La directrice du FMI, Christine Lagarde, a salué, hier, à Dubaï, les réformes budgétaires menées par plusieurs pays arabes, relevant que «des améliorations restaient possibles» dans ce domaine, en particulier pour les pays exportateurs de pétrole.
«Heureusement, de nombreux pays s’emploient déjà à renforcer leurs cadres budgétaires, souvent avec le concours du FMI», a déclaré Christine Lagarde lors du quatrième forum arabe sur les finances publiques qui se tient à Dubaï. La patronne du FMI a cité, à ce titre, l’exemple de «l’Algérie qui a récemment adopté une nouvelle loi de finances résolument axée sur le moyen terme» en référence à l’instrument de programmation budgétaire pluriannuelle, adopté par le gouvernement pour améliorer sa visibilité financière. Lors de son intervention, Lagarde a souligné la nécessité d’adopter «des politiques des finances publiques tournées vers le moyen terme» pour atteindre une croissance inclusive et durable. «Privilégier l’horizon immédiat revient à compliquer la mise en œuvre de réformes indispensables», a-t-elle soutenu, ajoutant qu’«il y a matière à améliorer les cadres budgétaires dans cette région» qui souvent, «privilégient le court terme et manquent de crédibilité». Pour les pays du Golfe, la directrice du FMI a précisé que les cellules macrobudgétaires, mises en place par l’Arabie saoudite, le Koweït, les Emirats arabes unis, et le Qatar, constituent aussi « une première étape utile pour renforcer les cadres budgétaires». L’Egypte a, de son côté, joint à sa loi de finances un état des risques budgétaires et mène une évaluation interne des risques budgétaires en cours d’exercice, alors que les Emirats arabes unis ont lancé un projet de gestion des risques budgétaires, avec l’appui du FMI, a-t-elle rappelé. Selon le FMI, les pays exportateurs de pétrole pourraient ainsi suivre l’exemple d’autres pays riches en ressources naturelles, tels que le Chili ou la Norvège, qui recourent à des règles budgétaires pour mettre leurs dépenses prioritaires en matière sociale, à l’abri de la volatilité des cours des cours de brut. La directrice du FMI pointe les volumes importants de dépenses non inscrites au budget dans plusieurs pays de la région où les fonds souverains financent directement des projets en faisant fi des procédures budgétaires normales. «Les entreprises publiques de certains pays arabes recourent lourdement à l’emprunt, en dehors du budget», relève le FMI. «Remédier à ces risques pour les finances publiques améliorerait non seulement la crédibilité et la transparence budgétaires, mais contribuerait en outre à freiner la corruption», a-t-elle indiqué. Evoquant les perspectives des pays pétroliers de la région, Lagarde a soutenu qu’elles demeuraient» particulièrement précaires, notamment en raison de la nécessité pour ces pays de passer rapidement aux énergies renouvelables au cours des décennies à venir». Du fait de la diminution des recettes, les déficits budgétaires des pays arabes ne se résorbent que lentement, malgré des réformes ambitieuses en matière de dépenses et de recettes. Cette situation s’est traduite par une forte hausse de la dette publique, qui est passée de 13 % du PIB en 2013, à 33 % en 2018.