le dernier rapport international 2023;

– de la rentabilité pour la production d’or dont les réserves, en volume, n’ont pas changé d’un iota depuis 2007 (173 tonnes);

– où en sont les projets d’usine de voitures dont on devra été attentif au coût et au prix de vente, fonction de la capacité de production (les normes internationales donnant une capacité de 350 000/400 000 voitures par an pour le seuil de rentabilité), avec la détérioration du pouvoir d’achat des couches moyennes principaux acheteurs, où après l’annonce de la production de Fiat en mars 2023, puis septembre 2023, on nous annonce un nouveau report pour mars 2024. Seulement pour les quelques projets cités, le montant du financement en devises dépasse les 40 milliards de dollars.

2 – Pour d’autres sujets importants souvent relatés par la presse nationale

– Pour le montant des exportations hors hydrocarbures, pour plus d’objectivité, il faut éclater la rubrique, donner le volume et pas seulement la valeur par rapport aux années précédentes, où selon les statistiques douanières pour 2022 sur environ 5 milliards de dollars plus de 60/65% sont des dérivées des hydrocarbures (inclus d’ailleurs dans la recette globale pour 2022 des 60 milliards de dollars de Sonatrach, devant éviter des doubles emplois). Si on soustrait les autres produits semi-bruts nous arrivons à plus de 80%, restant 20% pour les produits à valeur ajoutée concurrentiels, soit un peu plus d’un milliard de dollars. Par ailleurs, il faudra dresser la balance devises en soustrayant des recettes brutes, les matières premières importées en devise (en 2022 le taux d’intégration des entreprises publiques et privées ne dépasse pas les 15%) et les différentes exonérations financières et fiscales.

– Quel est le bilan de la politique des subventions ciblées et la lutte contre l’inflation afin de préserver la nécessaire cohésion sociale, encore que nous assistons à un nivellement par le bas laminant les couches moyennes pilier du développement et le taux d’inflation a atteint près de 10% l’officiel, le taux étant certainement supérieur du fait que l’indice n’a pas été réactualisé depuis 2011 (l’Algérien n’étant pas seulement un tube digestif), les pièces détachées toutes catégories, les produits informatiques ainsi que ceux non subventionnés le taux a dépassé les 100% entre 2020 et mai 2023 laminant le pouvoir d’achat.

-Où en est le bilan de la lutte contre la sphère informelle qui, selon les données contradictoires, du fait de l’effritement du système d’information contrôlerait plus de 35% de la superficie économique et entre 6000 et 10.000 milliards de dinars de la masse monétaire en circulation, selon les données du président de la République début 2022 ?

– Dans la lutte contre le réchauffement climatique quelle est la part des énergies renouvelables, car avec les subventions généralisées, la consommation intérieure de pétrole et de gaz représente en 2022 presque l’équivalent des exportations (42% en 2022 avec un accroissement de plus de 60% entre 2010/2022 ) sans une véritable coordination intersectorielle notamment entre le ministère de l’ Energie et celui de l’Habitat, continuant à construire des millions de logements selon les méthodes traditionnelles énergivores. La part des énergies renouvelables dans le mix énergétique est en 2022 d’environ 440 MW soit entre 1/ 2% de la consommation totale, les extrapolations du ministère de l’Energie visant une puissance installée d’origine renouvelable de 22 000 MW horizon 2030 dont 40% pour couvrir la consommation intérieure et une partie exportable et de l’hydrogène vert. En 2022, la production et la consommation d’énergie, y compris dans le secteur de l’électricité sont tirées des hydrocarbures à 98/99 %, ces prévisions seront-elles atteintes et quel sera la part respective des filières photovoltaïques, éoliennes en intégrant la biomasse, la cogénération, la géothermie et le solaire thermique et surtout le besoin de financement ;

-concernant l’emploi, il faut un taux de croissance de 8/9% en termes réels (le FMI et la Banque mondiale dans son rapport de mai 2023, prévoyant pour l’Algérie (le PIB étant estimé à 190 milliards de dollars en 2022 pour une population de plus de 45 millions d’habitants) pour 2023, une croissance de 1,7% contre 2,6% précédemment loin des prévisions du gouvernement de plus de 4%, tirée par la dépense publique pour absorber le flux additionnel annuel entre 3 50 000/400 000 par an qui s’ajoute au taux de chômage actuel ? Dans ce cadre, quel est le bilan de l’allocation chômage dont les inscrits selon le ministre du travail avoisine les 2 millions sur une population active d’environ 12,5 millions dans le recyclage au monde du travail collant avec l’environnement renvoyant d’ailleurs à la refonte de toute l’École depuis le primaire à l’Université afin d’éviter des diplômés chômeurs, posant la problématique du devenir de ces 1,5 million de candidats qui passent les examens nationaux (BEM et baccalauréat) en juin 2023. Le taux d’emploi, et c’est une loi universelle, étant un suicide de créer des emplois improductifs, en fonction du taux de croissance et de la structure des taux de productivité, devant être réaliste : sous réserve de la levée du verrou bureaucratique, de mobiliser le financement et pour certains projets de trouver un bon partenaire étranger, la rentabilité d’un projet mis en exploitation en 2023 nécessitera deux à trois années pour les PMI/PME et 5/7 ans pour les grands projets et chaque année de retard repousse les délais avec des surcoûts, où en économie le temps ne se rattrape jamais. Avant tout lancement d’un projet, s’impose une étude de rentabilité précise, afin d’être concurrentiel au niveau international, devant privilégier pour les avantages financiers et fiscaux la balance devises et pour pouvoir exporter, il faut d’abord produire à un coût compétitif.

