Après l’appel au dialogue lancé par Gaïd Salah: La classe politique divisée sur la période de transition

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 L’appel au dialogue avec les institutions de l’Etat, lancé récemment par le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la défense nationale, chef d’état-major de l’ANP, a été diversement accueilli par la classe politique qui reste divisée sur la manière dont sera gérée la période de transition.

C’est le cas notamment du FLN qui a appelé, par la voix de son nouveau Secrétaire général, Mohammed Djemiai, à l’ouverture d' »un dialogue efficace » pour sortir de la crise que traverse le pays. « La sortie de la crise que traverse l’Algérie passe par le dialogue efficace, loin des conditions rédhibitoires et des complots », a affirmé M. Djemiai lors de sa première conférence de presse au siège du FLN, soulignant que l’intérêt suprême du pays était « une ligne rouge » à ne pas franchir. Il a appelé dans ce contexte, toutes les formations politiques « ayant soutenu l’institution militaire et cautionné le mouvement populaire à prendre part à ce dialogue ». « Nous tendons la main à toutes les tendances politiques nationales et nous sommes ouverts à toutes les idées pour sortir de la crise et mettre en place des plans réels et scientifiques étudiés », a-t-il mis en avant. Pour ce qui du FLN, le SG a annoncé la tenue d’une rencontre avec les chefs de mouhafadas des 48 wilayas, faisant état de la préparation du congrès inclusif en concertation avec toutes les forces vives du parti y compris les anciens et les jeunes militants ». Le FLN « a retrouvé sa légitimité grâce au mouvement populaire », a-t-il ajouté, soulignant que « les perturbateurs sont ceux qui demandent que le FLN soit au musée et tentent de porter atteinte aux institutions de l’Etat telle que l’Armée nationale populaire (ANP) dont je salue ses positions envers les revendications du peuple algérien ». Le SG du FLN s’est adressé au peuple algérien pour lui demander de « pardonner » au parti « les erreurs commises par d’anciens dirigeants », réaffirmant son engagement à réaliser « un nouveau départ ».  Abondant dans le même sens, le Front El Moustakbal a estimé que les élections constituaient « le seul moyen démocratique sûr pour exprimer la libre volonté du peuple », appelant « à donner de véritables garanties pour organiser des élections libres et indépendantes dans un climat serein ». Le parti a affirmé « conscients des conséquences de la phase de transition et des points négatifs qui en découlent dans tous les domaines, et dans le cadre du respect de la Constitution et de l’autorité du peuple », les élections constituent « le seul moyen démocratique sûr pour exprimer la libre volonté du peuple, loin des surenchères d’où l’impératif de respecter les délais constitutionnels impartis pour l’organisation de cette échéance ». « L’Etat assume pleinement sa responsabilité historique à l’égard du pays et du peuple, à travers la prise de mesures effectives à même de rassurer l’opinion publique, et d’offrir de véritables garanties pour une Présidentielle libre et indépendante dans un climat serein, à la faveur de la formation d’une instance indépendante pour l’organisation et la surveillance des élections et l’annonce des résultats du scrutin », précise le parti, appelant le peuple « à assumer sa responsabilité en se dirigeant aux urnes ». Le parti a exhorté la classe politique et la société civile « à adopter le dialogue comme seul moyen de rapprocher les vues et de réunir les conditions idoines pour l’organisation de la Présidentielle, et partant sortir rapidement de la crise ». La formation a, en outre, mis en garde contre « les manœuvres de certaines parties inconstitutionnelles et antidémocratiques qui recourent à l’exploitation de différents espaces pour obstruer le processus de changement et les élections en particulier ». Le parti dirigé par Abdelaziz Belaid a salué « les acquis réalisés par le Hirak populaire qui a banni tout comportement visant à semer la discorde entre Algériens et consacré la cohésion nationale ». Il a mis en avant « les positions fermes de l’ANP qui a accompagné le peuple algérien dans la réalisation de ses revendications, dans le cadre du respect de la Constitution et la lutte contre les différentes formes de corruption, à la faveur d’une justice indépendante ». En revanche, le président de Talaei El Houriet, ces consultations qui anticipent les événements, sont « une erreur et une tentative d’induire en erreur du fait qu’elles soient hors sujet de ce qui se passe dans le pays ».   