En dépit des efforts fournis par les pouvoirs publics et des dispositifs de prévention mis en place, les feux de forêt ont fait des ravages ces derniers, favorisés par une canicule suffocante.
En effet, selon les chiffres fournis par les services de la protection civile et de la direction générale des forêts, des milliers d’hectares entre arbres fruitiers, broussailles et autres végétations ont été décimées par des incendies dont l’origine reste encore inconnue. Ainsi, la faune et la flore sont les principales victimes des feux de forêts qui se sont multipliés ces derniers jours dans la wilaya de Bouira, notamment dans sa partie nord-est, où plusieurs hectares de forêts et des dizaines espèces animales ont été décimés par les flammes à Tikjda et à Tala Rana. Durant les dernières 24 heures, plusieurs dizaines d’hectares de forêts, de broussailles et de chênes sont parties en fumée notamment à Tala Rana, sur les hauteurs de la commune de Saharidj, ainsi qu’à Tikjda, où plusieurs singes magot et autres espèces animales ont péri calcinés sous les flammes. La situation s’est amplifiée depuis quelques jours en raison de la hausse des températures et des vents qui sévissent dans cette région montagneuse, ce qui soulève chaque jour les inquiétudes des habitants des villages environnants. Dans cette municipalité rurale et forestière, les flammes ont ravagé plusieurs hectares de végétation ainsi que des animaux, dont des tortues, des lièvres, des sangliers ainsi que des bovins. Les dégâts auraient été plus lourds n’était-ce l’intervention rapide de la colonne mobile de la protection civile qui ont pu maîtriser la situation en éteignant les flammes. Les incendies qui se sont déclarés ces deux derniers jours dans ces régions montagneuses de la wilaya de Bouira, ont causé des dégâts jugés importants, dont le nombre a augmenté par rapport aux années précédentes, selon la Protection civile. Depuis juin dernier, plus de 400 feux de forêts ont été enregistrés. Le manque de pistes d’accès et d’eau complique la tâche aux sapeurs-pompiers. La majorité des incendies enregistrés cette semaine étaient survenus dans des zones forestières et montagneuses inaccessibles aux brigades mobiles de la protection civile mobilisées sur le terrain.
la faune et la flore sont les principales victimes des feux de forêts qui se sont multipliés ces derniers jours
Les brigades de la protection civile ont été contraintes à demander l’aide des habitants du village Aguouillal pour les approvisionner en eau afin qu’elles puissent continuer à éteindre le feux, qui a ravagé plus de 10 hectares de broussailles et de forêts, ainsi que des dizaines d’arbres fruitiers Les feux de forêts ont ravagé 500 arbres fruitiers entre oliviers et figuiers ainsi que 21 hectares de forêts et broussailles dans plusieurs régions de la wilaya de Bouira durant les dernières 24 heures. Dans la wilaya avoisinante, Tizi-Ouzou, un total de 127 ha de couvert végétal et environ 1.500 arbres fruitiers notamment des oliviers ont brûlé dans les 51 incendies. Selon le même bilan, il s’agit de 70 ha de broussailles, 35 ha de maquis et 22 ha de forêts. Ces 51 feux qui ont été tous maîtrisés, ont touché les localités de Tigzirt, Bouzguene, Béni Aissi, Beni Douala, Tizi Gheniff, Boghni, Tizi-Ouzou, Ouadhias, Illilten, Tirmitine, Yakourene, Ait Toudert, Ait Yahia, Ath Yenni, et Irdjen. Le wali Mahmoud Djamaa a indiqué que les moyens nécessaires sont mobilisés par la wilaya, pour circonscrire les départs de feux et protéger les populations. Il a relevé que l’ensemble des services de la wilaya sont mobilisés dans le cadre de la campagne lutte contre les feux de forêts et qu’ils sont en train de suivre la situation avec la direction de la protection civile et la conservation des forêts et de fédérer tous les efforts et les moyens afin de circonscrire les départs de feu afin qu’ils ne prennent pas des proportions qui mettraient en danger les vies humaines. Il a rappelé