Crise libyenne: L’Algérie, la Tunisie et l’Egypte se concertent sur la Libye

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Les ministres des Affaires étrangères de l’Algérie, Abdelkader Messahel, de l’Egypte, Sameh Choukry, et de la Tunisie, Khemaies Jhinaoui, se sont réunis, aujourd’hui à New York, dans le cadre de la tripartie sur la Libye, en marge des travaux de la 72e session de l’Assemblée générale de l’ONU. Cette réunion a offert l’occasion aux trois ministres de passer en revue les derniers développements de la situation en Libye, notamment à la lumière de la réunion de haut niveau sur la Libye tenue, hier, et à laquelle ils ont pris part. Tout en exprimant leur rejet de la multiplication des initiatives concernant la Libye, les ministres ont réaffirmé leur soutien aux efforts des Nations unies et au Représentant spécial Ghassane Salamé, comme ils ont réitéré leur engagement à poursuivre la concertation et la coordination en vue d’accompagner les Libyens dans leur quête d’une solution définitive qui préserve la souveraineté et l’intégrité de ce pays frère et voisin.

Messahel rappelle la position de l’Algérie en faveur de solutions politiques basées sur le dialogue et la réconciliation Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a mis en exergue, les efforts déployés affirmant qu’elle s’est employée à «redynamiser» l’action arabe commune dans tous les domaines et à réagir «avec célérité» chaque fois que nécessaire face aux développements qu’a connus la région. Messahel, a indiqué, que cette session offrait une nouvelle occasion aux Etats arabes pour «engager des consultations et examiner les différentes questions portant sur la situation dans la région». L’Algérie, «s’est employée à redynamiser l’action arabe commune dans tous les domaines, à réagir avec célérité chaque fois que nécessaire face aux développements qu’a connus la région arabe et à plaider pour le renforcement des rangs arabes et la promotion de solutions arabes aux problèmes que connaît la région, notamment en Libye, en Syrie, et au Yémen». Le chef de la diplomatie algérienne a, à cet égard, rappelé la réunion d’urgence qui s’est tenue le 27 juillet 2017, sur les violations dont a fait l’objet la mosquée El Aqsa et qui a permis de «mobiliser la communauté internationale en vue d’y mettre un terme, et de replacer la question palestinienne au centre de l’action arabe commune».

Messahel a également rappelé la position de l’Algérie sur les situations de crises et de conflits, en réitérant «l’importance de tout entreprendre afin de favoriser l’émergence de solutions politiques basées sur le dialogue inclusif et la réconciliation nationale, en soulignant que cette approche politique décidée par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, reste, en toute évidence, la voie idoine pouvant contribuer à hâter le processus de règlement de ces crises». Il a, dans le même ordre d’idées, indiqué que «les visites officielles qu’il a effectuées dans neuf pays arabes au courant du mois d’août dernier, sur instructions du Président Bouteflika, s’inscrivent en droite ligne de la politique du Chef de l’Etat visant à apporter la contribution de l’Algérie à l’œuvre commune de stabilisation du monde arabe». Abordant la question de la lutte antiterroriste, Messahel a appelé à «tout mettre en œuvre en vue de faire face à ce phénomène, à travers une stratégie globale de lutte antiterroriste et de l’extrémisme violent et de déradicalisation». Il a souligné, enfin, que «ces objectifs ne peuvent être réalisés sans une réforme profonde de la Ligue des Etats arabes en vue de renforcer et de redynamiser l’action commune», ajoutant que l’Algérie est disposée à «enrichir la réflexion sur le processus de transformation et d’adaptation de l’organisation panarabe en apportant une contribution substantielle aux réformes envisagées, et pour faire de celle-ci un vecteur déterminant en mesure de relever les défis majeurs auxquels est confronté aujourd’hui le monde arabe». D’autre part, le chef de la diplomatie algérienne a mis en évidence la convergence de vues entre les pays arabes et le Japon sur la nécessité de solutions politiques aux crises et conflits qui affectent le monde arabe et de favoriser leur règlement à travers la négociation et le dialogue.

