Les équipes turque et saoudienne chargées de l’enquête sur la disparition de Jamal Khashoggi ont quitté mardi matin le consulat saoudien d’Istanbul après neuf heures de perquisition, a constaté mardi un correspondant de Reuters sur place.
Selon CNN et le New York Times, qui citent des sources non identifiées, Ryad s’apprête à reconnaître que le journaliste et opposant saoudien a été tué lors d’un interrogatoire qui a mal tourné. Donald Trump a avancé lundi l’hypothèse d’un meurtre crapuleux et a dépêché le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo à Ryad. Jamal Khashoggi est porté disparu depuis le 2 octobre dernier, jour où il s’est rendu au consulat. Sa compagne assure qu’il n’en est pas ressorti. Selon des sources proches des services de sécurité turcs, il y a été tué par une équipe d’une quinzaine de Saoudiens repartis le jour même dans leur pays. Un haut fonctionnaire et un membre de la police turque ayant requis l’anonymat ont annoncé lundi qu’Ankara avait obtenu un enregistrement sonore démontrant qu’il y a bien été assassiné. L’équipe turque formée d’une dizaine d’enquêteurs accompagnés d’un chien a quitté le consulat vers 05h00 (02h00 GMT). Un procureur turc en est sorti une heure et demi plus tard, suivi peu après par l’équipe saoudienne, qui coopère à l’enquête. Des prélèvements de terre effectués dans le jardin du consulat et sur une porte métallique ont été emmenés à bord de quatre véhicules de la police scientifique. Le roi Salman a par ailleurs ordonné lundi l’ouverture d’une enquête interne « sur la base des informations recueillies par l’équipe conjointe », a annoncé un membre de son administration. Les proches de Jamal Khashoggi ont demandé la formation d’une commission d’enquête internationale. « Nous suivons tristement et anxieusement les informations contradictoires concernant le sort de notre père après avoir perdu contact avec lui il y a deux semaines », dit le communiqué de sa famille. « La forte responsabilité morale et juridique que notre père nous a inculqué nous oblige à demander la mise en place d’une commission internationale, indépendante et impartiale, pour enquêter sur les circonstances de sa mort ». Jamal Khashoggi s’était exilé aux Etats-Unis il y a un an, craignant que ses opinions ne lui valent des représailles. Au cours de l’année écoulée, il a dénoncé dans des articles publiés par le Washington Post l’attitude de Ryad à l’égard du Qatar, la guerre au Yémen et la répression politique ou la censure dans son pays. Par ailleurs, l’ambassade d’Arabie saoudite à Washington a annoncé lundi l’annulation de sa réception annuelle pour la fête nationale du royaume sans fournir d’explication. L’Arabie saoudite doit accueillir une conférence internationale sur l’investissement du 23 au 25 octobre à Ryad. Depuis que l’affaire Khashoggi a éclaté, plusieurs entreprises des secteurs des médias, de la technologie et de la finance ont décidé de ne pas y participer, dont Google, JP Morgan et Ford Motor Co.
Pompeo à Ryadh pour des entretiens de crise
Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo est arrivé ce mardi à Ryadh, en Arabie Saoudite, pour s’entretenir directement avec le roi Salmane au sujet de la disparition depuis deux semaines à Istanbul du journaliste dissident saoudien Jamal Khashoggi, ont rapporté des médias. Pompeo s’est rendu en Arabie saoudite à la demande du président Donald Trump, et doit être reçu par le roi Salmane. Il a été accueilli à sa descente d’avion par son homologue saoudien Adel al-Jubeir, et par l’ambassadeur du royaume à Washington, le prince Khaled ben Salmane, cités par l’AFP. Lundi, après s’être entretenu par téléphone avec le roi Salmane, Trump a suggéré que la disparition de Jamal Khashoggi, « pourrait être le fait d’éléments incontrôlables ». Le journaliste saoudien s’était rendu au consulat saoudien d’Istanbul le 2 octobre en cours, pour des démarches administratives en vue de son prochain mariage avec une Turque. Mais, il n’avait plus été revu depuis. L’Arabie Saoudite avait assuré qu’il avait quitté la représentation diplomatique, mais les autorités turques estiment que le journaliste avait été « assassiné » dans le consulat.