Dépassements de la chaîne Ennahar: Rachid Boudjedra compte saisir la justice

0
1470
Photo conception L'Echo d'Algérie@

Des dizaines d’intellectuels, d’artistes, de journalistes et d’académiciens se sont rassemblés, ce samedi, à Alger, devant le siège de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV), en protestation contre «les dépassements» enregistrés dans certains programmes de la grille spécial Ramadhan de la chaîne de télévision privée «Ennahar» et contre «l’atteinte» à la personne de l’écrivain algérien Rachid Boudjedra.

Reçu par le président de l’ARAV, Zouaoui Benhamadi, l’écrivain Rachid Boudjedra, accompagné de plusieurs sympathisants, a dénoncé le traitement qui lui a été réservé par cette chaîne, lors de son programme de caméra cachée, qu’il a qualifié de «terrorisme», affirmant qu’il était «en état de choc», en raison de l’atteinte à sa personne. Boudjedra a fait savoir qu’il compte, lancer aujourd’hui une action en justice contre cette chaîne, avec un collectif d’avocats, soutenant que le principal objectif de sa démarche était de «mettre un terme à la médiocrité qui caractérise ce type de chaînes». Par ailleurs, il s’est félicité de l’élan de solidarité des citoyens «aussi bien en Algérie qu’à l’étranger». Pour sa part, Zouaoui Benhamadi a exprimé sa solidarité avec Boudjedra, se disant très honoré de recevoir l’écrivain et ses sympathisants qui sont venus «défendre une cause juste», ajoutant qu’il «est entièrement d’accord avec la plupart des points contenus dans la pétition… et qu’il comprend leurs revendications».

«l’ARAV n’a pas, en de pareils cas, le pouvoir de sanctionner qui relève, plutôt, des prérogatives de la justice» a-t-il ajouté, appelant à «ne pas porter de jugement hâtif sur ces chaînes privées qui ont comblé un vide médiatique» Plusieurs personnalités artistiques, intellectuelles, médiatiques et politiques étaient présentes à ce rassemblement au niveau du siège de l’ARAV. Pour sa part, le poète Achour Fenni a indiqué que «plus de 1000 personnes ont signé jusque-là la pétition, dont des journalistes, des intellectuels, des présidents d’associations et des défenseurs de droits», appelant à mettre fin à «l’utilisation des médias pour heurter la sensibilité des familles algériennes et porter atteinte aux valeurs de la société à travers des programmes faisant l’apologie de la violence». Les contestataires ont appelé dans leur communiqué, les autorités compé- tentes, à leur tête les ministères de la Justice, de l’Intérieur et la Communication et l’ARAV à «mettre un terme à la médiocrité, à réprimer les dépassements et les dérapages et à sanctionner les contrevenants à la loi et aux principes de la déontologie».

Ils ont par ailleurs exhorté la société civile, les écrivains et les journalistes à «agir pour défendre leur position au sein de la société et leur droit à donner leur avis sans faire l’objet d’attaques ou de railleries en raison de leurs opinions ou convictions». Dans sa déclaration le président de l’ARAV avait appelé à la nécessité de «parachever l’aspect disciplinaire et réglementaire» du champ audiovisuel pour en assurer la bonne organisation afin d’éviter «des dépassements» constatés notamment durant le mois du Ramadhan. Il avait estimé qu’avec l’application rigoureuse de la réglementation «on peut aller vite dans la régularisation des chaînes privées (qui sont de droit étranger), après, bien sûr, leur mise en conformité avec le cahier des charges». Benhamadi a pointé du doigt des émissions, notamment les caméras cachées, qui sous couvert de divertissement, montrent des séquences dont «la brutalité et la vulgarité» sont une «insulte à la dignité humaine». Selon lui, c’est aux «personnes mal représentées, de se plaindre et de faire pression sur ces chaînes en ayant recours à la justice», soulignant que l’ARAV pouvait intervenir notamment quand elle constate un «dépassement grave», touchant notamment aux symboles de l’Etat. «Nous sommes abasourdis par tant de légèreté dans certains programmes», a-til regretté avant d’appeler à la nécessité «d’entreprendre une réflexion pour la construction du paysage audiovisuel national». Pour rappel, l’ARAV avait exhorté, avant le début du mois du Ramadhan, les chaînes de télévision algériennes à observer les «principes d’intérêt général» afin d’éviter les «dérives» constatées les années précédentes, tout en élaborant des programmes spéciaux pour le Ramadhan «qui soient un espace d’éveil à la fois spirituel et rationnel, conciliant authenticité et modernité».