Lors d’une conférence de presse qu’il a animée conjointement avec son homologue japonais, Taro Kono, et le secrétaire général de la Ligue des Etats arabes, Ahmed Abou El Gheit, au terme des travaux de la première session de la réunion ministérielle du dialogue politique Japon-Monde arabe, tenue lundi au Caire, Messahel a exposé les résultats de cette première session du dialogue politique au cours de laquelle ont été abordées les voies du renforcement du partenariat Japon-Monde arabe, ainsi que les questions régionales et internationales d’intérêt commun. Il s’est félicité de «la richesse des débats et des résultats auxquels est parvenue cette réunion». Il a, à cet effet, rappelé l’engagement du Japon d’apporter «une assistance financière s’élevant à six milliards $, entre 2017 et 2018, aux pays arabes et de sa décision de mettre en œuvre un certain nombre d’initiatives visant à renforcer le partenariat Japon-Monde arabe, en particulier dans les domaines de la formation, de l’éducation, de l’expertise et de la science et technologie». Messahel a mis en évidence «la convergence de vues entre les pays arabes et le Japon sur la nécessité de solutions politiques aux crises et conflits qui affectent le monde arabe et de favoriser leur règlement à travers la négociation et le dialogue». Il a, également, mis l’accent sur l’importance du «respect de l’unité et de la souveraineté des pays et la non-ingérence dans leurs affaires, des principes qui ont été fortement soulignés par les participants à la réunion Japon-Monde arabe». Messahel a, enfin, indiqué que les participants «ont unanimement condamné le terrorisme sous toutes ses formes et ont renouvelé leur engagement à poursuivre leurs efforts pour l’éradication de ce phénomène ainsi que pour la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent». Les partisans de l’ancien régime peuvent être inclus dans le processus politique L’envoyé spécial de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, a estimé, ce vendredi, que les partisans de l’ancien régime pouvaient participer au processus politique, et a demandé à tous les pays impliqués dans le dossier d’agir sous le parapluie de l’ONU.

«Les élections (parlementaire et présidentielle) qui sont le point d’arrivée du processus doivent être ouvertes à tout le monde», a souligné Salamé dans une interview à la chaîne de télévision France 24. «Je veux que l’accord politique ne soit pas la propriété privée de tel ou tel. Ça peut inclure Saïf Al Islam (le fils de feu le colonel Kadhafi), ça peut inclure les partisans de l’ancien régime que je reçois ouvertement dans mon bureau», a ajouté l’émissaire onusien. Interrogé sur la participation des «islamistes», il a fait valoir qu’il s’agissait d’une «famille très large». «Si vous parlez des groupes violents, ils ne veulent pas jouer le jeu démocratique. Eux-mêmes s’excluent du jeu», a-t-il dit. Ghassan Salamé, qui a pris ses fonctions en juillet, a présenté cette semaine sa feuille de route pour la Libye, plusieurs étapes institutionnelles avant d’arriver à des élections générales, «peut-être à l’été», a-t-il précisé. «Il faut créer les conditions pour ces élections, qu’on sache comment élire un président et quel pouvoir lui donner», a nuancé Salamé. «Première étape, on a besoin d’une loi électorale. Il n’y a jamais eu d’élection présidentielle en Libye. Il y a des questions à régler. Elire, c’est bien. L’émissaire a également diplomatiquement mis en garde contre les initiatives non concertées émanant de pays préoccupés par le dossier libyen. «J’espère qu’on reconnaîtra à l’ONU la primauté et que les initiatives qui se font de part et d’autre conflueront vers l’ONU. On ne peut pas interdire à un Etat membre de vouloir jouer le médiateur à droite ou à gauche, mais il faut que ce soit sous le parapluie de l’ONU», a-t-il souligné.