Crime organisé transfrontalier: L’Algérie et l’Espagne signent un mémorandum d’entente dans le domaine judiciaire

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 L’Algérie et l’Espagne ont procédé à la signature, hier, mercredi, d’un mémorandum d’entente dans le domaine judiciaire, et ce en parachèvement du cadre conventionnel liant les deux pays dans les domaines civil, commercial et  pénal ainsi qu’en matière d’extradition des criminels.

Signé par le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Tayeb Louh et son homologue espagnole, Dolores Delgado, ce mémorandum permettra de renforcer la coopération dans le domaine de la formation de base des magistrats et des personnels du secteur de la Justice. Ce nouveau mécanisme a pour objectif l’échange des connaissances et expertises dans les domaines juridiques et judiciaire, pour défendre  les intérêts des deux pays. A ce propos M. Louh a qualifié cet accord de « pas supplémentaire dans le processus de  renforcement et d’approfondissement des relations entre l’Algérie et l’Espagne » soulignant que les deux pays « sont des alliés et partenaires stratégiques sur les plans politique et économique, et sont liés par des  relations multiformes dans divers domaines d’intérêt commun ». Le ministre a rappelé les relations établies entre l’Algérie et l’Espagne dans sa dimension humanitaire commune, ayant consacré des liens d’amitié « privilégiés ». M. Louh a mis l’accent sur l’impératif de renforcer cette coopération, au  regard des défis communs qui se posent dans la région et « d’unifier les visions  pour y faire face», « et à leur tête le crime organisé transfrontalier dont le fléau du terrorisme devenu l’une des principales menaces pour la démocratie ».  Ce mémorandum « traduit l’intérêt accordé aux ressources humaines qui sont au cœur des réformes initiées dans le secteur de la Justice en Algérie, à  travers la réunion de tous les moyens et de toutes les conditions nécessaires en vue d’assurer une meilleure formation aux  personnels » de la justice, a aussi fait savoir le ministre. Passant en revue les grandes lignes de ces réformes et leurs objectifs, M. Louh a noté que la coopération institutionnelle algéro-espagnole était le résultat de plusieurs opérations initiées dans ce sens, en dépit de  l’absence d’un cadre juridique relatif à la coopération en matière de formation. Il a saisi cette occasion pour présenter ses remerciements à l’Espagne pour la satisfaction des demandes formulées à cet effet,   rappelant que  « plusieurs magistrats avaient bénéficié de sessions de formation à Alger ou à Madrid, encadrées par des experts espagnols». Pour sa part, la ministre espagnole de la Justice s’est félicité de la  qualité des relations liant l’Algérie et l’Espagne qui pourraient être plus approfondies dans les domaines juridique et judiciaire, soulignant la volonté de l’Espagne « d’aller de l’avant dans cette coopération  bilatérale ». Elle a également déclaré avoir abordé avec M. Louh plusieurs questions  d’intérêt commun, à l’instar de la lutte antiterroriste, le crime transcontinental, l’extrémisme, la drogue, la corruption, le blanchiment d’argent et autres, insistant sur « la nécessité de réaliser un équilibre  entre les exigences de lutte contre ces fléaux et le respect des droits individuels et les droits de l’Homme».

La ministre de la Justice espagnole fait une halte pour rendre un vibrant hommage aux exilés espagnols

Lors d’une table ronde organisée, mardi, à la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Oranie (CCIO) et animée autour du thème: «le navire ‘Stanbrook’ et l’exil républicain espagnol, à Oran», la ministre de la justice espagnole Dolores Delgado avait salué le courage et les sacrifices de milliers d’exilés qui ont été persécutés par l’armée franckiste et ont fui vers Oran et d’autres villes européennes, en abandonnant tout en Espagne, alors que certains sont morts pour la démocratie et la liberté. «Nous devons nous rappeler de ces gens, en Espagne et dans tous les pays, qui ont accueilli les exilés dont la ville d’Oran a-t-elle indiqué. «On doit s’excuser auprès d’eux et se remémorer leur mémoire. Des milliers sont morts alors que d’autres attendent qu’on se rappelle d’eux. C’est en ces termes que la ministre de la Justice espagnole a tenu à marquer la commémoration de l’exil républicain espagnol, à Oran. Tout en évoquant les conditions, extrêmement difficiles, de cet exil, la représentante du gouvernement espagnol a rappelé l’aventure du dernier navire de l’exil ‘Stanbrook’ , un navire charbonnier britannique qui avait transporté, en 1939, 2.600 passagers du port d’Alicante vers Oran. Ces derniers sont restés en mer 22 heures pour enfin atterrir à bon port. Pour sa part, le directeur général de la Mémoire historique Fernando Martinez a mis l’accent sur cet exil collectif de milliers d’Espagnols républicains entre agriculteurs, ouvriers, femmes au foyer et enfants. Il souligne, également, que les réfugiés espagnols ont été internés, dès leur arrivée, dans des camps à Oran, Relizane et Djelfa, en rappelant qu’Oran était une zone de transit puisque certains voulaient partir en Amérique Latine dont le Mexique et l’Argentine. Le directeur général des Instituts ‘Cervantès’ M. Luis Garcia Montero avait pour sa part mit en exergue l’importance de cet évènement et souligné les liens historiques, culturels et économiques qui relient l’Espagne à l’Algérie et précisément à Oran. Pour rappel, la fin de la guerre civile espagnole et la défaite républicaine entraîna un important flux migratoire du Nord vers le Sud avec l’arrivée, dès février 1939, de milliers d’exilés espagnols en Algérie. Dans l’après-midi d’hier, la ministre de la Justice a déposé une gerbe de fleurs à la mémoire des exilés espagnols sur l’esplanade de Sidi M’hamed. Notons que la cérémonie a vu la présence de l’ambassadeur d’Espagne à Alger et du Consul d’Espagne à Oran et de nombreux convives.

Yasmine Derbal