Afghanistan: Chaos à l’aéroport de Kaboul, une tragédie afghane et insécurité alimentaire

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Les Etats-Unis sont responsables du chaos à l’aéroport de Kaboul où des milliers d’Afghans continuent désespérément à attendre un vol pour fuir le pays et cela doit cesser «le plus tôt possible», a estimé, dimanche, un haut responsable taliban.

«L’Amérique, avec toute sa puissance et ses équipements (…), a échoué à ramener l’ordre à l’aéroport. Il y a la paix et le calme dans tout le pays, mais il n’y a que le chaos à l’aéroport de Kaboul (…) Cela doit cesser le plus tôt possible», a déclaré ce responsable, Amir Khan Mutaqi. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell avait jugé «impossible» d’évacuer tous les collaborateurs afghans des pouvoirs occidentaux avant le 31 août et a déploré que les mesures de sécurité prises par les Etats-Unis à l’aéroport de Kaboul entravent cette évacuation. Sept Afghans sont morts dans la foule près de l’aéroport de Kaboul, où des milliers de familles se massent pour tenter d’évacuer le pays après la prise de pouvoir des talibans. L’aéroport a été le théâtre de scènes désespérées depuis que les talibans ont pris le contrôle de Kaboul le 15 août, des dizaines de milliers d’Afghans attendant dans la chaleur pendant des heures, voire des jours, pour tenter de prendre un vol d’évacuation. Les familles qui espèrent une évasion miraculeuse se sont entassées entre les barbelés d’un no man’s land officieux séparant les combattants talibans des troupes américaines et des restes d’une brigade des forces spéciales afghanes qui leur viennent en aide. Les routes menant à l’aéroport sont encombrées par la circulation, et des rapports indiquent que les talibans ont arrêté, battu ou harcelé des Afghans qui tentaient de fuir.         Les Etats-Unis, qui ont pris le contrôle de l’aéroport, ont à plusieurs reprises mis en garde les personnes qui ne figurent pas sur les listes d’évacuation. Samedi, ils ont réitéré cet avertissement, évoquant des «menaces potentielles pour la sécurité» près des portes de l’aéroport. Le président américain, Joe Biden, a qualifié le pont aérien de «l’un des plus importants et des plus difficiles» de l’histoire. Un pilote militaire tchèque de retour de Kaboul a décrit les conditions difficiles des rotations aériennes avec l’Afghanistan, sans véritable contrôle aérien, sans approvisionnement possible en kérosène sur place et avec des décollages périlleux. La gigantesque opération d’évacuation à Kaboul, qualifiée, vendredi, par Joe Biden de «l’une des plus difficiles de l’histoire», mobilise depuis dimanche, dans des conditions chaotiques, des avions du monde entier pour évacuer par l’aéroport de la capitale afghane des diplomates, d’autres étrangers et des Afghans fuyant un pays tombé aux mains des talibans. Les Etats-Unis, qui prévoient d’évacuer plus de 30 000 Américains et civils afghans via leurs bases au Koweït et au Qatar, ont déjà évacué plus de 13 000 personnes depuis le début des opérations le 14 août, a indiqué, vendredi, le président américain. Mais Joe Biden a affirmé qu’il ne pouvait pas garantir «l’issue finale» de l’opération d’évacuation à Kaboul, l’une des «plus difficiles de l’histoire» au terme d’une guerre longue de vingt ans en Afghanistan.

Le gouvernement britannique a plaidé pour repousser l’échéance fixée au retrait des troupes américaines d’Afghanistan. Dans les colonnes du Mail on Sunday, le ministre de la Défense Ben Wallace a déclaré qu’«aucune nation ne pourra évacuer tout le monde» du pays contrôlé par les talibans, alors que le temps presse avant le 31 août, date fixée par l’administration américaine pour le retrait définitif de ses forces d’Afghanistan. «Si le calendrier américain est maintenu, nous n’avons pas de temps à perdre pour évacuer la majorité des gens qui attendent», a déclaré le ministre. «Peut-être que les Américains seront autorisés à rester plus longtemps, et ils auront tout notre soutien s’ils le font», a ajouté le ministre. Selon le Sunday Times, le ministre des Affaires étrangères britannique, Dominic Raab, cherche à s’entretenir avec son homologue américain, Antony Blinken, pour discuter de la prolongation de cette échéance. L’ancien Premier ministre Tony Blair, qui a engagé la Grande-Bretagne dans la guerre en Afghanistan en 2001 aux côtés des Etats-Unis, a critiqué, samedi, «l’abandon» du pays par les Occidentaux qu’il a jugé «tragique, dangereux et inutile».

«L’Europe ne bouge que dans les crises», déclare Josep Borrell

Une «tragédie» se joue en Afghanistan et elle doit pousser les Européens à se doter d’une capacité militaire d’intervention pour faire face aux prochaines crises qui menacent en Irak et au Sahel, a averti le chef de la diplomatie européenne. La chute du gouvernement afghan et la prise de Kaboul par les talibans avant le départ des derniers militaires américains programmé le 31 août a contraint les Occidentaux à organiser dans l’urgence l’évacuation de leurs ressortissants et de leurs collaborateurs afghans. «Ce qui se joue en Afghanistan est une «tragédie», a-t-il déploré. «La grande question est : pourquoi est-ce que cela s’est passé comme cela ? ». «J’ai rencontré le Président Ashraf Ghani en juillet à Tachkent. Il était très amer. Il m’a dit que sans le soutien aérien américain, il ne pouvait pas tenir le pays et qu’il fallait se replier sur Kaboul». «Il n’a pas eu le temps d’appliquer cette stratégie», a souligné Josep Borrell. «L’armée afghane a refusé de se battre. Pourtant elle n’était pas désarmée. Il faut voir la quantité d’armements laissés aux talibans. Mais elle n’y croyait plus», a-t-il ajouté. «Il n’y a pas d’alternative pour les Européens. Il faut s’organiser pour faire face au monde tel qu’il est, et non pas tel qu’on le rêve», a-t-il soutenu. «Nous proposons de doter l’Union européenne d’une force de première entrée de 50 000 militaires capable d’agir dans des circonstances comme celles que nous vivons en Afghanistan», a-t-il rappelé. Le projet est en discussion entre les ministres de la Défense de l’UE.