à ce titre que la wilaya a fait appel à la mobilisation de deux hélicoptères bombardiers d’eau de la Protection civile pour intervenir sur l’incendie de Tala Guilef (Boghni) et contre qui la lutte terrestre était très difficile en raison du relief fortement accidenté de la région. Il a été également procédé à l’installation d’une cellule de crise pour suivre la situation et recenser les dégâts occasionnés par ces feux. Deux hélicoptères bombardiers d’eau sont utilisés en renfort par la protection civile pour maitriser un incendie qui s’est déclaré mardi dans le parc nationale du Djurdjura (PND) sur sa partie situé sur le territoire de la wilaya de Tizi-Ouzou. En outre, près de 60 hectares de forêts et de récoltes agricoles ont été ravagés par les flammes, à travers différentes régions de la wilaya de Bordj Bou Arreridj. Les feux ont détruits environ 53 ha de pins d’Alep et de chênes verts, dont 25 ha dans la région de Boumessaada, relevant de la commune de Djaâfra et 28 ha dans le village d’Achabou, commune de Tefreg (40 km au Nord de Bordj Bou Arreridj). Les unités de la protection civile sont intervenues pour éteindre un incendie dans la région d’Ouled Rezzouk, dans la commune de Khelil, ayant détruit 5 ha de chêne vert, tandis que l’unité secondaire des daïras d’Ain Taghrout et Bir Kasd Ali ainsi que la colonne mobile ont réussi à éteindre l’incendie et à préserver le reste de la forêt. Les flammes ont également détruit 100 bottes de foin, 6,5 ha de récoltes et 6 autres ha où sont plantés 37 arbres fruitiers dans le village de Besbassa, dans la commune de Bir Kasd Ali, tandis que les fermes voisines ont été sauvées des flammes au moment où 250 bottes de foin ont été détruites par le feu dans le village de Beyata, dans la commune d’El Annacer. A Alger, les pompiers sont à pied d’œuvre pour éteindre le feu déclaré dans la forêt de Bainem en mobilisant un important dispositif de moyens et humain. Selon le lieutenant Sadek Kamel de la direction de wilaya de la Protection civile, l’opération d’extinction de l’incendie est toujours en cours, précisant que des moyens matériels et humains importants ont été déployés pour la circonstance afin de maitriser le feu. Il a ajouté que huit camions de pompiers de la direction de wilaya de la Protection civile renforcés par dix autres de l’Unité nationale d’intervention de Dar El-Beida, ainsi que deux hélicoptères du groupe aérien de la Direction générale de la Protection civile, ont été mobilisés. D’autre part, un incendie, déclaré au village d’Oum Laalou dans la commune de Tissemsilt, a détruit plus de 9 hectares de céréales, a-t-on appris des services de la protection civile. Le feu s’est déclenché aux environs de 12 heures dans une exploitation agricole privée implantée dans une zone rurale détruisant plus de 5 ha de blé dur, 4 ha d’orge, un hangar avicole vide et une serre en plastique.
Les services de la gendarmerie nationale ont ouvert une enquête pour déterminer les circonstances de cet incendie
L’intervention des agents de la protection civile a permis de sauver 20 ha de la surface restante des récoltes de blé dur et d’orge dans la même exploitation, ainsi qu’un entrepôt d’aviculture et une habitation rurale limitrophe. Les mêmes services ont indiqué que cet incendie est dû à un court-circuit électrique, nonobstant la canicule. Son extinction a mobilisé 15 agents d’intervention de l’unité principale de la protection civile du chef-lieu de wilaya, deux camions et une ambulance selon la même source. Les services de la gendarmerie nationale ont ouvert une enquête pour déterminer les circonstances de cet incendie. Au total, 37 foyers d’incendies ont détruit près de 990 ha de forêts et de couvert végétal à Aïn Defla depuis le début de juin dernier, une superficie nettement supérieure à celle parcourue par le feu durant la campagne (de juin à octobre) de l’année écoulée, a-t-on appris auprès d’un responsable de la Conservation locale des forêts.
