Le Conseil d’affaires algéro-mauritanien propose la création de banques à capitaux mixtes ou de filiales d’établissements bancaires des deux pays pour faciliter les transactions commerciales et les investissements, a indiqué hier à Alger le président de ce Conseil, Youcef Ghazi.
« Nous proposons la création de banques algéro-mauritaniennes ou l’ouverture d’agences des banques des deux pays afin de faciliter le payement lors des transactions commerciales de part et d’autre, et ce, sans transiter par les banques européennes », a déclaré M. Ghazi à la presse en marge du Forum d’affaires algéro-mauritanien organisé par la Chambre algérienne de Commerce et d’industrie (CACI), en présence d’hommes d’affaires des deux pays. Selon lui, cette question est en phase de discussion au niveau des institutions financières des deux pays. Outre la recherche des opportunités d’affaires et des possibilités de partenariat, l’objectif de ce forum est de relever les difficultés qui entravent le développement des relations économiques et commerciales entre l’Algérie et la Mauritanie, et de trouver les solutions adéquates à ces dysfonctionnements, a-t-il expliqué. Parmi ces entraves, il a cité notamment l’état des routes non encore bitumées du côté de la Mauritanie, sachant qu’un nouveau poste frontalier terrestre entre l’Algérie et la Mauritanie avait été ouvert en août dernier. Sur ce point, il a relevé que plus de 750 kilomètres sont encore à l’état de pistes du côté mauritanien. Ce qui entrave, selon lui, les opérations commerciales et rend les frais des transports des marchandises relativement chers. A ce propos, il a affirmé que des propositions sont à l’étude entre les responsables des deux pays pour associer le secteur privé dans les travaux de ces routes. Pour sa part, le vice-président de la CACI, Riadh Amour, a mis l’accent sur la nécessité de développement des routes et des infrastructures de ce poste frontalier qui a contribué, depuis son ouverture, à développer les échanges commerciaux entre les deux pays en les portant à 50 millions de dollars en 2017 contre 38 millions de dollars en 2016. Il a rappelé qu’auparavant, la marchandise transitait par l’Europe et prenait au moins deux (2) mois pour qu’elle arrive à destination. Mais actuellement, a-t-il poursuivi, l’ouverture de ce poste frontalier a permis d’écourter la durée en la réduisant à quelques jours. Ce qui a encouragé les opérateurs algériens à « aller en force » vers ce marché qui est particulièrement demandeur de produits algériens, a-t-il fait valoir. Il a affirmé qu’en parallèle, il y a des produits mauritaniens, notamment les produits alimentaires tels le riz, le poisson ou encore la viande rouge, qui peuvent être importés par l’Algérie à des prix plus attractifs par rapport à ceux pratiqués par les traditionnels fournisseurs de ces produits. « Si nous arrivons à améliorer l’état des routes, on atteindra des niveaux largement supérieurs » en matière d’échanges commerciaux, a-t-il assuré, en ajoutant que la CACI aspire porter le volume de ces échanges à 100 millions de dollars à court terme. M. Amour a également proposé une convention commerciale entre les deux pays pour la diminution, voire même la surpression des tarifs douaniers entre les deux pays. Outre les échanges commerciaux, les deux parties souhaitent aussi passer à une étape supérieure de partenariat qui est celle de l’investissement productif. Par ailleurs, le vice-président de la CACI a considéré que la Mauritanie, qui ne compte pas plus de 4 millions d’habitants, ne devrait pas être perçu comme un seul marché uniquement mais aussi comme une porte vers l’Afrique de l’Ouest qui est un marché à fortes potentialités pour les produits algériens. Présent à cette rencontre, le président d’une société mauritanienne, Hamadi Bouchraya, a fait savoir que son entreprise a ouvert des show-rooms en Mauritanie où sont exposés des produits algériens (électroménagers, agro-alimentaire, produits hygiéniques…) qui connaissent un engouement auprès des consommateurs mauritaniens. Pour développer la commercialisation des produits algériens et mauritaniens de part et d’autre, il a préconisé la réalisation de ports secs au niveau des frontières afin de faciliter le transport des marchandises, et la réduction des coûts de transport de marchandises.
M.T