«Long… est le chemin» est le nouveau roman de l’écrivain Mohamed Djaafar. Publié récemment à compte d’auteur, à travers ses 420 pages, ce roman relate des tranches de vie entrelacées de plusieurs familles luttant pour leur survie dans une bourgade imaginaire de l’Algérie, colonisée depuis un siècle.
Il s’agit du deuxième ouvrage après son premier roman publié en 2014 «Les oiseaux de la nuit». Mohamed Djaafar est né à Bordj Bou Arreridj en 1955. Il a suivi des études de droit à Alger avant de poursuivre son cursus en Belgique. A travers ce titre, il invite ses lecteurs à découvrir une période méconnue de l’histoire authentique et hautement humaine des Algériens dans les années 1930 à travers le prisme de personnages hauts en couleurs aux prises avec un quotidien des plus difficiles. En plus des récits qui mettent au jour une période méconnue et des «générations oubliées» de l’histoire «coincées entre la colonisation et la deuxième guerre mondiale», ce roman renseigne sur un univers et un mode de vie ancré dans l’imaginaire collectif algérien. « Long…est le chemin» plonge le lecteur dans l’habitat et le mode de vie authentique d’un village qui ne connaissait pas encore l’électricité et où l’agriculture vivrière nourrit des habitants qui comptent chacun sur un métier artisanal pour subvenir aux besoins des siens. S’il évoque clairement les déboires de la population avec les autorités coloniales, la discrimination et l’exploitation, l’auteur a réussi à dissoudre les affres de la colonisation dans le quotidien des habitants, axe principal du récit, tel qu’ils l’on vécu.
Un parcours restituant l’univers des ouvriers algériens immigrés
Dans le village de Webbane, le récit s’articule autour de la famille de Slimane, ouvrier du chemin de fer se tuant à la tâche, malgré une petite invalidité, avec la hantise de voir ses trois enfants manquer de nourriture ou de voir son aîné Bouzid abandonner l’école. Lahlali, le frère de Slimane, obtient une autorisation pour aller travailler dans les houillères du nord de la France. Son voyage et son parcours restituent l’univers des premiers ouvriers algériens immigrés débarquant dans un pays où tout leur est étranger. Une année avant de passer son certificat de fin d’études primaires, le jeune Bouzid devient l’écrivain public du village rédigeant des lettres aux maris, frères, et pères partis travailler en France, ce qui en fait le confident de tous les habitants du village. Bouzid se retrouve impliqué dans une ancienne liaison amoureuse entre son oncle et Rita la gitane, dans la vie de Bariza abandonnée avec deux enfants et qui ne trouve de salut que dans la prostitution, ou encore dans la rédaction d’affiches et de messages pour les militants du Parti du peuple algérien. Le diplôme de Bouzid se révèle être une solution aux problèmes de nombreux habitants du village, le jeune garçon est sollicité pour différents emplois et apporte une aide considérable au foyer et à ces proches. C’est également par Bouzid, seul personne sachant lire, que le village apprend l’arrivée de la guerre avant que le crieur public n’annonce la mobilisation générale, avant que les événements du roman ne s’enchaînent relatant la guerre, le militantisme pour l’indépendance de l’Algérie et la Révolution de Novembre vue par les villageois de Webbane.
Selma D.