La ruse politique: Le choix du pire !

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Algerie: 05.04.2019 La 7e manifestation du vendredi a commencé tôt à Alger. le centre ville est déjà occupé par des milliers de manifestants qui scandent « Yetnhaw gaâ (il faut les dégagez tous) ». Photo: Fateh Guidoum

Le propre de l’obscur du domaine de l’absurde est de savoir profiter de l’utilité des paradoxes de la vie qu’il véhicule ou suscite. Non pas de les élever en un véritable mode de gouvernance ou une chimérique croyance !  Quant à y recourir assez souvent ou bien fréquemment dans l’optique de fausser compagnie aux autres acteurs politiques du pays, cela déroute complètement la subtile règle du jeu démocratique et transparent publiquement déclaré.

Mais pourquoi donc vraiment faire si compliqué dès lors qu’il nous est surtout permis de faire très simple ?  Et du premier coup d’essai ?! Est-ce juste afin de bien tromper l’ennemi ?  Et comment finalement bien se retrouver après, au milieu de tous ces multiples sigles, nombreux symboles, différents signes, lexiques fantastiques ou formes fantaisistes, repères de choix, de bon alois, ou même ceux annonçant le désarroi et tout un arsenal ou carrousel de formules déjà prêtes à l’emploi ? Il est donc à croire que notre société se nourrit manifestement de ses propres contradictions dans la perspective d’assurer ses tout nécessaires équilibres, jugés comme indispensables au souffle de mutation de la vie de la nation. A base essentiellement dialectique et foncièrement mathématique dans son esprit et analyse stratégique, la donne politique obéit dans son raisonnement à des impératifs de choix dont la pyramide de leur hiérarchie fait impérativement appel à une grande propension de la prospective de la grande intelligence. Le fait politique, bien agencé, solennellement prononcé, astucieusement classé, méticuleusement nuancé, est sur le terrain bien coordonné, très présent, véhiculant cette volonté de son auteur de faire prospérer la nation, grâce à l’esprit sain et aux idées novatrices de ses concepteurs et à l’engouement qu’il suscite au travers de son programme futuriste. Politiciens aguerris comme producteurs confirmés d’idées révolutionnaires, spectaculaires  ou novatrices, se serrent donc les coudes afin de peaufiner leur stratégie de défense et de promotion de leurs programmes, puisant dans le plus profond de leurs tripes et toutes dernières réserves les différentes ressources intellectuelles et managériales de poids et de très grande portée. En théorie, c’est donc ainsi que se présentent apparemment les choses. Tandis qu’en pratique, elles le sont bien autrement, souvent très différemment. En voici donc le tempo, le probable scénario et les principaux rôles à éventuellement, au besoin, diagnostiquer : Ainsi, depuis si peu de temps tout comme au lendemain des nombreux scrutins truqués et des urnes bourrées à l’envi, un nouveau jour se lève sur l’Algérie. Paré de ses beaux atours et nuages noirâtres. La voûte céleste exhibe, à la fois, ses nombreux charmes de sa magnifique clarté mais aussi ses poches de pluie en formation ou devenir. Dans les soutes de ses valises existe ce nouveau visa pour un tout nouveau mandat des nouveaux arrivants et autres éternels revenants aux commandes des affaires du pays. Il figure parmi ces legs qui feront frémir de frousse le nouveau locataire pour leur trouver un quelconque agenda à leur possible ouverture sinon un tout indiqué vertical classement. Sur les hauteurs d’Alger et dans les somptueux bureaux des grandes officines de l’état, la situation y est plutôt assez partagée entre une atmosphère très  tendue et un climat mi-figue mi-raisin qui n’annonce ni la pluie ni le mauvais temps. Parfois un calme très précaire envahit subitement l’atmosphère. Il y règne aussitôt ce climat bon enfant qui fait désormais taire les rancœurs et inspire les bonnes volontés. Plus aucun bruit de klaxon ni la moindre lumière ou éclat des fumigènes n’obstruent ce climat pesant de sérénité où l’on pense vraiment à demain sans savoir paradoxalement par où commencer ! L’heure est donc à cette sérénité piteusement retrouvée, à explorer dans les guenilles ou visages émaciés de ces passants encore ahuris par le bruit de la veille ou de l’avant-veille, et dans cet apparat bien trompeur de ce rire moqueur et très malicieux d’un  administrateur  zélé  qui exprime cette farce, enfin déclarée au grand jour, une fois la tempête passée et le ciel aussitôt jouissant de sa totale éclaircie. La fête de la plutôt toute réelle défaite, cependant jamais reconnue ou même avouée, est aussitôt transformée héroïquement en ce trompeur succès, arrogant et bien trébuchant. Il  fait déjà office de fierté artificielle en lieu et place de ce passé récent qui inquiète tout son monde plutôt que de bien le rassurer ! Au sein de ces cossus bureaux ou encore devant ces somptueuses demeures des potes du système, on se bombe le torse et se montre aussi le ventre bedonnant, pour donner libre cours à cette bedaine de la grande haine et de l’inutile rengaine qui refuse ostentatoirement l’alternance au pouvoir. Les uns se donnent encore en hypocrites accolades ou juste un coup de peigne en guise de nouvelle coiffure ;  les autres caressent du pouce et de l’index le bout de leurs moustaches pour montrer aux autres qu’ils pèsent vraiment lourd. Et tout le monde pense à demain, même si on y est en plein déjà. Une