Bientôt une conférence nationale pour le changement: Objectif : aboutir à une feuille de route pour sortir de la crise

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Algerian protesters march with a giant national flag during a demonstration in the capital Algiers on May 31, 2019. - Protesters are looking to keep up the pressure on the North African state's ruling elite with weekly rallies despite the end of Bouteflika's two-decade rule. (Photo by RYAD KRAMDI / AFP)

 

Plus de 500 personnes représentant près de 40 syndicats, associations et organisations nationales devront participer à la Conférence nationale de la société civile, prévue le 15 juin en cours, afin d’aboutir à « une feuille de route » pour sortir de la crise que vit le pays et qui sera présentée, prochainement, à la classe politique.

Les participants à cette Conférence relèvent de trois dynamiques, à savoir: la Confédération des syndicats autonomes, le Forum civil pour le changement et le Collectif de la société civile qui compte plusieurs associations et organisations de droits de l’Homme, en vue de peaufiner les procédures techniques et logistiques et d’adopter une feuille de route de sortie de crise. Le coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs d’enseignement secondaire et technique (SNAPEST), Meziane Meriane a révélé, dans ce sens, que les organisateurs de cette rencontre nationale demanderont officiellement aux autorités publiques une autorisation pour la tenue de cette conférence, ajoutant que plus de 40 syndicats et associations nationales devront participer à cette conférence qui vient couronner les précédentes rencontres des acteurs de la société civile. Les représentants de la société civile avaient tenu, précédemment, quatre rencontres préparatoires, dont la première a été consacrée à l’examen de la situation politique et des risques de blocage. Les participants ont procédé, lors de la 2e rencontre, à l’échange de points de vue et de différentes initiatives et suggestions. Quant à la 3ème et 4ème rencontres, les syndicats et les associations ont tenté de cristalliser les différentes propositions pour tenter de parvenir à une plateforme unifiée et une feuille de route devant être présentée lors de la conférence nationale. Affirmant que la plateforme en question sera présentée, prochainement, à l’opinion publique et à la classe politique, lors d’une autre conférence nationale qui verra la participation des partis politiques, M. Meriane a souligné que la crise politique dans notre pays « s’est développée en crise économique, impliquant une action rapide pour y faire face ». Concernant les participants à la conférence nationale de la société civile et celle avec les partis politiques, le même intervenant a indiqué que « les portes seront ouvertes à tous les acteurs politiques et représentants de la société civile, à condition que ces partis, syndicats et associations n’aient pas participé à la gestion des affaires du pays avec l’ancien système ». « Ces parties étaient la cause directe de la crise actuelle et partant elles ne peuvent faire partie de la solution », a-t-il estimé. « Cette exclusion du dialogue est logique », a-t-il précisé, vu que « la volonté populaire exprimée lors des marches populaires revendique une nouvelle République et la rupture avec tous les symboles de l’ancien système ». Pour activer l’initiative politique qui sera issue de la plateforme unifiée, « celle-ci sera débattue avec les institutions de la République, voire la Présidence », a fait savoir Meziane Meriane qui a ajouté que les participants à la Conférence nationale examineront « comment transmettre cette initiative aux décideurs ». Quant aux détails de cette plateforme, le syndicaliste a déclaré qu' »elle propose une période de transition pour fonder un nouvel Etat basé sur le respect de la loi, la séparation des pouvoirs et la concrétisation de la volonté populaire ainsi que la lutte contre la corruption ». Le débat ne sera pas encadré par la constitution actuelle qui « est caduque et l’une des causes directes de la crise politique. Il est temps de la modifier », a-t-il soutenu. Pour sa part, le président du Réseau algérien pour la défense des droits de l’enfant (NADA) et coordonnateur du forum national pour la changement, Abderrahmane Arar, a indiqué que l’objectif de cette conférence nationale est de s’entendre sur la feuille de route qui favorisera le dialogue avec le régime actuel, en vue de sortir de l’impasse politique ».

