Pétrole: L’amélioration des fondamentaux du marché derrière l’ascension des  cours

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 L’amélioration des fondamentaux du marché  pétrolier et l’activisme des acteurs financiers à terme, ont contribué à  l’ascension des cours du brut durant ces dernières semaines, a estimé le  président de la société de conseils en énergie « Nalcosa », Nordine Aït  Laoussine.

Dans un entretien accordé à l’APS, l’ancien ministre de l’Energie, dont la  société est basée à Genève (Suisse), a expliqué que « le cours du Brent  poursuit son ascension à la faveur d’une amélioration des fondamentaux du  marché pétrolier et de l’activisme des acteurs financiers à terme ». « En ce qui concerne les fondamentaux, la demande mondiale est toujours en  hausse, certes de façon plus modérée, malgré l’apparition de nouveaux  indices confirmant le ralentissement de la croissance économique ». Pour ce qui est de l’offre, cet expert international a estimé que le  marché est aujourd’hui « convenablement » approvisionné. Toutefois, des « doutes persistent », selon lui, sur l’étendue de la baisse  de production à court et moyen termes du Venezuela, de l’Iran et de la  Libye de même que sur la capacité des autres pays exportateurs et notamment  de l’Arabie Saoudite à compenser cette baisse tout en freinant  l’augmentation soutenue du pétrole de schiste américain. Pour lui, cette incertitude est mise à profit par les acteurs des marchés  financiers à terme, à travers des variations intempestives des cours, afin  d’alimenter la volatilité des prix qui constitue leur fonds de commerce. Interrogé pour savoir si cette hausse des prix avait été impactée par la  situation politique en Algérie, au même titre que la crise armée en Libye,  ainsi qu’aux sanctions imposées au Venezuela et à l’Iran, M. Aït Laoussine  a répondu: « La situation au Venezuela, en Iran et en Libye avait eu plus  d’impact sur les prix ».    « L’évolution de la situation politique chez nous fait évidemment, elle  aussi, l’objet de spéculations, et ce, d’autant plus que des rumeurs ont  été propagées sur une prétendue baisse de notre production ».

La durée de la crise retarderait les réformes en Algerie

 A ce titre, il pense que cette spéculation continuera à être alimentée  tant que la crise actuelle ne débouchera pas sur une solution « ordonnée » et  « consensuelle ». A propos de la prochaine réunion de l' »Opep  » qui se tiendra les 25 et 26  juin à Vienne, l’expert pense que l’Organisation des pays exportateurs de  pétrole, (en fait l’Arabie Saoudite)  a probablement agir en fonction du  niveau de prix qui sera alors en vigueur ».  Cependant, « il est regrettable, a-t-il poursuivi, que toute l’attention de  l’organisation soit focalisée exclusivement sur le court terme et qu’elle  continue à appliquer de vieilles recettes dans un marché qui connait de  profondes mutations. »  Pour M. Aït Laoussine, les pays exportateurs de pétrole qui ne peuvent pas  éternellement réduire leur production, sont incapables désormais, de  « retarder les réformes indispensables à la diversification de leur économie  et au développement durable ». Sollicité pour donner son avis sur la polémique déclenchée, dernièrement  sur de prétendues exportations gratuites de gaz algérien vers la France,  l’ancien ministre de l’Energie a affirmé que cette rumeur avait « la peau  dure ».  « Cela n’a jamais été le cas lorsque j’étais responsable de la vente du gaz  algérien (1971-1979) ou lorsque j’ai occupé le poste de ministre de  l’Energie (1991-1992) », a-t-il précisé.   « Si l’auteur de ce scoop se réfère à une autre période, qu’il nous donne  des précisions sur le type de contrat, les quantités et autres détails  relatifs à cette transaction aberrante, au demeurant illégale ».  Interrogé sur la situation politique particulière que connaît l’Algérie,  depuis le 22 février dernier et son impact sur l’économie nationale, M. Aït  Laoussine a répondu: « s’il n’est pas mis fin à la crise actuelle dans les  mois à venir, il est à craindre que l’économie nationale, déjà fragile, se  détériore de façon significative ».       « Si les manifestations populaires sont, par exemple, obligées de recourir  à la grève pour se faire entendre, et si cette grève devait s’étendre au  secteur pétrolier, la baisse de nos exportations en hydrocarbures porterait  un coup fatal à nos équilibres budgétaires », a-t-il prévenu.  En cas de durée, la crise, a-t-il estimé, « retarderait les réformes  envisagées dans le secteur à travers l’aménagement de la loi pétrolière et  la nouvelle vision de Sonatrach ».

Ali B / Ag