La junte militaire nigérienne a annoncé son intention de poursuivre le président déchu Mohamed Bazoum pour haute trahison et atteinte à la sécurité nationale.
C’est le dernier signe que la junte a l’intention de résister aux pressions internationales pour rendre le pouvoir à M. Bazoum. Il est détenu dans le sous-sol de son palais depuis que l’armée a organisé un coup d’État il y a environ trois semaines. L’éviction du président nigérien, Mohamed Bazoum, par les putschistes que dirige le général Abdourahmane Tchiani, a plongé l’Afrique de l’Ouest dans une crise régionale. L’arrivée d’une autre junte militaire menace d’aggraver l’instabilité d’une région en proie à l’insécurité et au djihadisme. Mais les ramifications du coup d’État se font ressentir bien plus loin, la communauté internationale étant largement unie pour le condamner. Les militaires qui ont pris le pouvoir annoncent à la télévision publique une liste de 21 personnes qui, selon eux, deviendront ministres. Le régime militaire forme un nouveau gouvernement. La Cedeao active sa «force en attente» pour restaurer l’ordre constitutionnel au Niger.
Une situation politique instable depuis la prise du pouvoir
À la tête du pays depuis 2021, miné par les attaques de groupes djihadistes. Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger devient le troisième pays du Sahel à connaître un coup d’État depuis 2020. En réaction, des manifestants favorables au président se sont rassemblés près de sa résidence officielle dans la capitale à Niamey où il est retenu. La garde présidentielle les a ensuite dispersés par des tirs à balles réelles. Ce jeudi matin, le chef de la diplomatie nigérienne Hassoumi Massoudou a affirmé que le gouvernement était toujours «l’autorité légitime». Dans leur intervention télévisée, les putschistes ont déclaré que «toutes les institutions issues de la 7e République sont suspendues». Ils ont aussi demandé à tous les partenaires extérieurs de «ne pas s’ingérer». Le Niger est plongé dans une situation politique instable depuis le coup d’Etat militaire survenu le 26 juillet dernier.Un coup d’Etat qui n’est pas sans rappeler ceux perpétrés au Burkina Faso et au Mali, alors que les trois pays sont en proie à la menace des groupes djihadistes. Comment la lutte contre ces groupes pourra-t-elle se poursuivre si les putschistes restent au pouvoir ? Quelle menace représentent Al-Qaida et l’Etat islamique au Sahel ? De nombreuses questions restent en suspens après cet énième coup de force dans la région. L’instabilité politique et sécuritaire est l’un des mets préférés dont se nourrissent les groupes djihadistes. Ils peuvent s’en délecter au Sahel où les coups d’Etat se succèdent. Après le Mali, le Burkina Faso, c’est au tour du Niger de voir ses militaires prendre le pouvoir de force. Rien n’est joué pour le moment car la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) n’entend pas laisser faire cette logique de domino. Mais la situation est tout de même instable et la lutte contre les groupes terroristes, qui sévissent particulièrement à la frontière de ces trois pays, peut pâtir de la situation houleuse au Niger. Aujourd’hui, encore 1500 soldats français, en plus des unités de forces spéciales, sont présents au Niger, avec ce même objectif de contrer les groupes armés. Mais pour combien de temps encore ? Pourtant, «la lutte doit continuer à être menée», martèle Marc Hecker. Et les pays du Sahel ont besoin de cette aide occidentale, notamment les moyens matériels. Mais au-delà du soutien militaire, «il y a un problème plus large dans ces conflits asymétriques qui ne se résolvent pas que par des moyens militaires», analyse-t-il. Il faut aussi améliorer les services à la population, la stabilité politique, le lien entre les différentes ethnies. Deux groupes principaux jouent leur partition dans la région : le Gsim (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), la branche d’Al-Qaida au Mali, et l’EIGS ou l’Etat islamique au grand Sahara. Et face à eux, «le Niger est le seul pays où une politique multifactorielle était mise en place avec la lutte armée mais aussi la négociation, le développement et même un programme de démobilisation dans deux régions. Le Niger a aussi cette faculté d’avoir su trouver des voies de négociation et de déconfliction de la situation, si elle n’est pas idéale, est meilleure qu’au Mali et au Burkina Faso ».