Conseil de sécurité: Véto de la Russie à l’ONU à une résolution sur l’Ukraine

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La Russie a mis, vendredi, son véto, lors d’un vote au Conseil de sécurité de l’ONU, à une résolution co-écrite par les Etats-Unis et l’Albanie déplorant dans «les termes les plus forts» son «agression contre l’Ukraine» et lui réclamant de retirer «immédiatement» ses troupes de ce pays.

Sur les 15 membres du Conseil, 11 pays ont voté en faveur du texte, trois se sont abstenus : Chine, Inde et Emirats arabes unis. Le projet avait été adouci dans les heures précédant le scrutin pour «sécuriser» des abstentions et éviter que ces trois pays ne votent non, selon un diplomate. Le texte proposé ne comportait ainsi plus le terme «condamner», remplacé par «déplorer». Une référence au chapitre 7 de la Charte de l’ONU, qui prévoit un possible recours à la force, a aussi été supprimée. Une résolution similaire devrait être soumise dans les jours à venir à un vote de l’Assemblée générale de l’ONU (193 membres) où le droit de veto n’existe pas, selon des diplomates. Certains ambassadeurs estiment qu’au vu du «désastre» en cours en Ukraine, un vote favorable pourrait recueillir à l’Assemblée générale l’adhésion de plus d’une centaine de pays. La Russie dit agir en autodéfense en vertu de l’article 51 du document fondateur de l’Organisation. Seuls les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni) ont un droit de veto au Conseil de sécurité. La résolution américano-albanaise avait reçu le co-parrainage de quelque 70 pays. Elle prévoyait, outre une vive critique de la Russie, de réaffirmer un soutien à la souveraineté de l’Ukraine, et d’obliger la Russie à cesser «de recourir à la force» et à retirer «immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires» de ce pays. Une résolution avait aussi été soumise ensuite à un vote à l’Assemblée générale de l’ONU où elle avait obtenu 100 voix favorables. Onze pays avaient voté contre, 58 s’abstenant. Le reste des membres des Nations unies n’avait pas pris part au scrutin.

L’ONU nomme un coordinateur de crise pour l’Ukraine Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a nommé, vendredi, le Soudanais Amin Awad, en tant que Coordonnateur de crise des Nations unies pour l’Ukraine où une opération militaire russe est en cours. Le SG de l’ONU a fait cette annonce devant la presse, à New York, à l’issue d’une réunion du Conseil de sécurité pour voter un projet de résolution sur l’offensive russe en Ukraine. La résolution a buté sur le véto russe. Le responsable onusien a précisé que M. Awad dirigera la coordination de tous les efforts de l’ONU en Ukraine, y compris la réponse humanitaire des deux côtés de la ligne de contact. M. Awad a occupé divers postes de direction au sein du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), notamment en tant que directeur du Bureau pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord et directeur de la Division des urgences, de la sécurité et de l’approvisionnement. «Au moins 100 000 Ukrainiens auraient déjà fui leur foyer – et nombre d’entre eux ont traversé les pays voisins, ce qui souligne le caractère régional de cette crise croissante», a déploré M. Guterres, soulignant que toutes les parties concernées «doivent respecter le droit international humanitaire et garantir la sécurité et la liberté de mouvement du personnel de l’ONU et des autres humanitaires». Le chef de l’ONU a, par ailleurs, appelé à donner une «nouvelle chance» à la paix, en soulignant que les soldats doivent retourner à leurs casernes. Il a, dans ce cadre, exhorté les parties au conflit à recourir au dialogue pour résoudre la crise. «Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que les valeurs de paix, de sécurité, de développement, de justice, du droit international et des Droits de l’Homme prévalent en Ukraine», a-t-il conclu.

