Une nouvelle avancée thérapeutique majeure pourrait révolutionner la prise en charge de l’apnée du sommeil. La pilule AD109, développée par le laboratoire américain Apnimed, a démontré une réduction significative des apnées nocturnes, sans provoquer d’effets secondaires graves. Testée sur plus de 660 patients à travers deux essais cliniques de phase 3, cette molécule offre un espoir concret à des millions de personnes contraintes aujourd’hui au port quotidien du masque de ventilation CPAP.
L’apnée du sommeil, trouble respiratoire nocturne touchant près d’un milliard de personnes dans le monde, reste sous-diagnostiquée et mal prise en charge. Malgré l’efficacité des traitements actuels par pression positive continue (CPAP), leur inconfort pousse de nombreux patients à les abandonner. C’est précisément pour ces malades “orphelins” qu’AD109 a été pensée. Ce traitement oral combine deux molécules déjà bien connues du corps médical : l’atomoxétine (utilisée dans le traitement du TDAH) et l’aroxybutynine (un anticholinergique). Ensemble, elles visent à stimuler le tonus musculaire des voies respiratoires durant le sommeil, permettant ainsi de maintenir un passage de l’air suffisant sans assistance mécanique. Les résultats sont très prometteurs. Dans l’étude LunAIRo, menée sur 660 patients souffrant d’apnée obstructive modérée à sévère, l’indice d’apnées-hypopnées (AHI) a chuté en moyenne de 46,8 % après 26 semaines de traitement, contre seulement 6,8 % dans le groupe placebo. Plus impressionnant encore, 20 % des patients ont vu leur AHI descendre sous la barre de 5 — seuil en dessous duquel on parle de quasi-disparition de l’apnée. Ces résultats rejoignent ceux de l’étude précédente, SynAIRgy, où AD109 avait permis une réduction moyenne de 55,6 % du nombre d’événements respiratoires nocturnes, avec 22,3 % des patients atteignant un contrôle presque complet. « Les résultats sont extrêmement encourageants, notamment en matière de sécurité », se félicite le Dr Caroline Yau, directrice médicale d’Apnimed. « Nous avons observé très peu d’événements indésirables liés au traitement, et aucun effet grave. » Des bénéfices qui semblent se maintenir sur la durée, certains participants ayant poursuivi le traitement pendant plus de 50 semaines avec une amélioration continue de l’oxygénation nocturne. Forte de ces données cliniques robustes et cohérentes, Apnimed prévoit de déposer une demande d’autorisation de mise sur le marché (NDA) auprès de l’agence américaine du médicament (FDA) début 2026. Si cette demande est validée, AD109 deviendra le tout premier traitement oral approuvé pour l’apnée obstructive du sommeil. Un seul comprimé, pris chaque soir, pourrait alors remplacer les dispositifs encombrants pour des millions de patients dans le monde. Une avancée qui marquerait un tournant décisif dans la lutte contre ce fléau silencieux, aux conséquences graves sur la santé cardiovasculaire, la mémoire, l’humeur et la qualité de vie.
Neila M






