Documentaire sur le club  phare de la Kabylie – « JSK 1946/1996, ou la Joyeuse Saga des Kanaris »

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« JSK 1946/1996, Asmi tervah »ou « JSK  1946/1996, la Joyeuse Saga des Kanaris » est le titre d’un nouveau film  documentaire sur la Jeunesse sportive de Kabylie, club de football le plus  titré d’Afrique.

Réalisé par Abderrazak Larbi Cherif, ce film qui sera diffusé en  avant-première lundi prochain à la maison de la Culture Mouloud Mammeri de  Tizi-Ouzou, retrace à travers des témoignages en français et un commentaire  du réalisateur en tamazight sous titré en français, 50 ans d’un parcours  parsemé de gloires et de réussite du club de football algérien. « Dans ce documentaire, j’ai voulu expliquer comment a été crée le club en  1946 sous le système colonial et comment il a vite commencé à réaliser de  bons résultats avant d’interrompre son activité en 1956 suite à l’ordre du  Front de libération nationale (FLN) aux équipes, toutes disciplines  confondues, de boycotter les compétitions », a indiqué son  réalisateur. Le film aborde ensuite la reprise à l’indépendance nationale en 1962 avec  l’ancienne ossature de la JSK qui a été renforcée par des éléments  algériens de l’ancien Olympique de Tizi-Ouzou (OTO). C’était alors le début  d’une ascension fulgurante pour la JSK qui a cette époque jouait en 3e  division.  A partir de 1968, le club phare de la Kabylie accède en deuxième  division et, une année plus tard 1969, à la première division. « A partir de cette date, la machine JSK s’est mise en branle sur le  chemin de la gloire », rappelle M. Larbi Cherif qui grâce à un montage de  séquence de matchs récupérés des archives de la Télévision algérienne, de  photos et de témoignages, fait revivre les moment forts de ce parcours de  50 ans, à commencer par le premier titre gagné par cette équipe, celui de  champion d’Algérie en 1973. « 1973 est une date importante parce que c’est et à partir de là que la JSK  enchaîne titres et trophées », a ajouté le réalisateur qui cite d’autres  dates dont 1977 où l’équipe décroche le doublée (coupe/championnat), puis  1981 avec sa première coupe d’Afrique contre Vita Club, la seconde de  l’histoire du pays après celle du MC Alger qui a ouvert les portes du  continent au football algérien en 1976. Ce documentaire de 90 minutes raconte comment la JSK a pris son envol  jusqu’à 1996, année qui marque le début du « déclin » de la JSK. M. Larbi Cherif a fait le choix de ne pas évoquer cette « période de  déclin », d’abord pour une raison technique, « car le film, de 90 minutes  risquait d’être trop long », et aussi pour ne montrer de la JSK que sa  période faste. « Parler de l’époque actuelle c’est comme mettre à l’ombre  cette période de réussite et de gloire de la JSK. Par ailleurs, il s’agit  d’une étape de la vie du club marquée par beaucoup de polémiques », a-t-il  argué.

