Dix axes directeurs pour conforter le leadership de l’Algérie

0
41

Le défi du futur président de la république est de relancer la machine économique sur de nouvelles bases, autour de dix axes directeurs. Ce qui suppose une vision stratégique au sein des filières mondiales internationalisées, la définition précise des missions des institutions et la mise en œuvre de projets (délais, coûts, moyens humains, modes de financement en devises et en dinars, protection de l’environnement). Vaste programme! Ces axes directeurs ont été largement développés en 1992- agrément national ministère intérieur 63/92 que j’ai eu l’honneur de présider de 1992 à 2016 , c’est à dire il y a 32 ans  dans le programme de l’Association Algérienne de Développement de l’Économie de Marché ADEM largement diffusé  en arabe-anglais et français au niveau national et international  que certains redécouvrent que maintenant

Premier axe

La sécurité et la paix sociale, sans laquelle aucun développement n’est possible , la sécurité que connaît l’Algérie étant due grâce aux efforts de l’ANP et de toutes les forces de sécurité.  Avec les tensions géostratégiques tant aux frontières qu’au niveau mondial, cela implique une nouvelle approche des relations internationales, où les ambassades dé-bureaucratisées doivent servir d’appui aux actions internes. La nouvelle Constitution (l’article 91) confère certes au chef de l’État le pouvoir d’envoyer des unités de l’armée à l’étranger, mais subordonne cette décision à « l’approbation à la majorité des deux tiers du parlement ». « L’Algérie peut, dans le cadre des Nations Unies, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, et dans le respect de leurs principes et objectifs, participer au maintien de la paix » cette  proposition de sa participation aux opérations de maintien de la paix étant  « pleinement conforme » à la politique étrangère de l’Algérie qui repose sur des principes « fermes et immuables », à savoir le rejet du recours à la guerre, la non-ingérence dans les affaires internes des États ainsi que la résolution des conflits et des différends internationaux par des voies pacifiques.

Second axe

La mise en œuvre une politique s’orientant vers un véritable processus démocratique, une économie de marché concurrentielle à finalité sociale, conciliant efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale, avec un Etat régulateur et non gestionnaire, se fondant sur une société plurielle plus participative des partis politiques crédibles, permettant la responsabilisation pleine et entière de la société civile, signe évident de la vitalité de toute société, conciliant la modernité et la préservation de notre authenticité

Troisième axe

Une nouvelle politique de l’emploi renvoyant à une nouvelle politique de formation adaptée aux nouvelles technologies  et muter progressivement les services collectifs, qui  deviennent de plus en plus créateurs de valeur ajoutée  (éducation, santé. télécommunication,  transport, infrastructure) en introduisant les paramètres marchands pour tester leur efficacité, tout en  encourageant la mixité pour améliorer les prestations fournies aux consommateurs. Le pilier du développement en ce XXIème siècle est une nouvelle gestion  des ressources humaines, un Nation sans son élite étant comme un  corps sans âme. . est de mettre en place un minimum de Smig social où les différentes sensibilités puissent dialoguer dans un cadre organisé se fondant sur la tolérance et le droit à la différence. L’administration centrale et locale doit être rénovée en mutant progressivement les services collectifs

Quatrième axe

La refonte des institutions centrales et locales qui doivent être rénovées , au service du citoyen et non d’une caste du  pouvoir bureaucratique, liée à la bonne gouvernance, une nouvelle politique d’aménagement du territoire et de l’urbanisation, par une réelle décentralisation (six à sept grands pôles régionaux) et la création de grands ministères ; dont l’urgence d’un grand ministère d’Etat de la planification stratégique, un grand ministère de l’Economie, de l’Energie  et de l’Education nationale avec pour objectif un développement équilibré et solidaire, la lutte contre la bureaucratie centrale et locale néfaste qui bloque les projets créateur de valeur ajoutée, qui enfante la sphère informelle et donc la corruption.

Cinquième axe

Fondement de tout le processus de développement, il s’agit de donner le primat à la connaissance, évitant l’exode de cerveaux, devant avoir une autre politique vis-à-vis de notre diaspora à travers des partenariats intelligents, une Nation sans son élite étant comme un corps sans âme. Cela renvoie à une nouvelle politique de l’emploi de formation adaptée aux nouvelles technologies, réduire les inégalités sociales et revoir le système fiscal par la combinaison de l’équité verticale et horizontale et la politique des subventions ciblées inter socioprofessionnelle et inter régionale.

Sixième axe

Un nouveau management stratégique de Sonatrach, lieu de production de la rente, principale source de financement, dont les recettes doivent être orientées vers le développement d’une économie productive de projets créateurs de valeur ajoutée et pas seulement comme par le passé en favorisant l’importation. Car si les projets structurants sont mis en œuvre début 2025, pour les PMI/PME, la rentabilité ne se fera pas avant trois années et pour les grands projets, pas avant 7/8 ans.

