Le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, a convoqué le corps électoral pour l’élection présidentielle qui se tiendra le 4 juillet prochain, mettant ainsi en branle le processus qui permettra de combler le vide institutionnel né de la démission du président de la République, Abdelaziz Bouteflika.
Le président Bouteflika avait remis sa démission le 2 avril après plusieurs semaines de manifestations au cours desquelles les citoyens ont exprimé leur ferme opposition à l’option d’un 5ème mandat ou à celle du prolongement du 4ème, qui devrait expirer le 28 avril en cours. La convocation du corps électoral intervient au lendemain de la réunion des deux chambres du Parlement qui a pris acte de la déclaration de vacance définitive du poste de président de la République, en application des dispositions de l’article 102 de la Constitution, en vertu duquel le président du Conseil de la Nation assume les fonctions de chef de l’Etat pour une durée de 90 jours. Dans une allocution prononcée mardi, M. Bensalah, qui ne peut selon la Constitution, se porter candidat à l’élection présidentielle, a fait part de son intention de créer « en priorité et en urgence », en concertation avec la classe politique et la société civile, une institution nationale collégiale, « souveraine » dans ses décisions, à laquelle sera dévolue la mission de réunir les conditions d’organisation d’élections nationales « honnêtes et transparentes ». Le chef de l’Etat a tenu à préciser que le rôle du gouvernement et des services administratifs concernés se limitera à « soutenir et accompagner » cette institution dans l’accomplissement de ses missions « en toute liberté », affirmant tendre une « main sincère et loyale » à tout un chacun pour surmonter les divergences et s’investir dans une action collective dont l’objectif est de « poser les fondements de l’Algérie du futur ». M. Bensalah a appelé la classe politique et les citoyens à participer avec « confiance » pour construire ensemble le nouvel édifice juridique qui ouvrira la voie à la mise en place d’un « tout nouveau système politique répondant aux aspirations de notre peuple ». De son côté, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), a assuré ce mercredi à Oran que l’ANP accompagnera la période de transition destinée à la préparation de l’élection présidentielle et veillera à son suivi dans « le strict respect des règles de transparence et d’intégrité et des lois de la République ».
Jeter les bases d’un Etat de droit et d’institutions
« La période de transition destinée à la préparation des élections présidentielles, se fera avec l’accompagnement de l’ANP, qui veillera au suivi de cette phase, au regard de la confiance réciproque entre le peuple et son armée, dans un climat de sérénité et dans le strict respect des règles de transparence et d’intégrité et des lois de la République », a souligné Gaïd Salah dans une allocution prononcée au siège du Commandement de la 2ème Région militaire. Pour lui, cette phase déterminante « requiert de l’ensemble des enfants du peuple algérien fidèle de faire preuve de patience, de conscience et de lucidité afin de réaliser les revendications populaires, guider le pays vers la paix et jeter les bases d’un Etat de droit et d’institutions ». Cependant, les partis de l’opposition ont exprimé leur rejet de l’installation de M. Bensalah en qualité de chef de l’Etat, estimant que cette démarche est « incompatible » avec les revendications du peuple
Algérien, cette personnalité représentant « un des symboles » du système dont le peuple algérien réclame le départ. Les partis de l’opposition ont estimé aussi que l’approche constitutionnelle dans la résolution de la crise mènera à « l’impasse », le problème étant fondamentalement d’ordre politique. Concernant le processus électoral et sur un plan technique, la déclaration de candidature du postulant à l’élection présidentielle doit être déposée, conformément à l’article 140 de la loi organique portant régime électoral, au plus tard, dans les 45 jours qui suivent la publication du décret présidentiel portant convocation du corps électoral. Pour que son dossier soit validé par le Conseil constitutionnel, le postulant à la candidature doit présenter soit une liste comprenant 600 signatures individuelles d’élus d’Assemblées populaires locales (APC et APW) ou parlementaires, réparties au moins à travers 25 wilayas, soit une liste comportant 60.000 signatures individuelles, au moins, d’électeurs. Ces signatures doivent être recueillies à travers, au moins, 25 wilayas avec un nombre minimal de signatures exigées pour chacune des wilayas qui ne saurait être inférieur à 1.500. Les autres pièces du dossier sont, notamment, un certificat de nationalité algérienne d’origine de l’intéressé, une déclaration sur l’honneur attestant que intéressé possède uniquement la nationalité algérienne d’origine et qu’il n’a jamais possédé une autre nationalité et une déclaration sur l’honneur attestant que l’intéressé est de confession musulmane. Le prétendant à la candidature doit, également, fournir un certificat de nationalité algérienne d’origine de son conjoint, un certificat médical délivré à l’intéressé par des médecins assermentés, une déclaration sur l’honneur attestant de la résidence exclusive, pendant dix (10) ans, au moins, sans interruption, précédant immédiatement le dépôt de candidature de l’intéressé. Le dossier comprend, aussi, une déclaration publique sur le patrimoine mobilier et immobilier de l’intéressé à l’intérieur et à l’extérieur du pays, une attestation de participation à la Révolution du 1er novembre 1954 pour les candidats nés avant juillet 1942, une attestation de non implication des parents du candidat né, après le 1er juillet 1942, dans des actes hostiles à la Révolution, ainsi qu’un engagement écrit et signé par le candidat de respecter les principes de la Constitution.
T.M