toute autre peur s’empare désormais de ces gars de la haute sphère du pouvoir, craignant tous cet autre changement  en vue, après celui peu probable d’hier, finalement bien passé et déjà à la peine dépassé et à jamais ou définitivement classé  –plutôt savamment bien contourné- avec grand succès, subtile fraude, puisque remis au calendres grecques. Tout le monde se remet désormais à de nouveau à jouir de cet autre bagne d’impunité, le temps d’un énième mandat qui assure cette légendaire continuité à un régime autoritaire et grabataire. Et puis, on verra bien les jours à venir … ! On se remet donc à de nouveau espérer : qui pour conquérir un tout autre nouveau poste, qui pour vivre dans les grâces de cet autre vaste espace, qui encore pour tout juste conforter sa colossale fortune et oublier à jamais cette grande amertume d’un peuple opprimé et très déprimé. On commence difficilement par espérer en des jours bien meilleurs ; à surtout croire, en fait,  en notre grande force de damer le pion à l’adversaire et de se faire respecter dorénavant à distance, selon les bons usages et les menues convenances de la plus haute instance du pouvoir, depuis longtemps en place. Jouissant pour l’éternité de cette impunité qui risque de se propager jusqu’à la postérité de ces gouvernants, ces derniers esquissent, à présent, ce rictus osé comme symbole visible quant au délire à peine voilé de leur joie, à l’effet d’afficher cette fausse gloire, née de ce triomphe usurpé au détriment de la volonté populaire, en détournant tout simplement la voix des électeurs algériens désemparés par la tournure des évènements et la malice des gouvernants. D’heure en heure, jour après jour, en tout petits groupes ou en aparté, mais tous emportés par cette véritable fausse euphorie dont la sémantique aura été concoctée au sein des plus sombres officines d’un pouvoir vacillant, parce que devenant trop tatillonnant, les tenants des commandes du pays, appuyés sur leur plus vaste réseau de valetaille, tentent d’user de cette sordide fourberie qui leur assure encore pérennité à l’effet de dicter au peuple leur étendue autorité. Ici on se gargarise d’avoir si ingénieusement su bien ruser, et là on se congratule d’avoir si promptement osé. Mais dans les deux cas précités, le triomphe artificiel est loin d’égaler cette réussite méritée, et la médaille miroitée en signe de gloire laisse planer ce doute que le métal dans lequel elle est sculptée n’a rien à voir avec celui considéré comme le très précieux parmi la grande famille de ces lingots de très chers métaux vendus par fagots aux plus riches industriels de la planète. Peu après toute fausse gloire, on est dès le lendemain rattrapé par ses terribles nausées, à l’image de cette très difficile cuite de la veille dont on a vraiment du mal à pouvoir échapper à ses séquelles de la matinée de journée d’après. On est donc de plain-pied déjà entré au sein de cette trouble atmosphère d’un succès qui n’existe qu’au sein de nos esprits malveillants, surveillant de loin la moindre tête éveillée de la contrée afin de lourdement lui taper dessus pour qu’elle retrouve au plus tôt le sommeil de la veille ou encore le reste du troupeau humain. Tous décidés à aller au bout de notre logique qui se moque royalement de toutes les règles drastiques et déontologiques, nous sommes enfin persuadés que nous resterons les seuls véritables voyageurs de ce train qui ne mène finalement nulle part, hormis à cette destination inconnue née de notre égarement et grande errance à vouloir trouver le bon chemin à cette sortie de crise que nous vivons tous comme une véritable fatalité. A chaque lever de soleil, c’est l’espoir qui renait de nouveau pour les uns, épris de justice et de démocratie et de mieux-vivre dans ce pays où tout est à reconstruire de nouveau ; tandis que chez ces autres, il disparait complètement déjà à l’horizon, si ce n’est qu’il n’exprime, en fait, que ce combat de la ruse et du mensonge qui continue encore et toujours sous d’autres aspects et terribles formules de l’esbroufe, de la fourberie, de la combine et des interminables entourloupettes… Et ni le gain, esquissé ou provoqué à souhait, n’a plus ce goût très prononcé du grand et mérité succès, ni même l’effort engagé afin de le provoquer, le conquérir ou éternellement le garder ne fait de son auteur ou concepteur ce héros capable de battre sur ces terrains de vérité les plus farouches de ses nombreux concurrents ou tout déclarés grands rivaux. Le recours à la tricherie est devenu si régulier qu’au fond de nous-mêmes nous cultivons à l’envi cet esprit malsain de tout douter de ces, bien ou tout à fait, réels exploits réalisés au sein de la contrée. La raison ?  Toutes nos meilleures compétences se retrouvent être mises à l’écart afin de les éloigner de cette tentative à pouvoir réellement contribuer à la réalisation de ce progrès dont a véritablement besoin la contrée. A leur place, il y a désormais la montée au créneau et en cadence de toutes ces médiocrités et nombreuses absurdités assorties de leurs cupidités qui jouent à ce jeu trouble, sordide et bien terrible de la confiscation des voix et des libertés à tout un peuple qui ne demande pourtant qu’à être mieux considéré à l’intérieur des murs de son pays, afin de lui réserver, en retour, ses meilleurs compétentes et ses plus étendues et très récentes connaissances de ce monde contemporain de la science.

Slemnia Bendaoud