La Hongrie propose d’accueillir des pourparlers Russie-Ukraine La Hongrie a offert, vendredi soir, d’accueillir à Budapest, des pourparlers de paix entre la Russie et l’Ukraine, au deuxième jour d’une invasion déclenchée par le président russe Vladimir Poutine. Le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjarto a expliqué avoir appelé son homologue russe Sergueï Lavrov ainsi que le directeur de l’administration présidentielle ukrainienne Andriy Yermak. «Je leur ai proposé que les discussions se tiennent à Budapest, un lieu sûr» pour les deux délégations, a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée sur sa page Facebook. «Ils m’ont remercié pour l’offre et ont dit qu’ils allaient l’étudier», a ajouté le ministre. «Nous espérons qu’un accord pour entamer les pourparlers sera trouvé dans les prochaines heures ou jours».

La Hongrie, membre de l’Union européenne et de l’Otan, s’est rapprochée ces dernières années de Moscou sous l’égide du souverainiste Viktor Orban, qui a néanmoins condamné, jeudi, l’invasion. La Russie s’était auparavant dite prête à organiser une rencontre avec une délégation ukrainienne à Minsk, la capitale du Bélarus, appelant à une reddition de l’armée ukrainienne, condition préalable à des «négociations». «Nous voyons que Moscou suggère que la diplomatie se tienne sous la menace des armes, alors que les bombes, les tirs de mortiers, l’artillerie de Moscou prend des civils pour cible», a réagi le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price. Le Kremlin avait systématiquement refusé des pourparlers avec l’Ukraine, malgré des demandes répétées du président ukrainien Volodymyr Zelensky avant le déclenchement de l’invasion russe.

Les Etats-Unis sanctionnent Poutine et Lavrov Les Etats-Unis vont sanctionner le président russe Vladimir Poutine et son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et leur interdire l’entrée sur leur territoire, une décision rarissime contre des dirigeants étrangers, a annoncé, vendredi, la porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki. Une interdiction de voyager vers les Etats-Unis sera «une partie» de ces mesures, prises en représailles à l’invasion de l’Ukraine, a-t-elle indiqué. C’est un élément habituel» des sanctions contre des personnalités étrangères, a encore ajouté Jen Psaki, tout en assurant que le détail de ces sanctions historiques contre le président russe serait révélé plus tard. Elle a aussi estimé que s’en prendre au président ukrainien Volodymyr Zelensky serait «un acte atroce» de la part des Russes, lors d’un point presse de routine. Vladimir Poutine et Sergueï Lavrov sont déjà la cible de sanctions financières de l’Union européenne et du Royaume-Uni, ce qui signifie pour l’essentiel que leurs avoirs seront gelés. «Les sanctions contre le président et le ministre des Affaires étrangères du pays sont un exemple et une démonstration de l’impuissance absolue de votre propre politique étrangère», a répliqué, vendredi, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova à la télévision russe.

Un bateau russe intercepté dans la Manche par les autorités françaises Un bateau de commerce battant pavillon russe, soupçonné d’appartenir à une entreprise russe visée par les sanctions prises par l’UE contre Moscou, a été intercepté dans la Manche par les autorités françaises, a annoncé, samedi, la préfecture maritime. Ce bateau transportant des véhicules vers Saint-Petersbourg (Russie) était parti de Rouen, dans le nord-ouest de la France, et a été dérouté vers Boulogne-sur-Mer, un port du Nord, selon la préfecture. Un patrouilleur de la douane, appuyé par une vedette de gendarmerie et un patrouilleur de la marine, a escorté le roulier Baltic Leader, a précisé Véronique Magnin, officier de communication régional pour la préfecture maritime. Ce bateau de 127 mètres est «fortement soupçonné d’être lié à des intérêts russes visés par les sanctions», a-t-on précisé de même source, soulignant que cette mesure, signe de «fermeté», était «rare» dans cette zone. «Le navire de commerce russe a été coopératif», a affirmé Mme Magnin. La douane mène actuellement des auditions et investigations à bord afin de confirmer ces liens. L’ambassade russe à Paris, informée par un appel d’urgence du capitaine, a indiqué avoir «immédiatement contacté les autorités françaises pour demander des éclaircissements», a déclaré le porte-parole de l’ambassade, Alexandre Makagonov, cité par l’agence de presse officielle TASS.