Brouillard mental, babybrain: La grossesse et ses effets sur le cerveau maternel

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Le phénomène du « babybrain », cette sensation de brouillard mental rapportée par de nombreuses femmes enceintes et jeunes mères, est-il réel ou simplement un mythe ? Des scientifiques se sont penchés sur la question et ont révélé que la grossesse a bel et bien des effets sur le cerveau.

Une étude, publiée dans la revue Nature Neuroscience, a suivi pendant trois ans les changements cérébraux d’une femme, avant, pendant et après sa grossesse, grâce à des scanners réguliers. L’objectif ? Comprendre la réalité de cette sensation de « babybrain » que beaucoup de mères décrivent.  Les résultats montrent que la grossesse modifie le cerveau, mais ces changements ne doivent pas être interprétés comme une diminution des capacités cérébrales. Au contraire, ces transformations semblent être adaptées à la maternité. L’étude met également en lumière les risques potentiels liés à la prise de Dépakine par les futurs pères au moment de la conception, bien que les résultats varient selon les pays. Comme le rapporte  la neuroscientifique Liz Chrastil, en décidant de fonder une famille, a saisi l’opportunité d’étudier son propre cerveau. Pendant plusieurs mois, elle s’est soumise à des scanners afin d’observer les modifications biologiques qui se produisent dans son cerveau tout au long de la grossesse. Les résultats sont frappants : certaines zones clés de son cortex – la couche externe plissée du cerveau – ont rétréci et aminci, et ces changements ont persisté à long terme. En revanche, les « autoroutes » neuronales reliant les différentes parties du cerveau se sont renforcées pendant la grossesse avant de revenir à la normale après la naissance de son enfant. La réduction du volume de la matière grise est l’un des principaux changements observés. Dans le cas de Liz Chrastil, elle a perdu environ 4 % de cette matière, qui est essentielle à la gestion des pensées, des sensations et des souvenirs. Toutefois, cette réduction n’est pas nécessairement négative. Emily Jacobs, neuroscientifique à l’Université de Californie, compare ce processus à l’œuvre de Michel-Ange, David : « Vous partez d’un bloc de marbre et vous sculptez – cet élagage peut révéler une beauté sous-jacente ». En d’autres termes, le cerveau se réorganise et se spécialise pour mieux répondre aux exigences de la maternité. La neuroendocrinologue Margaret McCarthy souligne également que les hormones de la grossesse entraînent des modifications dans les circuits cérébraux, les rendant plus réceptifs aux soins des enfants. Des études sur des souris ont montré que ces changements hormonaux préparent le cerveau à la maternité. Ces résultats suggèrent que la grossesse, loin de réduire les capacités cérébrales, transforme le cerveau pour l’adapter aux nouveaux défis qu’implique la maternité. Une nouvelle étude de plus grande envergure est en préparation, dans l’espoir de comprendre plus précisément les effets de ces modifications sur le comportement et la cognition des mères.

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