Le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, Abelwahid Temmar, a annoncé que la procédure accordant la priorité aux entreprises algériennes lors de l’attribution des marchés publics serait réactivée au niveau de son secteur. Lors d’une réunion avec les représentants des organisations d’entrepreneurs, Temmar a indiqué que des «instructions seront données aux maîtres d’ouvrages dans le secteur de l’habitat pour l’application de la procédure du code des marchés publics qui accorde la priorité aux entreprises algériennes».
«Les statistiques du secteur montrent que la marge de 25% (accordée par le code des marchés publics aux entreprises algériennes), n’est pas entièrement appliquée, d’où la nécessité d’y remédier», a-t-il ajouté. Conformément à l’article 83 du code des marchés publics en vigueur, «une marge de préférence de 25% est accordée aux produits d’origine algérienne ou aux entreprises de droit algérien dont le capital est détenu majoritairement par des nationaux résidents», pour tous les types de marchés. Cependant, les organisations patronales déplorent la non-application de cet article dans différents secteurs. Le ministre a affirmé que l’application de cette procédure est à même d’offrir une opportunité aux entreprises algériennes de réalisation dans le cadre de la loi, soulignant la nécessité de «suivre les entreprises bénéficiaires et d’évaluer leur performance». «Donner la priorité aux entreprises nationales est une obligation en vertu de la loi, mais à chacun ses moyens», a-t-il dit, expliquant que «celui qui n’est en mesure de construire que 20 logements, ne doit pas aller au-delà».
Temmar a affirmé également qu’un travail était en cours pour améliorer le cadre organisationnel relatif au paiement des redevances des entrepreneurs pour éviter les retards, ajoutant que des instructions ont été données dans ce contexte à la Caisse nationale du logement (CNL) en vue de la rationalisation des opérations de paiement et la distribution équitable des redevances. Lors de cette rencontre, le président de l’Assemblée générale des entrepreneurs algé- riens, Mouloud Khelloufi, a salué le «retour du climat de confiance entre l’administration et les entrepreneurs», affirmant que le recours aux étrangers ne doit pas se faire au détriment de l’outil algérien de production. Pour sa part, la vice-présidente de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), Saïda Naghza, a appelé à l’ouverture de canaux de communication entre les entrepreneurs en vue d’être à l’écoute de leurs préoccupation et de renforcer le dialogue avec eux. Le président de la section bâtiment à la Confédération algérienne du patronat (CAP), Noureddine Hamdane, a, de son côté, appelé à un meilleur contrôle des marchés publics, estimant que les PME dans le secteur du bâtiment «sont en voie de disparition» en raison de la préférence donnée à des entreprises étrangères de réalisation. Le président de l’Union nationale des entrepreneurs publics (UNEP), Lakhdar Rekhroukh, a souligné la «nécessité de changer notre vision du logement, qui ne doit pas être considéré comme un simple produit mais en tant qu’outil de développement de l’économie nationale au sein d’une approche globale». Le secteur souffre d’un manque de main-d’œuvre qualifiée, d’où l’importance de la formation et de la promotion des métiers du bâtiment, a-t-il estimé.
Le président de l’Union générale des entrepreneurs du bâtiment et de l’urbanisme, Nasreddine Drissi, a indiqué que le développement du tissu d’entreprises dans le secteur était tributaire d’une concurrence loyale, appelant à lutter contre toute forme de concurrence déloyale pour remporter des marchés. Le ministre a annoncé l’organisation prochaine d’une rencontre avec les représentants des micro-entreprises créées dans le cadre des dispositifs publics de soutien, notamment l’Agence nationale de soutien à l’emploi de jeunes (ANSEJ) et la Caisse nationale d’assurance-chômage (CNAC), en vue de les accompagner et de les impliquer dans les programmes sectoriels. D’autre part, concernant la formule du logement promotionnel aidé (LPA), que le ministère compte relancer, Temmar a affirmé qu’il s’agissait d’une formule supplémentaire qui vient renforcer la demande publique en logements, et non une alternative aux projets de logement de location-vente. Il a démenti les allégations sur un éventuel transfert des projets AADL vers la formule LPA, affirmant que tous les projets prévus inscrits dans ce cadre se poursuivront sous la même formule jusqu’à la dernière unité. La relance de cette formule s’inscrit dans le cadre de la nouvelle feuille de route en cours d’élaboration, en concertation avec les différents acteurs du secteur. En vue de préparer cette feuille de route, plusieurs ateliers de réflexion ont été lancés pour l’examen des volets liés à l’urbanisme, à l’architecture, à la réhabilitation des villes, au renforcement des capacités de réalisation des logements, à la promotion du partenariat public-privé, aux transactions électroniques et à la formation. Une série de rencontres de concertation a été lancée avec les opérateurs du secteur dont la première avec les architectes, suivie d’une rencontre avec les entrepreneurs, une autre avec les producteurs des matériaux de construction et une dernière avec les promoteurs immobiliers.