« Saga des Kanaris », parcours d’une époque qui fait toujours rêver

 Le réalisateur de « JSK 1946/1996, ou la Joyeuse Saga des Kanaris », un  passionné de football, veut à travers son film et son choix de s’arrêter à  1996, n’évoquer que les pages de gloire des Jaune et Vert. « Je voulais qu’il soit un film positif qui rassemble. Raconter une époque  qui nous a fait rêver », a-t-il expliqué. « C’est un peu un film, pour moi et  tous ceux qui ont connu cette période de gloire de la JSK, expliquer à ceux  qui ne l’ont pas connu qu’il fut un temps où la JSK était un grand club et  que le football algérien était d’un bon niveau ». Le documentaire, que le réalisateur à eu l’amabilité de nous permettre de le visionner, s’ouvre sur des séquences de buts, marquées par la JSK, de  trophées remis, et de scène de supporters déchainés, en liesse dans des  stades archicombles. Séquences émouvantes qui, comme un voyage dans le  temps, plongent le téléspectateur dans l’époque glorieuse de ce club,  rappelant sa grandeur. Suivent des témoignages d’anciens joueurs de la JSK dont deux membres  fondateurs que le réalisateur a réussi à recueillir, à savoir Ali Benslama  et Moh-Lounes Madiou enregistrés en 2014 et décédés entre temps. Les noms  et témoignages d’Amar Haouchine, Ramdane Djezar, Ali Belahcene « Tchipalo »,  Driss Koli, Mouloud Iboud, Rabah Menguelti, Arezki Maghrissi, Rachid Dali,  Ali Fergani, Amara Mourad, Kamel Abdeslam, Rachid Adane, Moussa Saib, et  autres joueurs, s’égrainent le long du film qui rappelle ceux qui ont fait  la grandeur de la JSK. Outre ces témoignages, pour réaliser son documentaire entamé en 2013,  Larbi Cherif a pu obtenir des archives de la télévision algérienne même  s’il est resté sur sa faim n’ayant pas pu trouver des enregistrements de  certains matchs, notamment euro-africains, qu’il aurait souhaité exploiter.  Il a aussi récupéré d’autres archives chez d’anciens joueurs, des photos  notamment et chez Mustapha Rafai auteur d’un livre sur la JSK, utilisant  également des archives de presse. « La Joyeuse Saga des Kanaris » titre de ce documentaire qu’on peut  contracter en JSK, ce qui explique l’entorse à la langue de Molière, faite  par le réalisateur, en écrivant Canaris avec un K, consacre une part belle  à l’arrivé d’Abdelkader Khalef à la tête de la JSK. Ce « légendaire »  président  a donné un nouveau souffle au club en recrutant les meilleurs  joueurs d’Algérie dont Ali Fergani, Kamel Abdesslam, et Djamel Menad et en  engageant des entraineurs étrangers. « Il a ainsi professionnalisé l’équipe qui, à cette période faisait ses  stages à l’étranger, soit bien avant les autres clubs algériens ». Le  recrutement de l’entraineur polonais Stefan Zywotko qui a formé avec Khalef  Mahieddine, un duo d’entraineur « unique » dans les anales du football  algérien pour avoir duré 15 an, une stabilité qui a été bénéfique, « a  permis de moderniser le club qui s’était mis aux normes internationales du  football de l’époque », a observé Larbi Cherif. Et comme on ne peut parler de la JSK sans citer l’un de ces grands  supporters qui la suivait partout pour ses match et qui même malade  n’hésitait pas à faire des milliers de kilomètres rien que pour les  soutenir et les voir jouer, ce documentaire aborde l’attachement du grand  chanteur et poète disparu, Matoub Lounes au club phare de la Kabylie, avec  des témoignages d’anciens joueurs et un extrait d’archive ou l’enfant de  Taourirt Moussa parle de son équipe de football qu’il a chantée et adulée. Le message que le réalisateur, qui a déjà produit et réalisé quatre  documentaires (Kamel Hamadi l’art en fréquences, 17 octobre 61 le sang du  fleuve, Tahar Djaout, un poète peut-il mourir, et cheikh El Hasnaoui de la  Maison blanche à l’océan bleu), veut transmettre à travers ce documentaire  est celui d’espoir.  « La JSK est un grand club qui doit retrouver sa place, celle de la période  46/96 où elle dominait le football national et africain et qui a fait que  des journalistes africains et étrangers la surnommait FC Barcelone  africain, a-t-il dit. « Je veux dire aussi que ce club qui joue le maintien, était, il n’y a pas  longtemps un grand club de football. La vie des clubs est ainsi faite »,  déplore le réalisateur. « Ca arrive que de grandes équipes rentrent dans une  période de veille et de faibles résultats mais c’est des clubs qui  reviennent … les grands ne meurent jamais car ils ont des ressources pour  rebondir et c’est le cas de la JSK qui représente toute une région ».

B.M