Corruption dans le football: Ce fléau qui a la peau dure

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L’histoire de notre championnat a toujours été accompagnée sinon d’irrégularités, du moins de suspicion. Il ne se passe pas une saison sans qu’il y ait au moins des soupçons de matches arrangés que ce soit pour l’obtention du titre de champion, éviter la relégation ou encore pour accéder au palier supérieur.

Une pratique tellement généralisée qu’elle a fini par entrer dans les mœurs. Au fil du temps, le milieu footballistique s’en est accommodé pour ne plus s’en offusquer. Les transactions se déroulent parfois au su et au vu de tout le monde en toute impunité. De nombreux présidents de clubs l’ont avoué dans les colonnes des journaux et sur les plateaux de télévision sans qu’ils soient inquiétés ou poursuivis. L’on se souvient tous de la sortie fracassante du président de l’US Biskra, lors d’une AG de la FAF, où il a avoué sans honte ni regret, être mêlé dans des affaires de corruption. «Nous avons tous acheté et vendu des matches», a-t-il admis devant ses collègues des autres équipes, sans que personne ne se démarquent de ces affirmations. Tout le monde avait vraisemblablement des reproches à se faire dans ce domaine. Certains pensent à tort que ce fléau, qui gangrène notre football, est nouveau chez nous. En fait, il remonte aux premières années du championnat comme le prouve l’article 111, alinéa d des règlements généraux de la FAF, toujours en vigueur et qui n’existe nulle part ailleurs. Pour départager les équipes en de saison, ledit article stipule en effet, qu’«en cas d’égalité du goal average particulier entre les clubs ayant le même nombre de points, le goal average est calculé suivant le système de différence de buts sur l’ensemble… des matches aller». Pourquoi pas sur l’ensemble des matches de la saison, diriez-vous, comme cela est usité partout ailleurs ? Ce qui aurait été au demeurant plus équitable. Ce règlement incongru a été adopté par la FAF au début des années 70 suite à une affaire qui avait défrayé la chronique à l’époque. Il s’agissait du résultat suspect d’un match de fin de saison remporté par une équipe sur un score fleuve. Ce qui lui avait permis à l’époque de sauver sa vie, grâce au goal average. On avait accusé alors l’autre équipe de lui avoir facilité la tâche. En l’absence de preuves tangibles, on avait décidé à la FAF de changer le règlement pour que ce genre de tricherie ne se reproduise plus. Il y a manifestement de nombreuses manières les unes plus insidieuses que les autres pour tricher dans notre football. Mais apparemment, il y a un ras-le-bol général et une volonté pour éradiquer ce fléau. Ce qui explique la célérité avec laquelle le MJS et la FAF ont réagi à l’affaire de corruption ayant secoué dernièrement la scène sportive suite à l’enregistrement sonore incriminant le directeur général de l’ESS, Fahd Halfaia et un manger de joueurs. Les instances sportives promettent de suivre de près cette affaire et de sévir le cas échéant. «En attendant l’issue de l’enquête sur les dessous de cette affaire et l’authenticité de l’enregistrement, je dénonce avec force ce genre de comportement qui enfreint les lois de la discipline sportive et porte un coup à l’intégrité et à l’image du sport algérien. Toute la lumière sera faite sur cette affaire», a déclaré le ministre de la Jeunesse et des Sports, Sid Ali Khaldi. La Ligue pour sa part, a déjà suspendu le dirigeant sétifien en attendant son audition au courant de cette semaine. Dans une Algérie qui aspire à rompre avec l’ancien régime et ses pratiques mafieuses, il est impératif de moraliser la vie publique. Le sport en tant que secteur social important doit être purgé de tous ses méfaits accumulés au fil des ans. La balle est dans le camp des décideurs. C’est l’occasion de gagner enfin en crédibilité et en confiance.

Ali Nezloui