« Si durant la campagne de l’année dernière s’étalant de juin à octobre, les pertes enregistrées suite aux incendies de forêts n’ont pas dépassé les 100 ha, les choses ne se présentent malheureusement pas de la même manière cette année puisque rien que du 1er juin à ce jour, les dégâts s’élèvent à 989, 2 ha », a déploré l’inspecteur principal à la même Conservation, Abderahmane Hamrani. De la superficie globale détruite, 37,5 ha concernent les forêts, 282,3 le maquis, 631,34 ont trait aux broussailles, 32,30 aux plantations fruitières au moment où la superficie se rapportant au reboisement s’élève à 6 ha, a détaillé M.Hamrani, signalant qu’à la faveur de ces statistiques.Aïn Defla arrive en tête des wilayas en matière d’importance des superficies forestières détruites par les incendies. S’agissant des communes les plus touchées, le même responsable, également chargé de communication de la Conservation des forêts de Aïn Defla a précisé qu’AïnTorki arrive en tête avec 398,6 ha détruits, suivi de Ben Allel (319, 5), Oued Djemaâ (121 ha) et Tarik Ibn Ziad (72ha). »Comme il est de coutume lors de la déclaration d’un incendie, la chaleur, les vents du sud et les reliefs accidentées contribuent à la propagation des flammes », a-t-il fait remarquer, observant toutefois que ce sont les services de la Gendarmerie nationale qui sont chargés d’enquêter sur les causes exactes des sinistres compte tenu du fait que le législateur ait classé l’incendie de forêt comme crime. Le même responsable a invité les citoyens à alerter les services compétents (Conservation des forêts ou Protection civile) en cas d’un incendie, les exhortant à ne pas faire preuve de négligence dans et aux abords des forêts. P A Médéa, plus de six hectares de couvert végétal ont été parcourus par les flammes, dans plusieurs incendies enregistrés, durant les dernières 48 heures, à travers différentes localités de la wilaya. L’essentiel des pertes a été enregistré au niveau de « Ain-Djemaa », commune de Maghraoua, au nord-est de Médéa, et « El-Aouachria », dans la localité de Bouskène (est), et « Meghatlia », commune de Benchicao, où de nombreuses parcelles de couvert végétal ont été réduites en cendre, suite à ces incendies, maitrisés après d’intenses efforts.
Les participants ont préconisé la consolidation de la connaissance et la compréhension des dangers des feux de forêt à travers le renforcement des mayens de recherche, d’études, de collecte, d’analyse et d’utilisation des données liées aux catastrophes précédentes
Pour rappel, les participants une rencontre nationale tenue sur la prévention et la lutte contre les feux de forêts ont recommandé le renforcement du cadre juridique pour faire face à ce phénomène. Les recommandations formulées à l’issue de la rencontre ont mis en avant l’impératif de renforcer le cadre juridique et institutionnel notamment à travers l’élaboration d’un plan général de prévention prévu par la loi 04-20 et l’actualisation des textes en vigueur en les adaptant aux normes internationales. Les participants ont préconisé la consolidation de la connaissance et la compréhension des dangers des feux de forêt à travers le renforcement des mayens de recherche, d’études, de collecte, d’analyse et d’utilisation des données liées aux catastrophes précédentes mais aussi l’encouragement du rôles des sciences et des nouvelles technologies dans la prévention et l’évaluation périodique de ce phénomène et des dangers avant et après la catastrophe tout en développant les informations et les programmes scolaires et mobilisant les populations avoisinant les forêts menacés par les dangers. Les participants ont insisté aussi sur l’importance de renforcer la décentralisation et la gouvernance à travers la contribution efficace des collectivités locales et la redéfinition de tous les rôles, les missions et les responsabilités des acteurs locaux avec la mise en place de mécanismes devant consolider la coordination entre les secteurs concernés pour mettre en œuvre un plan d’action commun. Par ailleurs, les participants ont appelé à la mise en place d’une mesure institutionnelle pour identifier les raisons derrière ces feux à travers l’installation d’un groupe mixte composé de l’administration des forets, de la protection civile et de la Gendarmerie nationale tout en créant un réseau de vigilance. Plus de 6058 hectares de forêts ravagés par les 923 incendies enregistrés au niveau national depuis le début du mois de juin à ce jour.
