Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a réaffirmé, depuis Addis-Abeba, l’attachement de l’Algérie au droit légitime de l’Afrique à accéder à la qualité de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, soulignant son engagement à œuvrer sans relâche pour faire entendre la voix du continent et ses revendications légitimes.
Dans une allocution lors des travaux de la réunion ministérielle du Comité des dix de l’Union africaine (UA) sur la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies tenue à l’occasion du 36e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA, lue en son nom par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, le président de la République a salué «l’esprit de coopération continue et la coordination fructueuse établie entre les représentants des pays africains frères dans les fora internationaux et régionaux pour faire entendre la voix de la position africaine unifiée». Cette démarche, précise le président de la République, a pour objectif d’insister sur la nécessité de permettre au continent d’obtenir deux sièges permanents au sein de l’instance onusienne et d’accroître son quota de représentativité au niveau des sièges non permanents, de trois à cinq sièges, conformément à la teneur du Consensus d’Ezulwini et de la Déclaration de Syrte. Pour l’Algérie, la question de la réforme du Conseil de sécurité est impérative pour parvenir à un ordre mondial plus représentatif, plus juste et plus équilibré, notamment en cette conjoncture délicate marquée par une succession de crises et leurs retombées porteuses de prémices de nouveaux changements dans les rapports de forces sur la scène internationale».
«Notre continent fait face à des menaces multiformes et multidimensionnelles qui entament la paix et la sécurité tels que le phénomène du terrorisme, les guerres, les changements climatiques, les crises alimentaires, énergétiques et sanitaires accentuées par la pandémie du Covid-19 et le conflit russo-ukrainien», a poursuivi le Président Tebboune dans son allocution. Dans ce sillage, le président de la République a réaffirmé à ses homologues du Comité l’engagement de l’Algérie en faveur du droit légitime de l’Afrique pour accéder au Conseil de sécurité tel que stipulé dans la Déclaration de Syrte et du Consensus d’Ezulwini. «Nous allons continuer à œuvrer sans relâche pour faire entendre la voix de l’Afrique et ses revendications légitimes et réparer l’injustice historique faite à notre continent», a-t-il rassuré. Il a, dans ce sens, réitéré «l’engagement de l’Algérie à œuvrer de concert avec les pays membres du Comité à l’effet de maintenir cet élan de soutien international, important et de plus en plus croissant en faveur de la position africaine», et ce, dans l’objectif de «réaliser un progrès dans les pourparlers concernant la réforme du Conseil de sécurité». L’obtention par le continent africain de la qualité de membre permanent au Conseil de sécurité «est étroitement liée à la réussite des négociations intergouvernementales dans le cadre de l’Assemblée générale de l’ONU en tant que cadre unique et idoine pour débattre de la question de la réforme du Conseil de sécurité», a-t-il fait observer. Le président de la République a appelé à «intensifier et à mobiliser» les efforts nécessaires pour que les prochaines négociations reposent sur le document-cadre d’action de 2015 en tant que document de référence reflétant les positions et les propositions de près de 120 Etats membres de l’ONU, y compris la position africaine unifiée, tout en œuvrant à «faire face aux différentes tentatives visant à mettre à mal ou à empêcher le processus de réforme, voire affaiblir les positions et diviser les partisans». «Nous souhaitons que le groupe africain prenne part de manière constructive et efficace aux côtés de tous les pays membres et les groupes d’intérêt dans les prochaines négociations intergouvernementales et collabore avec les pays membres permanents au Conseil de sécurité en vue de mobiliser le soutien et l’appui à la position africaine unifiée et d’assurer un grand rapprochement sur la réforme du Conseil de sécurité et de consolider son rôle dans la préservation de la paix et de la sécurité internationales de façon à ce qu’il soit davantage représentatif, neutre, transparent et crédible», a soutenu le Président Tebboune. «Nous devons poursuivre l’unification de notre rang et de notre parole sur la scène internationale et nous engager au respect des décisions de l’UA pertinentes en restant fidèle au groupe africain et en appuyant l’adhésion aux autres groupes d’intérêt pour parler d’une seule voix africaine jusqu’à satisfaction des exigences de la position africaine unifiée». En conclusion, le Président Tebboune a rappelé que l’Algérie représentera à partir de l’année prochaine le continent au sein du Conseil de sécurité, soulignant qu’«elle œuvrera à faire entendre sa voix et ses exigences en coordination avec les frères africains conformément au processus d’Oran et à l’occasion de la tenue de la 12e réunion ministérielle du comité des dix de l’UA concerné par la réforme du Conseil de sécurité onusien, prévue en Algérie en janvier 2024».