 

« Cela ne signifie pas de dialoguer avec le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah et le Premier ministre, Noureddine Bedoui, des noms dont le peuple algérien réclame le départ », a-t-il expliqué. Les acteurs de la société civile plaident pour l’ouverture « d’un dialogue direct avec l’institution militaire, en premier lieu, à condition que les politiciens poursuivent ce dialogue pour un retour à la légitimité, à travers l’organisation d’une élection libre et transparente », a-t-il estimé, prévoyant « une réponse positive de la part du commandement de l’armée » concernant cette demande. En s’accordant une nouvelle chance à la faveur de la décision du conseil constitutionnel d’annuler la présidentielle du 4 juillet prochain, le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah s’est engagé à organiser des élections libres, honnêtes et transparentes « dans les plus brefs délais ». Dans un discours à la nation, Bensalah a également a appelé la classe politique, la société civile et les personnalités nationales à « opter pour la voie du dialogue inclusif en vue de poser les jalons du processus de concertation » en vue de poser les jalons du processus de concertation que l’Etat s’emploiera à organiser dans les meilleurs délais, à débattre de toutes les préoccupations portant sur la prochaine échéance présidentielle, et partant, tracer une feuille de route devant aider à l’organisation du scrutin dans un climat d’entente et de sérénité ». Après avoir rappelé ces invitations, lors de ses précédents discours, au dialogue et à la concertation, le chef de l’Etat a réitéré son engagement à garantir « au scrutin présidentiel toutes les conditions d’une élection régulière, libre et transparente, telle que souhaitée par notre peuple », indiquant que cette nouvelle étape « est incontestablement une opportunité précieuse pour restaurer la confiance et mobiliser les forces patriotiques nationales en vue de construire le consensus le plus large possible autour de l’ensemble des questions en rapport avec les aspects législatif, réglementaire et organisationnel de cette élection, et sur les mécanismes de son contrôle et sa supervision ». « L’Algérie a besoin de réformes et de nouveaux horizons aux plans politique et socioéconomique, un vœu clairement et pacifiquement exprimé par notre peuple qui doit également faire face à de nombreux et ô combien difficiles défis et enjeux nécessitant la mobilisation de toutes les forces vives », lit-on dans son message. A ce propos, M. Bensalah s’est dit convaincu « que seul le président de la République, élu démocratiquement, jouira de la confiance et de la légitimité requises pour lancer ces réformes et contribuer à relever les défis qui se posent à notre Nation », assurant par la même occasion que « l’organisation d’une Présidentielle dans des délais admissibles, sans aucune perte de temps, constitue l’unique voie et la plus efficace, politiquement et la plus rationnelle, démocratiquement ». Dans ce sens, il a réitéré son appel à toutes les parties concernées à participer au processus consensuel et à faire prévaloir la sagesse et l’intérêt du peuple, tant dans leurs débats que dans leurs revendications, en les invitant également à « saisir cette nouvelle opportunité pour s’impliquer pleinement dans la concertation que nous prônons aujourd’hui plus que jamais ». Le temps étant précieux, le chef de l’Etat a exhorté tout un chacun à s’atteler sérieusement à la recherche de solutions consensuelles devant permettre l’organisation d’une élection Présidentielle régulière dans un climat de rivalité transparent. Il a adressé également cet appel à « toutes les bonnes volontés, celles dont le leitmotiv est l’amour de la patrie et l’abnégation à son service, celles qui ont foi en l’élan collectif et en la maturité de notre peuple et bannissent toutes formes d’exclusion et d’aventurisme, particulièrement lorsqu’il est question de l’avenir de l’Algérie ». Ceci intervient au moment où la décision du Conseil constitutionnel sur l’impossibilité de la tenue de l’élection présidentielle, le 4 juillet 2019, a été favorablement accueillie par la classe politique, toutes obédiences confondues, qui l’a qualifié de « consécration » de la mobilisation populaire qui se poursuit depuis plus de trois mois et de « victoire supplémentaire sur la voie du changement du système ».

T. Benslimane