-Où en est la récupération des biens des oligarques, en devises à l’étranger sachant que les importations de biens et services en devises ont avoisiné les 1000 milliards de dollars entre 2000/2020 et si on applique uniquement un taux de surfacturation de 10% nous aurons 100 milliards de dollars et qu’en est-il des placements dans les paradis fiscaux ou mis sous le nom de personnes étrangères qui sont soumis au droit international et non au droit algérien nécessitant une large coopération internationale ?

-Où en est la récupération des biens en des oligarques en dinars, le montant de 20 milliards de dollars (source APS 22/12/2022) qui concernent certainement toutes les unités, les comptes en banques et les biens, immobiliers mais pour avoir un solde positif, devant soustraire tous les crédits octroyés auprès des banques publiques non remboursés et se pose cette question, les unités récupérées, ont-elles été réactivées ou sont-elles en berne et dans ce dernier cas il y va pertes financières.

-A-t-on fait le bilan de la non-maîtrise de la gestion des contrats dont les pertes se chiffrent en centaines de millions de dollars en devises sans compter les frais en dinars concernant la majorité des secteurs. Cela ne date pas seulement d’aujourd’hui puisque selon les agences AFP et Reuters, information reprise par la presse algérienne du 15 mars 2012, environ 4,4 milliards de dollars est le montant que la compagnie pétrolière américaine Anadarko aurait perçu de Sonatrach en compensation de son renoncement à l’arbitrage d’un tribunal international sur le litige qui les opposait depuis 2006 . Récemment concernant l’arbitrage international engagé par le Fonds d’investissement émirati sur l’affaire Dounia Parc, l’Algérie a perdu perd le procès devant rembourser 280 millions de dollars, en plus des dommages et intérêts et paiement des frais d’arbitrage et Sonatrach a perdu l’arbitrage international dans le litige qui l’oppose, depuis 2021, au niveau la Cour internationale d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale (CCI) de Paris (France) au groupe espagnol Villar Mir ayant été condamnée à payer 120 millions d’ euros au groupe Villar Mir.

3 – Cependant, contrairement à certains discours de sinistrose ,où l’Algérie serait au bord de la faillite, connaissant la stabilité grâce aux efforts de l’ANP et des services de sécurité, il y lieu d’éviter certains discours d’autosatisfaction déconnectés de la réalité, source de névrose collective, discours dénoncés par la président de la République, exigeant une gouvernance rénovée, un langage réaliste et des réalisations effectives sur le terrain loin des promesses difficilement réalisables.. Force est de reconnaître, existant un lien dialectique entre développement et sécurité, qu’en ce mois de juin 2023, Sonatrach c’est l’Algérie et l’Algérie, c’est Sonatrach (plus de 97/98% des recettes en devises avec les dérivés inclus dans la rubrique hors hydrocarbures. Le cours du pétrole, selon les données économiques moroses du dernier rapport de la Banque mondiale de mai 2023, notamment la croissance de la Chine, de la zone euro et des décisions monétaires des banques centrales, est coté le 10 juin 2023 11h GMT à 75, 04 dollars le Brent ( 69,81 euros) et 70,35 dollars le WIT (65,44 euros), le cours des monnaies (euro/dollar) en plus des stocks américains influençant le niveau du cours de quelques dollars soit à la baisse soit à la hausse. Le gaz naturel, constituant environ 33% des recettes de Sonatrach, après avoir connu un seuil de 250/300 dollars le mégawattheure, au début du conflit en Ukraine, le 8 mai 2023 le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence européenne, s’échangeait à 35,92 euros le mégawattheure (MWh) et entre les 05/07 juin 2023 à 23, 545 euros, le niveau le plus bas depuis deux ans (une baisse de plus de 70%), encore que le prix est plus élevé en 2020, où le cours moyen avoisinait environ 15 dollars le mégawattheure. Les recettes de Sonatrach après avoir connu un montant de 60 milliards de dollars en 2022, extrapolées sur la base d’un cours moyens du baril de pétrole de 75/80 dollars et 11/12 dollars le MBTU de gaz varierait entre 45/ 50 milliards de dollars pour 2023, soit 10 à 15 milliards de dollars de moins qu’en 2022. Étant à l’aube d’une profonde reconfiguration des relations internationales, les menaces et défis étant nouveaux du fait de la révolution mondiale tant sur le plan militaire, économique, social et surtout culturel , le défi à relever est la transition d’une économie de rente avec la dominance d’une économie informelle spéculative à une économie de production de biens et services basée sur la bonne gouvernance et la connaissance. L’Algérie, en s’adaptant au mieux de ses intérêts au nouveau monde, pays à fortes potentialités, possédant des marges de avec des indicateurs financiers positifs, plus de 62 milliards de dollars de réserves de change fin février 2023, un endettement extérieur très faible 2,9 milliards de dollars fin 2022, peut devenir un pays pivot au sein des espaces méditerranéens et africains. Mais cela suppose de profondes réformes structurelles, plus de liberté, de transparence et de réhabiliter les vertus du travail.

  1. M.