Le 14e Festival culturel local de la musique et de la chanson kabyle, ouvert mardi soir à Kherrata (Bejaia), est décliné en total hommage au moudjahid et grand artiste Akli Yahiatene, qui reste un repère lumineux et une figure emblématique dans l’espace de la chanson d’expression kabyle.
Toute la soirée du Festival qui va se poursuivre quatre jours, a été consacrée à ce célèbre artiste, avec des cadeaux, des diplômes et des dépositions de reconnaissances foisonnantes qui l’ont ému. « Merci, merci, merci », n’a cessé de répéter à tout va le chanteur, expliquant qu’initialement il avait cru à une simple participation, en tant qu’invité au Festival et non pas comme convive de marque, voire une guest-star. Toute la ville de Kherrata, qu’il n’a pas revisité depuis les années 1970, revêt une symbolique particulière dans sa mémoire de Moudjahid, a-t-il fait savoir. La soirée a résonné et vibré pour Akli Yahiatene, notamment avec le plateau artistique qui a eu le mérite de rappeler son admirable et captif répertoire, mis à l’occasion dans la bouche de jeunes interprètes qui pour beaucoup l’ont sublimé. Six ch anteurs, lauréats des grands concours nationaux et locaux, de la chanson kabyle, se sont relayés admirablement sur la scène pour en montrer la quintessence et le brio, devant une salle archicomble. Akli Yahiatene qui a sorti son premier single en 1959, « Jahegh Bezef » (Je me suis laissé trop allé), produit alors qu’il purgeait une peine en prison pour ses activités nationalistes, n’a pas cessé d’enchainer les succès, à l’instar de « Zrigh ezine di Michelet » (J’ai vu la beauté à Michelet +actuelle Ain El-Hamam+, Ndlr), « Ya l’menfi » (Le banni), « Tamourt Idhourar » (Le pays des montagnes), qui peinent à prendre une seule ride, étant répétées et fredonnées avec bonheur et engouement à travers les générations. Né en 1933 à Boghni (Tizi-Ouzou), l’artiste continue encore à donner, à créer et à se produire sur scène, toujours comme un jeune premier. Après cette soirée hommage, la 14e édition de ce Festival, qui va alterner pendant quatre jours, pas moins de huit plateaux réservés à une quinzaine d’artistes interprètes, entend brasser les anciens avec les jeunes, mais surtout pousser ces derniers à s’affirmer davantage en innovant, mais aussi à prendre de la graine auprès des aînés qui ont fait legs d’œuvres immortelles.