Le dispositif de prévention et de lutte contre les incendies, mis en place depuis le 1er juin 2019, sera maintenu jusqu’à la fin de la campagne prévue le 31 octobre prochain, indique la DGF
C’est ce qu’a révélé Abdelghani Messaoud, sous-directeur à la direction générale des forêts. Intervenant sur les ondes de la radio chaine 1, M. Messaoud a indiqué que durant cette période, les services de la DGF ont enregistré une moyenne de 17 incendies par jours. Selon lui, Tissemsilt, est la wilaya la plus touchée en termes de perte où les flammes ont détruit une superficie de 1141 héctare, suivie par la wialya de Tizi Ouzou (164 incendies et 962 hectares ravagés). La wilaya d’Ain Defla arrive en troisième position avec 44 incendies et 942 hectares de forêts dévastés. Le dispositif de prévention et de lutte contre les incendies, mis en place depuis le 1er juin 2019, sera maintenu jusqu’à la fin de la campagne prévue le 31 octobre prochain, indique la DGF. En raison des risques persistants durant cette période, la DGF fait appel aux citoyens, notamment aux populations riveraines, d’observer plus de vigilance et d’apporter leur contribution sur le plan d’alerte et de la prévention. Des spécialistes en couvert végétal ont fait remarquer que les feux de forêts se concentrent surtout dans les wilayas littorales du nord-est algérien, de Tizi Ouzou à El Tarf. Une géographie correspondant à des wilayas très boisées et accidentées, avec une forte densité de population et un manque de terres pour l’urbanisation. Les scientifiques relèvent aussi que les statistiques officielles algériennes admettent que 80 % des causes sont inconnues et, pour les 20 % restants, elles tendent à proposer des interprétations comme “l’origine naturelle” du phénomène ou bien “les conditions climatiques”. On relève aussi que l’Etat s’est toujours concentré sur la lutte contre les feux de forêts sans jamais faire le travail en amont de la prévention. Les moyens de lutte restent toutefois insuffisant. D’où l’importance d’une amélioration supplémentaire des moyens techniques et une meilleure répartition de l’effort d’aménagement et d’équipement pourraient contribuer à réduire encore les bilans des surfaces incendiées.
Le conservateur des forêts de Tizi Ouzou dément : aucune perte de singe magot
Le conservateur des forêts de la wilaya de Tizi Ouzou, Ould Mohand Youssef a démenti, dimanche, les rumeurs faisant état de pertes en singes lors des derniers incendies enregistrés en Kabylie. Il a expliqué qu’aucun ossement ni d’autres signes prouvant la perte de singes n’ont été trouvés, tout en soulignant que les photos partagées sur les réseau sociaux n’ont pas été prises en Algérie pour la simple raison que seul le singe magot est répertorié dans notre pays. Ould Mohand Youssef s’interroge sur les visées des internautes qui partagent ces photos mensongères. Le même responsable a révélé que l’origine de certains incendies est criminelle citant le cas du feu déclaré dans le parc national du Djurdjura à hauteur de Tala Guilef où celui-ci a pris départ depuis une zone humide. Dans le même sillage, il n’a pas écarté que la mafia du foncier soit derrière des départs de feux signalés dans certaines localités notamment les régions du littoral comme Tigzit, Mizrana,Iflissen, Azzefoun et Ait Chafaa dans le but de squatter le foncier. En termes de dégâts, le même responsable à fait état de 1450,5 hectares de couvert végétal parcourus par les 167 feux durant la période du 1 juin au 24 juillet courant.
T. Benslimane