Ali Benflis note également que le peuple algérien « ne voit à travers ces consultations qu’une vaine tentative pour d’éviter de répondre aux exigences réelles en ce sens que le vrai sujet posé avec insistance concerne la présidence de l’Etat, la présidence de l’APN et le gouvernement». D’autres partis comme le MSP de Abderrazak Mokri, le Front pour la justice et le développement de Abdellah Djaballah ou encore le FNA de Moussa Touati, ont décliné l’invitation de la Présidence, estimant qu’il s’agit d’une « nouvelle tentative » de « gagner le temps » de la part du système en place. Il s’agit aussi d’une démarche qui s’inscrit à l’encontre de la volonté du peuple et de ses revendications, a-t-on encore expliqué.   Au lendemain de son investiture à la tête de l’Etat pour une période intérimaire de trois mois, Abdelkader Bensalah, s’était engagé à mettre en place, en concertation avec la classe politique et civile citoyenne, une institution nationale collégiale, souveraine dans ses décisions, à laquelle sera dévolue la mission de réunir les conditions nécessaires de préparation et d’organisation d’élections nationales honnêtes et transparentes. Il a avait affirmé alors que « c’est en concertation avec la classe politique et civile citoyenne que je me propose, en priorité et en urgence, de créer une institution nationale collégiale, souveraine dans ses décisions, à laquelle sera dévolue la mission de réunir les conditions nécessaires de préparation et d’organisation d’élections nationales honnêtes et transparentes ». Affirmant que « le gouvernement et les services administratifs concernés seront chargés de la soutenir et de l’accompagner dans l’accomplissement de ses missions en toute liberté », il a exhorté « tout un chacun à surmonter les divergences et nous investir dans une action collective historique à la hauteur des défis de l’étape, reposant sur les valeurs de solidarité, de cohésion et d’abnégation, dans le but d’atteindre l’objectif suprême, c’est-à-dire poser les fondements de l’Algérie du futur ». Les participants à la neuvième rencontre de concertation des « Forces du changement en faveur du choix du peuple » regroupant des partis de l’opposition, des syndicats et des personnalités nationales ont appelé à l’organisation d’une « rencontre nationale » afin de trouver une solution à la crise politique que traverse le pays. L’accent a été mis lors de cette rencontre sur la nécessité de « former une commission qui se chargera d’organiser une rencontre nationale des Forces du changement qui soit ouverte à tous les acteurs de la société, à l’exception des parties ayant été à l’origine de la crise actuelle, et ce afin de rechercher une solution qui puisse répondre aux revendications pacifiques du peuple ». Se disant ouverts à toute initiative pouvant contribuer à satisfaire les revendications populaires, les participants à cette rencontre ont réitéré leur attachement au dialogue en tant que principe à même de trouver une issue à cette situation. Ils ont salué, par la même occasion, l’appel au dialogue exprimé par l’Armée nationale populaire (ANP) dans son communiqué rendu public mercredi. Après avoir réitéré leur soutien au Hirak populaire et à la sauvegarde de la cohésion de l’élan populaire pacifique, les participants ont souligné l’impérative préservation de l’indépendance de la justice dans le traitement de tous les dossiers ainsi que le respect des règles de la justice, de l’impartialité et de l’équité. Ils ont également appelé à prendre des mesures « urgentes » pour récupérer l’argent public détourné et protéger la richesse populaire, mettant l’accent sur la nécessité d’informer l’opinion publique sur les poursuites judiciaires lancées dans les dossiers de corruption. Ceci intervient au moment où le Général de Corps d’Armée, Ahmed Gaïd Salah, Vice-ministre de la Défense nationale, Chef d’Etat-major de l’ANP, avait affirmé que l’ANP) allait continuer à faire face aux plans visant à semer la discorde et la sédition entre les Algériens et leur armée, tout en réitérant les « garanties suffisantes » du Haut Commandement de l’Armée à la justice pour poursuivre le traitement des dossiers liés à la corruption « sans aucune contrainte ni pression ». Lors de sa visite de travail effectuée à 1ère Région militaire à Blida, Gaïd Salah avait souligné que « le peuple algérien a exprimé par ses marches pacifiques