Septième axe

La réforme du système financier dont  les banques publiques accaparant plus de 85% des crédits octroyés, (cœur des réformes) et la dynamisation de la bourse des valeurs, dynamiser d’une manière cohérente, les ouvertures de capital  et la privatisation et  soutenir le développement  par une administration centrale et locale rénovée, d’améliorer le  fonctionnement des marchés et des initiatives par une politique incitative d’encadrement macro-économique. assurer  la stabilité du cadre  macro financier éphémère  et instable tant qu’il y a la rente des hydrocarbures sans de profondes réformes structurelles, et transformer les richesses virtuelles  comme les réserves de change en richesses réelles , une production  hors hydrocarbures  par la dynamisation des entreprises, seules créatrices de richesses durables,   publiques, privés nationales  , un partenariat gagnant-gagnant  avec les étrangers et dynamiser les IDE- investissements directs étrangers – par l’assainissement du milieu des affaires dont la lutte contre la bureaucratie et la corruption produit de l’extension de la sphère informelle qu’il s ‘agit d’intégrer non par des mesures autoritaires bureaucratiques mais par des mécanismes transparents En ce XXIème siècle  avec le développement du monde en réseaux et  de l’intelligence artificielle qui bouleversent  les  modes d’organisation et les comportements,   les politiques industrielles globales sont  dépassées  devant  avoir une nouvelle politique  non de l’industrie globale, mais  de l’entreprise  non calquée sur les anciennes organisations hiérarchiques bureaucratiques mais  sur la souplesse des organisations basées sur la décentralisation des décisions économiques, la gestion  prévisionnelle des compétences, le travail en groupes  tenant compte des nouvelles technologies

Huitième axe

La   restructuration des capitaux marchands de l’Etat, évitant ces assainissements et réévaluations à répétitions, dépénaliser l’acte de gestion pour permettre aux managers de prendre des risques, à ne pas confondre avec la corruption, favoriser le partenariat public privé, PPP, la  privatisation partielle et totale, l’accélération de la transition numérique et énergétique (efficacité énergétique et énergies renouvelables) afin de lutter contre les impacts  réchauffement climatique.

Neuvième axe

Aucun pays de par le monde n’ayant une autosuffisance alimentaire à 100%, est de garantir un minimum de sécurité alimentaire, une nouvelle politique agricole axée sur une nouveau modèle de consommation alimentaire économisant l’eau douce ,qui deviendra de plus en plus rare, et cela concerne la majorité des pays et pas seulement l’Algérie, sur la préservation des meilleures terres qui sont au Nord, la mise en valeur des terres et des hauts plateaux du Sud. L’Algérie étant un pays semi-aride, une nouvelle politique de l’eau s’impose par une lutte contre les fuites dans les canalisations, développer le goutte à goutte dans l’agriculture, le dévasement des barrages par un entretien régulier et l’accélération de la construction d’unités de dessalement de l’eau de mer, étant prévu par l’ONU ; une sécheresse en Afrique du Nord entre 2025/2030. Le  taux de croissance ayant une signification limitée, il s’agit d’améliorer l’indice du développement humain comme le recommande le PNUD dont la santé et l’éducation. Concernant la maladie qui évolue en fonction de plusieurs facteurs, l’environnement (par exemple la pollution et les effets psycho sociologiques avec des dépressions), la sous-alimentation, il s’agit de revoir la gestion du système de santé, ayant de très bons professeurs de médecine dans toutes les spécialités, mais évoluant dans un environnement contraignant, devant avoir une vision globale car se trouvant au carrefour de plusieurs départements ministériels, y compris la production du matériel et des médicaments..

Dixième axe

Comme contenu dans toutes les constitutions depuis l’indépendance politique, la nouvelle politique économique devra s’inscrire, dans plusieurs contributions internationales, dans le cadre de l’espace Europe /Maghreb et plus globalement de l’espace économique Méditerranée/ Afrique, espace naturel de l’Algérie.

Conclusion

Le véritable patriotisme à ne pas confondre avec le nationalisme chauviniste, se mesurera par la capacité des Algériens d’améliorer leur niveau de vie grâce à leur contribution à la valeur ajoutée locale et mondiale. L’objectif pour un développement durable est de redonner la confiance sans laquelle aucun développement ne peut se faire. Les défis 2025/2030 pour l’Algérie sont une véritable stratégie d’adaptation pour une rapide relance économique qui suppose de profondes réformes.

Une Nation n’est forte et respectée que par son économie

Les derniers rapports du FMI et de la Banque mondiale montrent clairement que l’Algérie a d’importantes potentialités sous réserves de profondes réformes et soulignent que cette aisance financière est due à l’importance des recettes des hydrocarbures qui procurent 98% des recettes en devises avec les dérivées inclus dans la rubrique hors hydrocarbures pour 65% (source statistiques douanières 2023). L’Algérie, malgré un taux d’inflation et de chômage relativement élevé  est dans   une relative aisance financière: des réserves de change fin 2023 d’environ 69 milliards de dollars, non compris les 173 tonnes d’or; une dette extérieure de 1,5% du PIB, une dette publique maîtrisable d’environ 49,50% du PIB, et en prévision de 2024, un PIB de 263 milliards de dollars et par tête d’habitant de 5.720 dollars, un taux de croissance de 4,1% en 2024 selon la Banque Mondiale, une prévision de 400 milliards de dollars entre 2028/20320,sous réserve d’un taux de croissance de 4/5% et 100 milliards d’exportation de gaz naturel et la réalisation des projets structurants prévus  durant cette fin de période 2030. Ces rapports montrent qu’il faut, avoir 7/8% de croissance sur plusieurs années afin d‘absorber un flux additionnel de demandes d’emplois entre 350.000/400.000 emplois nouveau par an du fait de la forte pression démographique, 46,30 millions d’habitants au 1 janvier 2024 devant donc dynamiser l’appareil de production hors hydrocarbures afin de lutter contre la détérioration du pouvoir d’achat atténué par l’importance des transferts sociaux qui ne peuvent qu’être transitoires, ayant totalisé plus de 5000 milliards de dinars en 2023 soit au cours de 134 dinars un dollar 37,31 milliards de dollars.

Abderrahmane Mebtoul, Professeur des universités-Expert international- Docteur d’Etat 1974

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici