20e Festival européen: Lorsque la tradition folk espagnole prend des allures festives à Alger

0
2006

 

La chanteuse espagnole Maria Arnal et son compatriote-guitariste Marcel Bagés, ont livré jeudi soir à Alger, une prestation de haute facture, où la tradition folk espagnole a pris des  allures festives, devant un public relativement nombreux.

Près de 80 mn durant, la scène de la salle Ibn-Zeydoun de l’Office Riadh El Feth (Oref) a accueilli le duo espagnol qui a gratifié l’assistance d’un florilège de chansons de leurs  compositions, dans le cadre du 20e Festival culturel européen, ouvert le 10 mai dernier, sous le slogan du « Vivre ensemble ». Une dizaine de titres, tirés essentiellement de l’album, »45 cerveaux et un cœur », intitulé en référence à la découverte macabre, après la guerre d’Espagne, de 45 crânes ensevelis dans une fosse commune, prônent la « mémoire collective », enfouie « sous le sol  espagnol », qui continue de servir « la construction du présent », a expliqué la chanteuse, à l’entame de son récital. Dans une ambiance feutrée à l’éclairage tamisé, Maria Arnal, à la voix présente et étoffée, pose d’entrée son emprunte : « plasticienne de la chanson », elle dessine ses toiles mélodiques sur des espaces qu’elle crée, dans un style d’interprétation singulier qui se base sur la spontanéité et le libre court. Promenant sa voix avec autant d’émotion que de talent, l’artiste, toute de rouge vêtue, a donné plusieurs teintes à sa manière de chanter, à travers les nuances qui ont marqué ses  mélodies, allant de la puissance des intonations, au balbutiement, voire au chuchotement. Les pièces, « 45 Cerebros y 1 corazon », « Bienes », « Jo no canto per la veu », « Conço de la Marina Ginesta », « Canço del taxista », « Mienteme », « La Gent », « Cos », « Conçion total », « Tu que vienes a Rondarme », « El ball del vetlatori » et « A la vida », ont été brillamment rendues par le duo, dans une variété de genres musicaux. De la tradition folk espagnole (jotas, fandango, coplas, flamenco) aux genres, populaires, techno, psychédélique et pop, les pièces entonnées, chantent, l’amour, la paix, l’Art, le désir, la gestion de l’eau, l’émotion de l’exile forcé, la mort, le pouvoir et l’humanisme, entre autre. Marcel Bagés et ses deux guitares, sèche et électrique, était équipé d’un pédalier contenant une panoplie d’effets et un séquenceur, qui ont donné de belles couleurs au travail  d’harmonisation qu’il a assuré avec beaucoup de maîtrise technique, de virtuosité et de professionnalisme. En présence du ministre-Conseiller auprès de l’ambassade d’Espagne à Alger, Tomas Lopez Vilariao et de représentants de différentes missions diplomatiques accréditées en Algérie, le public a savouré tous les moments du spectacle dans la délectation, donnant beaucoup de répondant au duo d’artistes. Maria Arnal et Marcel Bagés se sont dis, « ravis de se produire à Alger », devant un public « aussi accueillant ! ». Originaires de Barcelone, les deux artistes sont ensemble depuis trois ans, donnant en un an et demi seulement, à la péninsule ibérique notamment, « plus de 160 concerts », pour aller se produire ensuite, en Russie, au Royaume Uni, en Bulgarie, au Maroc, aux Etats Unis et en Amérique Latine. Plusieurs fois distingués, à l’instar du Prix « Ciudad de Barcelona de  Musica »(2016), Maria Arnal et Marcel Bagés, continuent, en « intellectuels intelligents », de transmettre la musique populaire en intégrant dans leurs compositions des « enregistrements de terrain, des fichiers numérisés et des documents sonores de la Péninsule Ibérique », peut-on lire sur un des documents de présentation. « J’essaye de donner à mon engagement un sens et un élan qui soient bien plus larges que ceux d’une idéologie partisane », a tenu à préciser Maria Arnal, à l’issue de sa prestation. Musique, danse et cinéma sont au programme du 20e Festival culturel européen, animé, jusqu’au 27 mai prochain, par 16 pays européens à la salle Ibn-Zeydoun (Oref), ainsi que dans les villes de Bejaïa, Oran et Tizi Ouzou.