Le président de la République a exprimé la disposition totale de l’Algérie «à contribuer aux discussions fructueuses prévues pour sortir avec des recommandations devant nous permettre de cristalliser notre position africaine unifiée pour mener le processus de négociation en cours à l’ONU».
Le président de la République avait affirmé, la veille, qu’en dépit de la situation de crise qui prévaut en Libye, l’optimisme demeure de mise concernant le règlement de la situation, au regard de «la volonté sincère», affichée par les parties libyennes qui œuvrent à faire prévaloir l’intérêt suprême de ce pays. Il a indiqué que «l’étape dangereuse d’instabilité politique et sécuritaire, le blocage des processus de négociations et la scission institutionnelle, ont mis à l’épreuve tous les acquis remportés dans le processus de règlement de la crise dans ce pays voisin, au vu des répercussions graves sur la sécurité et la stabilité des pays voisins et de la région du Sahel». «En dépit des inquiétudes concernant la situation de crise, l’optimisme demeure de mise au regard de la bonne volonté affichée par les parties libyennes pour surmonter les épreuves et faire prévaloir l’intérêt suprême de la patrie», a soutenu le Président Tebboune, formant le vœu de voir «la conjugaison des efforts africains et internationaux laisser un impact sur le terrain, à travers la relance du processus de règlement pacifique entre les belligérants libyens».
Le président de la République a salué, dans ce sens, les efforts «intensifs et inlassables» consentis en faveur de la réconciliation en Libye, saluant «la nouvelle dynamique lancée récemment pour activer le processus de dialogue inter-libyen et lancer les initiatives de dialogue entre les frères libyens visant à rapprocher les vues, établir la confiance mutuelle et élargir les consensus». Parmi ces pas positifs, il a cité «le retour du Comité militaire mixte 5+5 aux réunions après une longue interruption, pour le suivi de l’application des décisions convenues concernant le retrait des mercenaires et des combattants étrangers, le cessez-le-feu et l’échange de prisonniers», a-t-il poursuivi. Il a souligné, à ce propos, que «l’Algérie a, de tout temps, exprimé son rejet de la logique de force», rappelant son appel incessant «à faire prévaloir le dialogue et la réconciliation entre toutes les composantes du peuple libyen», outre «la condamnation des ingérences étrangères dans les affaires internes de ce pays frère et l’implication de plusieurs parties étrangères dans la violation de l’interdiction d’importation d’armes». L’Algérie réitère son appel aux parties étrangères pour le respect de la souveraineté de la Libye, de son intégrité territoriale et de la souveraineté de ses décisions, mue en cela par sa conviction que «la solution durable, globale et définitive de la crise libyenne passe uniquement par un processus consacrant le principe d’appropriation nationale, préservant l’unité de la Libye et sa souveraineté sur l’ensemble de ses territoires», ajoute le président de la République. «L’Algérie ne ménagera aucun effort, dans le cadre du Groupe des pays voisins de la Libye, en collaboration avec les organisations régionales et internationales concernées, pour permettre aux Libyens de concrétiser les priorités de cette étape importante afin de préserver la sécurité et la stabilité des pays du voisinage, directement impactés par la situation dans ce pays», a-t-il affirmé. Face à la «concordance et la complémentarité» des priorités de la conjoncture actuelle, l’Algérie insiste sur «l’impératif traitement des défis en suspens à travers l’unification des institutions militaires et financières en Libye», tout en affichant «sa disponibilité à contribuer à l’aboutissement du processus de réconciliation nationale libyenne, en collaboration avec l’UA pour parvenir à un terrain d’entente renforçant l’unité national interne, à même de permettre à la Libye de recouvrer la place qui lui sied sur la scène internationale». «L’Algérie est pleinement convaincue que les Libyens sauront surmonter ces conditions difficiles et concrétiser la volonté et la souveraineté du peuple libyen, toutes obédiences confondues, à savoir l’élection de ses dirigeants et représentants et la planification de l’avenir de son pays sans pression ni diktat aucun», conclut le Président Tebboune.
Le Premier ministre est arrivé vendredi à Addis Abeba en Ethiopie pour prendre part, en sa qualité de représentant du président de la République, aux travaux du 36e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA, organisé sous le slogan «Accélération de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf)», auquel participent 34 pays et 51 délégations. T. Benslimane