à travers tout le pays, son attachement solide à sa patrie et la noblesse de ses aspirations ». Le peuple a affirmé « sa mobilisation sincère pour la sécurité et le progrès de l’Algérie et pour barrer toutes les voies aux tentatives de déstabilisation et de dévoiement de ce parcours pacifique et civilisé, lors duquel le peuple algérien a démontré son attachement à sa terre et à ses ambitions légitimes à construire un Etat fort, sûr et prospère, où participeraient tous ses enfants dévoués à édifier ses institutions, ayant pour fondement l’intérêt suprême de la nation, pour base l’équité sociale et pour piliers, la sincérité, le dévouement et la loyauté envers Allah et la nation », a-t-il souligné. »Face à ces plans qui tendent à semer les graines de la discorde et de la sédition entre les Algériens et leur Armée, l’ANP continue à leur faire face, conformément aux dispositions de la Constitution et des lois républicaines », a-t-il assuré. Cela atteste de « la réussite des unités de sécurité, en charge du maintien de l’ordre, à déjouer les diverses tentatives visant à semer la terreur et l’anarchie et troubler l’ambiance calme et sereine caractérisant les marches citoyennes », a-t-il affirmé, précisant que « ceci a été confirmé par l’interpellation, au courant de la fin de la semaine passée, d’individus en possession d’armes à feu, d’armes blanches et de grenades lacrymogènes, ainsi qu’une grande quantité de psychotropes et des moyens de communication ». Le Général de Corps d’Armée a, par la même occasion, réitéré son appel à la justice afin d' »accélérer la cadence des poursuites judiciaires concernant les affaires de corruption et de dilapidation des deniers publics », ajoutant que le Commandement de l’ANP « offre des garanties suffisantes aux services judiciaires pour poursuivre avec détermination et en toute liberté, sans aucune contrainte ni pression, le jugement de ces corrupteurs ». Par ailleurs, il a indiqué avoir « appelé l’appareil de la justice », dans ses interventions précédentes, en vue d' »accélérer la cadence des poursuites judiciaires concernant les affaires de corruption et de dilapidation des deniers publics et de juger tous ceux qui ont pillé l’argent du peuple ». Dans ce contexte, précisément, Gaïd Salah a valorisé « la réponse de la justice quant à cet appel qui représente un volet important des revendications légitimes des Algériens ». Il a également assuré que le Commandement de l’ANP « offre des garanties suffisantes aux services judiciaires pour poursuivre avec détermination et en toute liberté, sans aucune contrainte ni pression, le jugement de ces corrupteurs. Ces dispositions permettront ainsi de rassurer le peuple que son argent pillé sera récupéré par la force de la loi et avec la rigueur requise ». Pour Gaïd Salah, « l’alignement de l’ANP aux côtés du peuple afin d’atteindre ses objectifs visant à opérer le changement escompté et sa mobilisation continue pour accompagner les Algériens dans leurs marches pacifiques et leur sécurisation, découle de la cohésion et de la concordance dans les visions et la démarche empruntée entre le peuple et son armée, une cohésion qui semble déranger ceux qui portent une animosité profonde envers l’Algérie et son peuple et ce, malheureusement, en conspirant avec des parties intérieures, qui ont vendu leur âme et ont hypothéqué l’avenir de leurs concitoyens pour des fins et des intérêts personnels étroits ». Il a rassuré que « notre pays, qui a su traverser diverses épreuves et crises tout au long de son histoire, saura, sans nul doute, sortir plus fort et plus solide de sa crise actuelle ». L’ANP, « partant de ses convictions profondes et ancrées quant à la nécessité de préserver les liens de communication avec sa profondeur populaire enracinée, qui constitue son appui, la source de sa force et le secret de sa résistance face à tous les dangers et toutes les menaces, continuera en cette conjoncture sensible, à adopter la même démarche sincère en informant les citoyens régulièrement de tout ce qui a trait à leur sécurité et la sécurité de leur pays », a encore mentionné Gaïd Salah. Il a réitéré également l’engagement de l’ANP à « préserver les nombreux acquis et réalisations de la nation, ainsi que l’accompagnement du peuple et de ses institutions à travers la mise en œuvre des solutions possibles, tout en approuvant toute proposition constructive et initiative utile allant dans le sens du dénouement de la crise et menant le pays vers la paix ».